L'ancien chief investment officer for sustainable investing de Black Rock, Tariq Fancy, se lâche depuis quelques semaines contre son ancien employeur et ses pratiques de greenwashing dont il était jusque là un fervent promoteur. Dans le détail, il critique certains écrans de fumée développés par la finance pour se donner bonne conscience et s'imaginer un rôle positif vers une forme de durabilité du capitalisme financiarisé.
"We’re running out of time: we can no longer afford to answer inconvenient truths with convenient fantasies."
Ces fantaisies ce sont d'abord les stratégies ESG (Environnement, Social et Gouvernance) des entreprises, une série de critères éthiques devant guider le bon investissement et favoriser l'éclosion d'une finance vertueuse... Mister Fancy va jusqu'à considérer que cette fable est davantage un problème qu'un début de solution face au réchauffement climatique, simplement parce que ça n'a fait que produire un nouveau marché, une sustainable investing industry dans laquelle s'engouffrent des milliards et toute la bonne conscience bourgeoise du monde alors qu'il ne s'agit que d'un "dangerous placebo". Les mots de Tariq pas les miens.
L'autre écran de fumée c'est le stakeholderism, soit l'idée de plus en plus populaire que les dirigeants d'entreprise devraient donner du poids aux intérêts des non-actionnaires mais concernés. C'est littéralement comme ça que le capital voit les populations environnantes, comme étrangères à lui, mais (malheureusement) concernées par ses agissements. L'idées de donner un poids au monde extérieur se popularise mais les financiers sont encore loin de nous donner le droit de vote dans les assemblées générales des actionnaires.
En attendant, cette pratique permet à la finance d'inventer une autre fable, celle dans laquelle elle va prendre en charge les relations de bon voisinage avec l'humanité sans avoir besoin de nouvelles législations et d'actions particulièrement radicales en provenance des institutions.
“The illusory promise of stakeholderism should not be allowed to advance a managerialist agenda and to obscure the critical need for external interventions to protect stakeholders via legislation, regulation, and policy design. Stakeholderism should be rejected, including and especially by those who take stakeholder interests seriously."
La réalité c'est évidement que le biais structurel du secteur privé qui le lie aux profits et aux retours à court terme le rend incapable de produire les solutions systémiques nécessaires. Tariq Fancy considéré désormais que de la même manière qu'il a mené à la crise financière de 2008, le court-termisme de la finance est un des moteurs qui nous propulse à très grande vitesse vers la plus grande crise financière de tous les temps : le changement climatique.
Vous pouvez trouver l'essai dans lequel il s'explique ici :
Ou une interview plus courte ici :