09/08/2019

VIDEO : An atheist's God: the paradox of Spinoza


Dans cet entretien (en anglais déso) il est question du "dieu" de Spinoza. De prime abord ça peut paraitre étrange simplement parce que Baruch de son prénom, l'un des plus grands philosophes de son temps, a été viré de la synagogue d'Amsterdam en 1656 à cause de ses opinions religieuses très éloignées de l'orthodoxie. Depuis lors, il est d'ailleurs considéré comme Le grand "athéiste" de la tradition occidentale. Pourtant, il mentionne "dieu" à de très nombreuses reprises dans son oeuvre. Cet entretien tente donc de résoudre le paradoxe entre ce que beaucoup perçoive comme son athéisme et ses très nombreuses référence au divin.

Pour ceux qui suivent : #ZizekSurLeChristianisme et #Panpsychisme  

Source : https://www.abc.net.au/radionational/programs/philosopherszone/an-atheists-god-the-paradox-of-spinoza/3655032 Vous y trouverez également un transcript de l'entretien si vous préférez lire l'anglais plutôt que de l'écouter ;)

08/08/2019

"Réveillez-vous!" VS "Mais ferme ta gueule"

En fait je lutte depuis pas mal de temps contre les conspis en-ligne. Parce que moi-même, étant jeune, j'ai fait un bref détour par quelques "théories du complots" (entré pour le 11 septembre sorti pour le communisme), j'ai pas mal creusé le sujet et j'ai une bonne vision des différentes théories. Depuis que je suis sur les RS Gilets Jaunes, j'en croise pas mal. Au début je trouvais que ça allait par rapport aux réseaux des droites mais avec le temps certains groupes ont été colonisés par les conspis à coup de "Réveillez-vous!". Je suis récemment tombé sur un nid avec quelques gourous. Des complotistes de la pire espèce. Clairement pour moi c'est un ennemi à ne pas sous-estimer, qui mérite une lutte quotidienne parce qu'il a un pouvoir de nuisance beaucoup trop grand pour qu'on le laisse pisser. Du coup j'ai écris un court texte qui devrait sortir à la rentré et qui pourra peut-être circuler parmi les GJ. Il vise les points faibles des conspis de tout poil et la parfaite incompatibilité entre eux et un mouvement social. Le texte tient la route, mais franchement, je regrette de ne pas avoir vu la vidéo en dessous avant de l'écrire.

C'est la meilleure vidéo sur ces enfoirés de complotistes que j'ai vue sur le french youtube. Un démontage point par point hyper clair, qui n'oublie pas les liens avec les droites, et qui se termine par un rap! Olala, cette vidéo c'est un rêve! Regardez plutôt!


07/08/2019

DOCU : Documenting Hate: New American Nazis

Maintenant qu'on connait la pénétration des idées de Renaud Camus dans l'Alt-right internationale, allons plus loin. Il faut absolument voir ce documentaire sur le groupuscule néonazi américain Atomwaffen. 


Ce groupe a notamment pour stratégie de faire entrer certains de ses membres dans les forces armées américaines pour qu'ils y acquièrent matériel et entrainement. Considérant ce que l'on sait des votes, des méthodes, et des imageries utilisés par certains membres des FDO en France, je pense qu'on doit commencer à s'interroger de manière un peu plus concrète sur les évolutions de l'extrême droite en France.

Si la victoire de Trump galvanise les fascistes outre-atlantique, interrogeons nous sur ce que la défaite perpétuelle du FN/RN, défaite inéluctable dans un système électoral à deux tours, provoque chez la partisans les plus acharnés des idéologies raciste et réactionnaires chez nous.

Le vieux monde se meurt et le nouveau tarde à advenir. Vous connaissez la suite.




DOCU : Documenting Hate: New American Nazis ~ b-brr

06/08/2019

DOCU : Il suffira d'un gilet

Voici un excellent documentaire sur les Gilets Jaunes. Tourné entre décembre 2018 et avril 2019 un peu partout en France mais surtout en Bretagne, c'est un hommage magnifique à ce mouvement et à toutes celles et ceux qui s'y sont investis corps et âme pour enfin refaire de la politique dans ce pays. C'est aussi probablement un document historique tant les témoignages présents sont importants, et un magnifique exemple de la parole des Gilets que les médias dominants se sont empressé de confisquer dès les premiers Actes un peu plus chauds. 

Bonne vision! 

