Blanchi par la Cour de cassation, le journaliste Denis Robert a fêté sa victoire avant de prendre le train, où trois personnes, dont le contrôleur, ont voulu lui « payer des coups ». La chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream a pris acte de la décision en réaffirmant avoir « respecté les règles ».
Attrapé gare de l'Est où il arrivait avant de reprendre un autre train à Montparnasse, le journaliste est évidemment soulagé de la fin de cette décennie de combat judiciaire.
Deux livres et un film étaient poursuivis. Ils décryptent le fonctionnement de cette chambre de compensation luxembourgeoise, qui facilite les transactions entre multinationales, banques, fonds souverains et, à l'époque où le journaliste a enquêté, structures parfois liées au crime organisé ou au terrorisme.
Denis Robert a gagné, puisque la plus haute juridiction française a reconnu qu'il n'avait pas diffamé Clearstream. Désormais, tout est à nouveau possible, dit-il.
Retravailler sur Clearstream ? « J'ai donné, ça va. »
Comme travailler à nouveau sur Clearstream ?
« Non. Enfin j'en sais rien, on peut jamais dire jamais… Mais j'ai donné, ça va. Il serait temps que d'autres prennent des relais. »
En tous cas, les deux livres et le DVD du film vont être réédités. Et Denis Robert devrait obtenir réparation devant la cour d'appel de Lyon, puisque la Cour de cassation a renvoyé la question d'une éventuelle indemnisation vers cette juridiction. (Voir la vidéo)
Contactés par Rue89, les deux avocats parisiens de Clearstream, Mes Richard Malka (qui a plaidé en première instance et en appel) et Anne Sevaux (qui a porté les trois dossiers en Cassation) n'avaient « pas de réaction ».
Clearstream : « Nous prenons note »
Idem pour le porte-parole de Clearstream à Luxembourg. Mais le directeur de la communication de Deutsche Börse, le groupe allemand qui a racheté Clearstream après les révélations de Denis Robert, a transmis cette réaction à une consœur du journal luxembourgeois Le Quotidien :
« We have noticed the decision of the French Supreme Court. Our assessment is that the provisions were correctly applied. We will wait for the decision for the Court of Appeal of Lyon. »
Ce qu'on peut traduire ainsi :
« Nous prenons note de la décision de la juridiction suprême française. Notre réaction est que nous avons correctement respecté les règles. Nous attendons la décision de la cour d'appel de Lyon. »
Maintenant que cette décennie judiciaire est terminée, Denis Robert évoque à plusieurs reprises ses « détracteurs ». Va-t-il leur demander réparation ?
« Tout ça c'est pas très important. J'ai tendance à “amnésier” les mauvais souvenirs. »
Une vidéo inédite du « détracteur » Philippe Val
Dans sa réaction recueillie par Rue89, il nomme deux de ses « détracteurs », Edwy Plenel (à l'époque directeur de la rédaction du Monde) et Philippe Val (qui dirigeait Charlie Hebdo).
A l'annonce de sa victoire en Cassation, une personne ayant toujours soutenu Denis Robert a posté sur YouTube une vidéo qu'elle avait filmée le 3 mai 2009. On y voit le mépris qu'éprouve Philippe Val contre le journaliste. (Voir la vidéo)
Photo : Denis Robert (Audrey Cerdan/Rue89)
Publié le 8 février 2011 par Augustin Scalbert sur Rue89
http://www.rue89.com/2011/02/08/denis-robert-bat-clearstream-la-fin-dune-vraie-censure-189458?page=0#commentaires