Le bruit court en ville que les gens de ce pays se seraient rencontrés et qu’ils s’entendraient à merveille.
Quelque chose les a poussé à occuper les ronds-points, à parler, à s’unir et aujourd’hui à se faire entendre dans toute la France. C’est une idée qu’ils ont désormais à l’esprit et en commun, entre eux et avec ceux qui les ont précédé. Ils pensent que l’inégalité et l’injustice sont des raisons de se soulever.
Ca n’a rien de nouveau mais il aura fallu attendre que chacun ait terminé de se faire frontalement humilier par l'orgueil d'un pouvoir en roue libre pour que ce sentiment intense ou ténu soit enfin perçu par tous pour ce qu’il est : la réalité de l’inégalité dans ce pays et le fanatisme économique de ceux à qui elle bénéficie.
« Seulement en France on fout le bordel pour ça, on est capable d’aller au bout et on a de l’imagination. »
Le voilà le substrat du récit national tel que machinalement transmis par l’école de la République pendant des siècles à des enfants toujours plus nombreux et d’horizons variés. Une promesse de résistance, en l’honneur de ceux qui ont résisté avant nous face au népotisme d’une caste.
Et si c’est peut-être tout ce qu’il reste à opposer face à l’évidence que le pouvoir nous a grugé depuis trop longtemps, c’est déjà assez pour commencer à refaire de la politique.