17/07/2019

VIDEO : Select player : Hegel vs. Marx

Voilà en vidéo mais en anglais le meilleur résumé que j'ai pu trouvé de la relation qui unit les pensées de Hegel et Marx. Développement, contradiction, évolution, de l'idéalisme au matérialisme. Les deux sont indispensables mais avec le temps il me semble qu'on échappe pas à choisir son perso, celui avec lequel on joue le mieux, celui dont on préfère les pouvoirs ou les coups spéciaux, même si certains sont forcément redondants.
Vu le type de jeu que j'ai développé au cours des 15 dernières années, plus de doute, c'est avec Hegel et l'idéalisme que je joue m'amuse le plus et que je suis le plus efficace :D   

16/07/2019

VIDEO : Christianité politique (Zizek)

J'utilise christianité pour souligner la différence qui existe entre ce dont il est question dans l'extrait vidéo ci-dessous et le christianisme ou la chrétienté. On ne parle pas cul bénit ici, on ne pas parle dogme ou religion, on parle métaphysique et universalisme. On parle esprit et communauté, on parle communisme ou plutôt proto-communisme. Si vous êtes dogmatique, de quelque manière que ce soit, dégagez.



Vous pouvez aller plus loin en regardant un autre extrait ici

15/07/2019

TXT : Lordon sur l'extrême centre

Il faut absolument lire le dernier billet de blog de Frédéric Lordon qui est ici. Mais comme je sais que vous ne le ferez pas, je me permets d'en copier / coller un long extrait, le plus éloquent d'après moi, pour décrire la situation présente de l'extrême centre en macronie.  

"Die Welt, qui n’est pas exactement une feuille de squatteurs berlinois, titre sur la police française : « La plus brutale d’Europe ». Le moment ne devrait pas tarder où l’on lira — mais dans la presse étrangère seulement — des mises en comparaison de la pratique gouvernementale-policière française et de celle d’Erdoğan. C’est qu’à l’aveugle (sans la reconnaissance des lieux, des tenues, etc., qui identifient), on peine déjà à dire quelles images viennent d’où. Pourtant, d’ici que l’éditocratie française en vienne à lâcher sa scie du « libéralisme » de Macron et de l’« illibéralisme » de Salvini-Orbán-Erdoğan, son théâtre de Guignol préféré, son objet transitionnel, sa certitude du bon dodo, il va en falloir de l’œil crevé et de la main arrachée.

Pendant ce temps, le niveau des eaux boueuses du macronisme n’en finit pas de monter. Une mer de boue en fait, car le délire policier ne trouve ses autorisations que dans un climat d’ensemble — le macronisme, précisément. « Macronisme » est la dénomination française de ce que Tariq Ali, puis Alain Deneault, ont appelé « l’extrême centre ». Il y a quelque chose de très profond dans cette appellation, et pas seulement un effet d’oxymore, quelque chose de très profond qui dit le lieu véritable de la radicalisation dans les sociétés néolibérales. Ça n’est nullement un hasard que ce soit depuis le cœur de ces sociétés, le cœur des dominants, que soit diffusée cette catégorie de « radicalisation », comme de juste sur le mode projectif-inversé : pour en réserver l’application à tout ce qui n’est pas eux quand les véritables radicalisés, ce sont eux.

Les indices les plus accablants ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Certes nous savons que nous sommes sous la coupe d’un pouvoir de sociopathes, qui mutile sans un mouvement de conscience, et dont il n’est pas extravagant, au point où nous en sommes, d’imaginer qu’il pourrait faire tirer sur la foule si sa protection l’exigeait. Mais les mouvements collectifs de pensée et de discours de la base des convaincus dont ce gouvernement se fait une ceinture protectrice, quoique moins directement, physiquement, destructeurs, ne sont pas moins inquiétants pour autant. Le malheureux chef des Décodeurs du Monde qui devait sans doute communier dans la représentation centrale de son journal, où la violence est réservée aux extrêmes « usuels » — l’extrême droite et « l’extrême gauche », avec l’avantage indéniable de pouvoir mettre un signe « égal » entre le RN et la France Insoumise — et qui pensait probablement, sur cette base que le macronisme avait l’évidence démocratique du barrage, a découvert à ses dépens la vérité de l’extrême centre, des armées de trolls macroniens, parfois automatisées, parfois décentralisées, d’une morgue, d’une arrogance de classe et d’une violence verbale inouïes — au point de lui faire jeter l’éponge et se retirer des réseaux sociaux. Paradoxe qui, en raccourci, dit tout de l’époque : c’est la macronie qui aura eu la peau de Samuel Laurent !

On aurait tort de croire le phénomène strictement français : il a la même généralité que le néolibéralisme international. En mai 2018, une tribune publiée par un chercheur en sciences politiques dans un New York Times sans doute passablement déboussolé avait fait découvrir que, dans un assez large spectre de pays, les électeurs du centre étaient les plus sceptiques en les valeurs de la démocratie, et les plus enclins, s’il le fallait, à en congédier les institutions caractéristiques, notamment les élections et la presse libres, et à soutenir des régimes autoritaires, et ceci dans des proportions plus importantes que même l’extrême droite et l’extrême gauche ! Le macronisme est la parfaite émanation de cette inclination violemment antidémocratique des « démocrates », ce « centre » que la presse célèbre depuis des décennies, dont elle a épousé toutes les positions, et dont on se demande jusqu’où il faudra aller pour obtenir d’elle le premier décollement." 

