10/01/2011

Washington veut mettre la main sur des comptes Twitter liés à WikiLeaks

WikiLeaks a annoncé, samedi 8 janvier, que la compagnie Twitter avait reçu une injonction légale des autorités américaines lui demandant de livrer des informations sur le compte de Julian Assange et de trois autres personnes. Dans un communiqué, WikiLeaks explique que des responsables du département d'Etat américain réclament "les messages privés, les contacts, les adresses IP et des détails personnels sur le compte de Julian Assange et de trois autres personnes" liées à WikiLeaks.
Outre Assange, il s'agit de Birgitta Jonsdottir, une députée islandaise qui a travaillé avec WikiLeaks, Bradley Manning, le soldat américain soupçonné d'avoir volé des documents officiels, et du hacker néerlandais Rop Gonggrijp. Le compte de WikiLeaks lui-même est également visé. L'injonction a été récupérée et mise en ligne par le site Salon.com (cf: : annexe).

"L'existence d'une enquête secrète pour espionnage menée par un grand jury américain est confirmée aujourd'hui pour la première fois", a affirmé WikiLeaks. La formation d'un grand jury est strictement confidentielle aux Etats-Unis. Si l'information est vraie, cela signifie qu'une inculpation pourrait être imminente. Le New York Times rapportait, fin décembre, que le département de la justice des Etats-Unis travaillerait à une inculpation pour "conspiration" contre Julian Assange.

"Si le gouvernement iranien tentait d'obtenir des informations de cette manière auprès des journalistes ou des militants étrangers, des ONG dans le monde entier réagiraient", s'étonne ensuite WikiLeaks. Ils estiment en outre avoir "des raisons de croire que Facebook et Google, entre autres, ont reçu des injonctions similaires de la justice" américaine. Aucune de ces deux compagnies n'a pour l'instant commenté cette information. Twitter n'a pas non plus souhaité réagir, soulignant que sa politique consistait à informer ses utilisateurs, dans la mesure du possible, lors que les autorités veulent avoir accès à des informations personnelles.

Birgitta Jonsdottir, députée au Parlement islandais, a réagi à cette action judiciaire sur son compte Twitter. "Le gouvernement américain veut connaître tous mes Twitt et davantage, depuis le 1er novembre 2009. Ont-ils conscience que je suis membre du Parlement islandais ?", s'est-t-elle étonnée. Jonsdottir a joué un rôle dans la diffusion d'une vidéo par WikiLeaks montrant l'armée américaine tirant sur des journalistes en Irak. "Ce n'est pas juste pour de l'information. C'est une mise en garde pour tous ceux qui ont été liés à WikiLeaks, a-t-elle regretté dans le quotidien britannique The Guardian. C'est inacceptable que la justice américaine joue les gros bras de cette façon".

ANNEXE : INJONCTION 

Publié le 8 janvier 2011 sur LeMonde.fr
(Photo : Matt Dunham / AP)

 
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