En Asie mineure, la France compte un allié majeur : le Turkménistan. Sarko le courtise pour son gaz. « Bouygues brother » est le frère bâtisseur du régime, confirmé dans un récent câble diplomatique par WikiLeaks. Et, étrange hasard, la courtoise Revue parlementaire, dans son numéro de novembre, fait la cour à la dictature de l’ex-URSS sur trois pleines pages. Pour un mensuel situé rue de Bellechasse, c’est cocasse !
Reste qu’à l’Assemblée la lecture du magazine a provoqué des remous. Le député socialiste Gaëtan Gorce s’en est ému auprès de ses confrères, rappelant, dans un courrier, que l’« article met en valeur la politique menée par le gouvernement du Turkménistan, au mépris absolu de la réalité ». Dans ce fameux article, on se délecte d’apprendre que « la vie politique intérieure de l’État est devenue plus animée » et « a permis l’émergence de partis politiques et la fondation de mass media privés ». Ou encore que des « palais d’habitation sont accessibles à chaque employé d’un établissement public ». Et qu’ainsi le Turkménistan « a fait une avancée impressionnante dans presque tous les domaines, que ce soit l’agriculture, l’industrie, le secteur de la sécurité sociale de la population ».
Publireportage
De la pub déguisée ? À la commission des Affaires étrangères, des députés suspectent l’intrusion de l’ambassade du Turkménistan dans les colonnes du journal. Pour une somme rondelette aux alentours de 30 000 euros. Quant au directeur de la publication, Romain Chetaille, militant et ex-candidat villiériste reconverti dans le journalisme, il concède benoîtement : « Une société extérieure a fait appel à nous. »
En avril dernier, l’Assemblée avait refusé l’inscription à l’ordre du jour d’un partenariat entre l’Union européenne et le Turkménistan. Considérant, dans un rapport, que cet État est « l’une des dictatures les plus dures de la planète, [et qu’il est] fréquemment comparé au régime nord-coréen et à la junte birmane ». Même le député communiste Jean-Paul Lecoq y était allé de son petit mot outragé : « Toutes les dictatures tirent argument de la conclusion d’accords internationaux pour se maintenir en place au détriment de leur population, y compris l’URSS en son temps. » La Pravda, c’était mieux avant.
Publié le 11 janvier par Louis Cabanes sur Bakchich