Lisez la suite ici : https://blog.mondediplo.net/ou-est-steve-et-ou-va-la-police

04/07/2019

Un thread sur Orwell


Ce très bon thread a été diffusé le 29 juin dernier sur le compte twitter de l'excellente revue Ballast. Je ne demande pas l'autorisation de copier ici mais je fais de la pub ;) J'en dis pas plus, lisez plutôt :


Pendant qu’il est en Espagne pour combattre le nationalisme au sein d’une organisation marxiste, un livre d’Orwell sort, en mars 1937, avec une sorte de programme pour affronter « la mainmise fasciste sur l’Europe » : la « ligue des opprimés ». Voilà en gros à quoi ça ressemblait :

Ce qu’il reproche aux socialistes et aux communistes ? Le « jargon technique », le « credo urbain », les « chicaneries doctrinales », le culte des machines et de la « nécessité historique », la focalisation sur le seul « fait économique ». De se couper de « l'homme de la rue ».

Il appelle donc à un « front populaire » où le socialisme serait résumé en deux mots : « justice et liberté ». Ce front, ou cette ligue, se revendiquerait de la « cause commune » : aucun problème à marcher avec des gens qu’on n’apprécie pas si « l’essentiel est préservé ».

L’essentiel, c'est quoi ? Orwell met trois points en avant : unité avec ceux qui redoutent leur patron, ont du mal à payer leurs factures et refusent toutes les tyrannies.

Quid des divergences ? Il « sera toujours temps d’en discuter après », pense-t-il. « Nous sommes arrivés à un moment où il est désespérément nécessaire que tous ceux qui se réclament de la gauche fassent abstraction de leurs différences et décident de serrer les rangs. »

Il indique une « ligne » à formuler explicitement : celle qui sépare les exploiteurs et les exploités. Dans les seconds, il compte la classe ouvrière traditionnelle et la classe moyenne (car les deux subissent « le même système »).

Il liste ainsi : employé de bureau, ingénieur, voyageur de commerce, petit-bourgeois, épicier, fonctionnaire subalterne, terrassier, manœuvre d’usine, dactylo, mineur de fond, maître d’école et mécano.

Par-delà la sensibilité de chacun, Orwell précise, face au cauchemar qui vient (on est deux ans avant la guerre), que « la seule attitude possible pour un honnête homme, [...] c’est d’œuvrer pour l’avènement du socialisme ».

4 ans après ce livre (« Le Quai de Wigan »), il publie en pleine guerre « Le lion et la licorne » et se montre plus précis, avec un appel à la « révolution » bâti sur un « programme en six points ».

1) nationaliser toutes les terres, les mines, les chemins de fer, les banques et les principales industries
2) instaurer une échelle des revenus de 1 à 10
3) réformer l'éducation sur des bases démocratiques 4 ans après ce livre (« Le Quai de Wigan »), il publie en pleine guerre « Le lion et la licorne » et se montre plus précis, avec un appel à la « révolution » bâti sur un « programme en six points »
4) donner immédiatement le statut de dominion à l'Inde puis la laisser entièrement libre de prendre son indépendance la guerre achevée
5) créer un Conseil général de l'empire avec représentation des « gens de couleur »
6) s'allier avec la Chine, l’Éthiopie et tous les pays frappés par les fascistes

(Addendum : Orwell a rallié le POUM marxiste mais précise, dans un autre livre, « Hommage à la Catalogne » : « Si je n’avais tenu compte que de mes préférences personnelles, j’eusse choisi de rejoindre les anarchistes. » Mais que les anarchistes ne crient pas victoire trop vite car Orwell critique, encore ailleurs, l'anarchisme comme une foi qui, en refusant le pouvoir et les saletés propres à la politique, renforce le goût du pouvoir par prétention à détenir la vérité.)

06/06/2019

VIDEO : Carnaval Gnostique - Spirituel & Révolution (P.Thiellement)


Magnifique Pacôme Thiellement dans un entretien kilométrique où il livre nombre de ses visions et intuitions. Si vous êtes hermétique, dogmatique, certain d'être complet et de détenir la vérité, dégagez. Si au contraire vous pensez que la réalité est suffisamment complexe pour que sa compréhension soit nécessairement éclatée dans le temps et l'espace et que différents registres d'interprétations doivent s'affronter et se mêler pour commencer à dessiner les contours de la vérité, restez ! 

