Il y a une phrase que je me répète quand tous surjouent à nouveau la surprise. Elle est issue d'Appel, une bien belle brochure pleine d'entrain publiée autour de 2005 et elle va comme ça :
« Et le sport qui consiste à décrire sans fin, avec une complaisance variable, le désastre présent, n’est qu’une autre façon de dire : « C’est ainsi » ; la palme de l’infamie revenant aux journalistes, à tous ceux qui font mine de redécouvrir chaque matin les saloperies qu’ils avaient constatées la veille. »
J'ai l'impression que certains redécouvrent aujourd'hui encore la capacité d'un "régime démocratique", d'une "démocratie", de la "démocratie", à porter des fascistes au pouvoir. Merde. C'est pourtant la base depuis le lycée. Hitler est d'abord élu puis s'installe sur une série de malentendus...
Voilà ce qui arrive quand les mots creux ont totalement remplacé le sens, ou l'idée. Qui sait encore à quoi il fait référence quand il parle de démocratie? Car il semblerait bien que toute cette affaire brésilienne, tout comme l'américaine et les différents spin-offs européens, soit finalement parfaitement conforme à la "démocratie" des libéraux.
Et encore une fois, la confusion profite aux jeunes fascistes et sympathisants de droite écervelés qui font feu de tout bois sur le moindre commentaire, forum ou chat de la république, (je m'y suis frotté), mettant ceux et celles qu'ils qualifient de "gauchistes" face à cette contradiction : "Vous critiquez Trump et Bolsonaro mais ils sont le fruit du vote, de la démocratie! N'êtes-vous pas démocrate? Car vous dites que je suis fasciste, mais moi je soutiens la décision du peuple."
Jeu, set et match, dans leurs esprits étriqués j’entends. Tant qu'on jouera avec leurs mots, qui sont pourtant ceux que l'ennemi a vidés de toute substance devant nous en les utilisant dans ses mensonges, il est certain qu'on n'arrivera à rien. Or on doit convaincre, et vite.
J'en viens à l'image en tête de ce post tirée d'un texte en provenance de la gauche radicale chilienne. Elle m'a mis une petite claque. La symbolique est forte, graphiquement elle est bad ass, mais il a plus. Le discours est complètement méta. On sort de la grille d'analyse "libérale", en un battement de paupière.
Parenthèse :
Sur la critique de la démocratie, je vous invite à lire Le point d'implosion de l'idéologie démocratiste, un texte publié dans Le Brise-Glace en 1989, et encore et toujours (plus) d'actualité... Teaser :
Critiquer la démocratie en dénonçant son caractère «formel» et «bourgeois» est une erreur du marxisme vulgaire qui néglige une double réalité: d'une part, l'association dès l'origine entre le mouvement ouvrier et le mouvement démocratique, d'autre part le fait que la démocratie n'est pas une simple idée dont il s'agirait de dénoncer la fausseté mais une réalité au cœur des rapports sociaux capitalistes. Elle est elle-même un rapport social, l'activité qui tout à la fois morcelle les individus et les réunit pour faire fonctionner l'ensemble de la société.