Voilà le programme :
(La première partie est plus portée sur la genèse de sa pensée, ses nourritures culturelles et son interprétation d'une certaines production culturelle.)

1:14:42
Spiritualité et révolution / Culture moderne et croyances anciennes.
1:24:03
Télé et spiritualité, en négatif et sur le rôle des séries dans la transmission d'autres clés de lecture du monde.
1:29:40
Sur Twin Peaks saison 3 et ce qu'elle dit sur le présent et les inégalités.
Inégalité et spiritualité.
1:32:50
L'art comme une cartographie pour nous guider vers le salut.
Pour transmettre des clés. Ex: changer d'échelle de vision/compréhension
1:36:44
Attention ça part en couille, on parle circuit/fonctionnement du temps et labyrinthe de l'âme. La bonne nouvelle c'est ça finit par faire sens autour de 1:39:00
1:42:15
Sur la période dure mais passionnante, quelques pronostiques :
Considérer tous les chefs comme illégitime; refus et abolition du pouvoir; le chaos inéluctable dû à l'urgence en parallèle à une prise de conscience de ce à coté de quoi l'humanité est en train de passer.
Inéluctable émergence des apprentis sorciers, en bien comme en mal. Réémergence de l'rationnel.
Durcissement du pouvoir à mesure que son illégitimité est mise à nue. La question : Dans quelle mesure on peut arriver à une conscience collective assez rapide des enjeux spirituel alors qu'il reste si peu de temps pour les humain?
1:49:48
Puissance des manuscrits gnostiques de Nag Hammadi. (Vidéo en dessous si vous voulez en savoir plus sur la gnose.)



 "C'est au milieu de ce moment de guerre et de terreur que cette anamnèse à un niveau collectif peut avoir lieu. Donc A la fois guerre totale et anamnèse collective."


08/04/2019

Playlist #WEEK15/19 - 'Lukid'


Je retombe sur Lukid de temps à autre, le plus souvent quand je me trouve entre deux moments. "Please stand by." C'est une sorte de musique de chargement, avec des boucles plutôt courtes et parfois syncopées traversant des ambiances feutrées (A Smart Girl), assez chaleureuses (The Now) mais aussi mélancoliques (Laughin'). Ca sonne aussi comme les premiers pas de la lo-fi house (Spiller). Et puis il y a les deux derniers morceaux de cette playlist. C'est par là que j'ai découvert ce producer Londonien (Ninja Tune, Werkdiscs, Glum,).

C'était il y a huit ans, sur youtube déjà, et il y a une histoire. Hair Of The Dog et Chord ont bénéficié de petit montages vidéo à l'arrache, exaltant la résolution 320p / 4:3, et faisant office de clips. Le premier est un simple extrait d'un moyen métrage, Elephant (1989) réalisé par Alan Clarke et produit par Danny Boyle. C'est la mise en scène minimaliste, en plans séquences, de 18 assassinats ayant réellement eu lieu en Ireland du Nord. Vous pouvez en savoir plus ici ou le regarder . Ca vaut le coup d'oeil, ne serait-ce que pour la magie du steady cam. 

Pour Chord, on rentre dans une sous-culture de youtube qui lie le sample et le montage musical à une version vidéo. On est entre 2009 et 2011, ça glitch, ça saccade, c'est de l'art, ou une mine d'art pour être précis. Si vous voulez creuser c'est par ici, sur la chaine de Lukid lkbl, sur theuglymugly, sur jihacid et beaucoup d'autres. Mais j'ai sélectionné pour vous : Les débuts du vapor wave ILes débuts du vapor wave IILo-Fi HouseLa vidéo la plus relaxante que vous verrez cette semaineSupreme Cunnilingus (Actress)

Musique !

1. Lukid - Light Up (Onandon)
2. Lukid - The Now (Onandon)
3. Lukid - Wake Up (Onandon)
4. Lukid - Wonder Years (Onandon)
5. Lukid - A Smart Girl (Onandon)
6. Lukid - Laughin' (Foma)
7. Lukid - Spiller (Chord)
8.. Lukid - Laroche (Alone At The Top)
9. Lukid - Blind Spot (Boxing Club)
10. Lukid - Hair Of The Dog (Chord)
11. Lukid - Chord (Chord)

07/04/2019

La cosmocratie, nouvelle classe planétaire (Diplo-08/1997)


J'ai toujours un sentiment étrange quand je lis des "archives" et réalise que d'une certaine manière On sait très bien ce qui est en train de se produire. Les modalités de la chute sont loin d'être impénétrables. Le Monde Diplomatique vient de partager un article du genre daté du mois d'aout 1997. Il est signé Denis Duclos, Sociologue, directeur d’études au CNRS. Je me permets d'en copier coller l'introduction ici pour vous donner envie de lire la suite. 












Il se pourrait que l’image la plus précise de notre « modernité » nous renvoie à la chute de l’Empire romain. D’un côté, des armées de prolétaires désespérés, harcelés par des régiments de policiers. De l’autre, des fortunes géantes, dont les détenteurs se protégeaient dans des villas barricadées. Déjà, ces deux mondes-là ne se croisaient plus…
« Les empereurs du IVe siècle ne se demandèrent jamais à quoi servait de sauver l’Empire romain si c’était pour en faire une vaste prison pour des millions et des millions d’hommes (1). »
Comme si maîtriser autrui guérissait nos frustrations, aucun régime n’est indemne du goût d’opprimer, surtout quand rien ne s’y oppose plus. En cela, le libéralisme est-il loin des pouvoirs disparus qui tentèrent de saisir l’humanité dans leurs rêves ? Si rien n’est tenté pour amener un régime universel à composition, il se changera en tyrannie. Si rien n’est fait pour l’obliger à la civilité, il deviendra une machine à broyer, comme cela s’est toujours produit.

Une métamorphose du libéralisme en autoritarisme s’annonce depuis 1989. Un dispositif de contrainte et de hiérarchisation s’esquisse, analogue à celui d’anciens empires. Nous entrons dans un règne qui vise, comme jadis, à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des puissants, l’abaissement des citoyens libres et l’écrasement des indigents.

Lorsque le pouvoir semble acquis, trois tendances apparaissent : d’abord, les élites n’hésitent plus à peser sur ceux qui assurent leur richesse. Elles marquent la distance, et se retirent loin de leurs contemporains livrés à l’oppression. Enfin, elles sacrifient l’accumulation à la magie spéculative — qui, croient-elles, livrerait l’accès au paradis des valeurs virtuelles. Ainsi, au nom de la raison, réorientent-elles le grand bateau des sociétés vers le triple écueil de la souffrance, du narcissisme et de la folie.

Ces trois traits, déjà caractéristiques de l’Antiquité tardive, nous en trouvons aujourd’hui d’étranges résonances (2).

Lire la suite

(1) M. R., p. 393. (Les citations en exergue sont tirées des œuvres de deux grands historiens de l’Antiquité tardive : Michel Ivanovic Rostovtzeff, Histoire économique de l’Empire romain, Laffont, Paris, 1988 [indiqué M. R.], et Peter Brown, La Tiare et la Mitre, le monde de l’Antiquité tardive, Thames amp ; Hudson, Paris, 1995 [noté P. B.].)


(2) L'auteur remercie Hélène Y. Meynaud pour les conversations informées qui ont préparé cet article.

30/03/2019

Théorie & Gilets Jaunes : Un échange




Voici un extrait d'un échange trouvé sur le site Des Nouvelles Du Front, une des bases arrières de la Communisation. C'est daté de janvier 2019 et ce sont des réponses à un article diffusé sur Paris Luttes Info intitulé Crise qui vient, souffle et gilets jaunes : où va-t-on ? On a ici d'un coté un tenant de la théorie, à la dure, réclamant un peu d'orthodoxie quand même, que diable?! chiant un peu sur les insurrectionnalistes au passage. Et de l'autre, quelqu'un d'un peu plus ouvert sur le fait que les Gilets Jaunes n'ont pas encore révélé tous leurs visages ou tous leurs potentiels. 

C'est toujours bien de se souvenir que certains pensent et échangent à des très bon niveaux de théorie. Je les considère comme des amis. Mais c'est finalement toujours dans une sorte de construction par opposition à eux que ma position, au sortir ce ces petites incursion chez les théoriciens, sort un peu plus clairement définie, comme en miroir. Je suis avec eux mais je ne suis pas des leurs. Je crois que c'est parce qu'ils sont matérialistes et pas moi. 

(Source)

#1 

Il y a une petite musique de fond qui est en train d’envahir la réflexion théorique ou politique autour de ce mouvement des gilets jaunes et ce texte l’illustre bien, à la suite de Robin, mais on peut l’entendre a plein d’occasions dans « lundi matin » et dans toutes les productions qu’on pourraient appeler « jaunistes » : la pensée marxienne, les références aux producteurs de marchandises, à la classe ouvrière, les gens qui ne se précipiteraient pas dans la rue en ce moment seraient devenue une espèce d’arrière-garde ronchonne, dépassée par les événements, qui ressasse son catéchisme communiste, les anciens quoi, ceux qui pensaient que la révolution à venir ne pourrait se passer du monde de la production… Des tontons maussades, has been, sidérés, assis sur leurs grimoires, devant la montée de ce qui serait devenu une irruption inattendue, spontanée, joyeuse, inventive d’un nouveau sujet ou plutôt, d’une nouvelle socialité révolutionnaire.
Je crois qu’il ne faut pas inverser la charge de la preuve. C’est comme pour l’existence de Dieu : ça n’est pas à ceux qui savent que Dieu n’existe pas de faire la preuve de sa non existence.
C’est aux jaunistes de nous expliquer comment, du plaisir de la socialité dans la lutte, du bonheur énorme de la solidarité contre l’Etat, contre les flics on passe à des acquis qui vont permettre d’abolir la propriété privée, à l’emparement, à la communisation…. C’est un peu facile d’envoyer paitre les pisse vinaigres de « l’ancienne théorie » quand on voit à quel point ce mouvement est en fait la somme complètement disparate de (presque) toutes les colères qui trainent dans ce pays. Et des colères, il y en a, et pas toutes très modernes…..
La décantation se fait doucement, envahie de pleins de bonnes volonté activistes qui essayent de souffler sur les braises de la grève générale dont il n’a encore jamais été question, tout ce beau monde s’excitant du Riot Porn que nous offre Paris chaque samedi et qui fait l’affaire de TOUT LE MONDE…. On verra bien….
Bref, continuons à jouir du spectacle, mais en gardant la tête froide…..


#2

Salut

“C’est aux jaunistes de nous expliquer comment, du plaisir de la socialité dans la lutte, du bonheur énorme de la solidarité contre l’Etat, contre les flics on passe à des acquis qui vont permettre d’abolir la propriété privée, à l’emparement, à la communisation…”

Nous avons affaire tout simplement à un mouvement de classe, à la lutte de classe. Est-ce que nous avons demandé en 1995, en 2003, en 2005 (banlieues), 2006 (CPE), 2010 (Retraites), 2016 (loi travail), etc. comment ces mouvements allaient “abolir la propriété privée” “pratiquer l’emparement et ouvrir la voie à la communisation…” ? Il est important de critiquer ce type de discours hyperboliques (et je l’ai fait) qui pouvaient également exister dans les mouvements précédents. Mais, maintenant il faudrait enfin (perso je suis resté longtemps dans l’expectative), tout simplement, voir la lutte de classe dans ce qu’il se passe. La lutte de classe est quelque chose de très simple, c’est d’abord et avant tout une réaction et une lutte contre l’injustice et les inégalités sans présupposer la révolution et le communisme. Là, maintenant, le grand truc, dans ce mouvement, c’est que toute les inégalités sont connectées, sans revendications formellement explicitées et sans formes (pour l’instant) de négociations. C’est la lutte de classe bête, violente (je ne parle pas des boxeurs) et qui embarque avec elle toutes les tares de cette société, c’est normal, elles sont là et nous les partageons, les prolétaires ne passent pas par des formations de politiquement correct avant de lutter. De ce point de vue l’absence de discours anti-assistés (sauf très marginalement) est remarquable, ainsi que le flop de la volonté de Macron d’introduire dans le “Grand Débat” les questions de l’immigration et de l’identité.
Depuis novembre, à l’intérieur de l’interclassisme, l’hégémonie a changé dans le mouvement. Bien sûr il n’y a pas “toute la classe”, il y a même de grands absents. Il y a même des “contradictions au sein du peuple”. Et alors ? On ne peut pas parler de la restructuration, de la fin de l’identité ouvrière, de lutter en tant que classe comme la limite de la lutte de classe (c’est aussi l’interclassisme) et attendre les grands bataillons de Billancourt. Doit-on vraiment alors s’étonner de ne pas retrouver les formes de mobilisation et d’actions en vigueur depuis le début du XXè s. En gros, ceux et celles qui sont là ce sont ceux et celles dont les types d’emplois, la déstructuration des lieux de travail rendent la mobilisation collective “traditionnelle” impossible. Sans oublier qu’il apparaît que cela crée une sorte d’appel d’air sensible dans la remontée des revendications salariales ici et là.
Ce mouvement interroge toutes les déterminations de la restructuration du mode de production capitaliste, il agit comme un analyseur global, social : deconnexion; mise en abimes des territoires, illégitimité de la revendication ; dénationalisation de l’Etat, effondrement du mouvement ouvrier organisé, identité ouvrière, représentation politique… les Gilets jaunes ne préfigurent aucune “solutions” aux questions de la communisation, ils préfigurent seulement les problèmes.
Il s’agit bien de rapports de distribution, de vie quotidienne, d’idéologie. Mais comment cela se passe, qu’est-ce que cela désigne ? Avec cet “interclassisme”, cette prédominance de la distribution et de l’injustice fiscale (il faut tout de même reconnaître là-dessus la lucidité du mouvement : violence contre violence, mépris et insultes contre mépris et insultes), la volonté d’existence politique, tout cela c’est de façon inattendue le fait de lutter en tant que classe comme limite de la lute de classe ; cette dialectique peut nous surprendre.
Je ne peux pas refréner une petite joie en apprenant que Dior avance au vendredi son défilé prévu samedi.
Où ça va ? Est-ce que nous devons reconnaître comme lutte de classe que ce qui incarne le sens prédéterminé de l’Histoire ?
Ces considérations ne rendent pas caduques mes interventions précédentes, ni le texte de TC de novembre (si ce n’est – ce qui n’est pas rien – sur la question de l’hégémonie à l’intérieur du mouvement) elles les ORIENTENT.

R.S

29/03/2019

Affichettes de stock

Les évènements sont une source intarissable d'inspiration pour la production de matériaux visuels de propagande. En voici donc encore quelques-uns dirigés directement contre cette merde que certains appellent encore président, contre son gouvernent, son parti, et leur idéologie. Je les ai en "grand" format, A4 et A3. Prochain Acte que je fais sur Paris, j'en accrocherai bien certaines sur ces petites lignes suspendues qui bordent les manifestations.  








26/03/2019

Playlist #WEEK13/19 - 'MixTape'

Toujours pas de playlist thématique mais une nouvelle compilation de mes dernières trouvailles. J'annonce c'est un peu le bordel et encore, je me suis gardé une partie sous le coude pour une prochaine. On navigue donc du jazz (Coltrane), funky (Prince) ou moins (Bobby Wright), au rap, US barré (Earthgang) et anglais bien sage (Pinty), le tout avec des détours par de l'ambiant du genre obscure (Cloudead). En années on ratisse large également, des 70's à nos jours avec un arrêt par l'underground électronique des années 90. 

Bonne écoute! 

1. Prince - 17 Days (Piano & microphone 1983 version)
2. Alice Coltrane - Turiya And Ramakrishna
3. Earthganag - Road to Mirrorland : So Many Feelings
4. Knowledge - Intherain_
5. Bobby Wright - Blood Of An American
6. Sun Araw - Horse Steppin'
7. Pinty - Nightcrawler
8. King Krule - Neptune Estate
9. Emily King - Remind Me
10. Oklou - A Hard Working And Loyal Bitch 
11. Odd Nosdam - cLOUDDEAD (Instrumentals)
12. Unkle - Rabbit In Your Headlight (Instrumental)


 

25/03/2019

Réalité alternative en Macronie


La macronie c'est moins le refus de la réalité qu'une tentative acharnée de créer/maintenir une réalité alternative. C'est ça aussi l'extrême centre.

Et c'est valable pour une part immense du discours médiatique, mais l'Acte XVIII semble avoir poussé le pouvoir à franchir un palier. Il y avait un black bloc sur les Champs Elysée, nombreux et organisé, et face auquel la stratégie de la police n'était tout simplement pas judicieuse. On ne nasse pas plus de cent mille personnes sur une avenue, en tentant de scinder la manif en deux tout en gazant tout attroupement autour des rues adjacentes alors qu'un groupe capable de tenir tête se trouve dans le cortège... Mais au lieu de le concéder, Castaner a tout simplement inventé un black bloc de 8500 manifestants venus pour tuer. Le ministère et toute la macronie en coeur nous expliquent dès lors que le préfet de Paris était une petite frappe désorganisée, et qu'à leurs yeux, la répression qui ce jour-là encore fabriquait des estropiés, n'était simplement pas assez rude. Une répression que nous sommes d'ailleurs priés de nommer autrement.

Et c'est comme ça tous les jours. Les mecs sont en roue libre sur la fabrication d'un monde parallèle et ont bien entendu récidivé pour justifier les blessures de Geneviève Legay à Nice lors de l'Acte XIX. Le Monde.fr : « Gilets jaunes » : « aucun contact » entre la manifestante blessée à Nice et un policier, selon le procureur

Je note simplement le détail des 'faits alternatifs' vomis par le procureur et repris dans l'article :
"Il y avait derrière elle trois personnes, « un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron ». « On ne voit pas qui la pousse », mais « elle n’a pas été touchée par les forces de sécurité »."
Elle est pas belle la version alternative pondue grace à la magie du pipeau du pouvoir et forcément amplifiée par des médias qui préfèrent aussi cette réalité alternative qui simplifie quand même bien les choses puisqu'elle exonère les institutions et la police. Et puis ce sont ces mots qui par magie permettent à Macron d'affirmer :



On voit bien là toute la misère des faits quand certains refusent catégoriquement de 'voir' ce qui crève pourtant les yeux. Tout être humains s'arrête naturellement sur les blessures de madame Legay et sur la charge policière qui l'a conduite à hurter le pilier. Mais la macronie voit autre chose. Elle voit trois personnes entre les boucliers et les matraques et se demande qui a "poussé" Geneviève.

La petite histoire aurait eu plus de gueule avec un semblant d'humanité et il aurait pour ça suffit que le procureur imagine qu'une de ces trois personnes l'ai "entrainée dans sa chute". Mais pourquoi arrondir les angles quand on a toute la légitimité d'un fait derrière soit ? Il y avait des personnes derrière la dame au drapeau, c'est un fait.

Et non, les faits capturés par la photo ci-dessus, à savoir un flic en armure enjambant le corps d'une vieille dame blessée presque inconsciente et marchant sur le drapeau paix qu'elle tenait quelques seconde plus tôt, ces faits n'apportent rien à l'appréciation de la réalité puisque celle-ci se borne à se qui s'est produit entre madame Legay et les boucliers. Une réalité acceptée et racontée par les médias de masse. La fabrication d'une réalité alternative, c'est donc aussi le maintient acharnée d'effet de loupe par l'entremise d'un porte voix.

On nage en fait en plein délire devant le refus de poser la seule question valable : Une mobilisation pacifique, les FDO sont en sur nombre, une vieille dame se tient à 3 mètres et on donne l'ordre de charger. Vous faites quoi? Mais ils ne mentent pas alors tout va bien, même s'ils ont menti la veille.

Au final, tout cela révèle que cette réalité n'arrange pas que le pouvoir politique mais absolument tous les défenseurs du statu quo, tous ceux qui veulent que rien ne change. Ces malades se sont mis en tête de fabriquer une réalité de substitution qui, ne l'oublions pas, permet à d'autres, ou aux mêmes, de gagner du temps pour pouvoir se gaver avant de terminer de faire sécession.

Si le gout de vomi dans votre bouche n'est pas encore assez prononcé, vous pouvez vous faire une idée de la pénétration de ces méthodes et de cette réalité dans la base électorale de l'extrême centre en lisant quelques commentaires sur leMonde.fr. Exemples :




PS : Je vous invite a regarder quelques docus d'Adam Curtis sur le sujet. The Power of Nightmare notamment, raconte la manière dont les néoconservateurs et la justice américaine ont modelé la réalité autour d'Al Qaida. Le but était de faire rentrer ce qui n'était pas réellement une organisation, dans des cases juridiques devant permettre des procédures d'ordinaire réservées au crime organisé. Comprenez bien la différence entre manipuler des terroristes et manipuler l'image / la compréhension qu'on en a. (Tout ça en janvier 2001, donc rien à voir avec 9/11 et tout à voir avec les précédents attentats revendiqués par Ben Laden.) Regardez aussi Hypernormalisation.

24/03/2019

What would jesus do?


WWJD. Vous ne serez pas étonné d'apprendre que dans les années 90 aux Etats-Unis, on vendait des bracelets avec ces initiales et qu'ils étaient très populaires parmi les chrétiens évangélistes. C'est devenu une sorte de référence culturelle puis forcément un même à l'heure d'internet. Et avec la radicalisation des fondamentalistes chrétiens et du parti républicain qui leur sert depuis longtemps de base arrière, cette phrase a fini par prendre un sens différent et est plutôt utilisée aujourd'hui pour se moquer du décalage immense qui existe entre la doctrine définie par l'histoire de Jesus et les principes défendus par cette droite dont chacun s'accorde à dire qu'elle est complètement barrée.

Voilà ma version en gilets jaunes adressée à Macron, autoproclamé défenseur de la relation entre le catholicisme et la France...

#JesusRenverseLaTable

#JesusDéfonceraitLesChamps







26/02/2019

Does it meme ? (part II)

Puisque les Russes ne s'en chargent pas, c'est moi qui m'y colle... Plus sérieusement, j'ai continué mes histoires de détournements en tout genre. Voilà donc encore quelques images et gif animés créés avec l'intention de nuire. Ha! Encore plus sérieusement, je dois bien noter que le potentiel subversif d'une telle entreprise reste limitée. C'est dommage, d'autant que j'aime encore bien y passer mes nuits. Venu pour les lulz, resté pour l'insomnie ;) 




























15/02/2019

Does it meme ?

C'est compulsif cette histoire de détournement. Je pratique depuis des années et surtout depuis photoshop mais ici j'y passe littéralement mes nuits. Voici la dernière fournée. Mention spéciale pour les trois gilets, jaunes, verts, rouges. C'est non seulement la seule stratégie mais aussi un excellent graphisme si je puis me permettre. Le reste est donc forcément écolo, anti-fasciste, anti-capitaliste, féministe, et pour la déconne.

























 
CAMARADES