Parées de jupes noires et de masques, des douzaines de femmes se sont réunies samedi soir à Brooklyn (New-York, USA) pour une marche de Nuit contre le Capitalisme, bloquant la circulation sur Bedford Avenue, renversant du mobilier urbain et brisant des vitrines. Fatiguées de chanter docilement des slogans sur les trottoirs des campus, nous avons repris la nuit en nous en saisissant, refusant les mécanismes structurels qui créent les violeurs et leurs "victimes".
Bien que ces dernières années les marches de nuit ont été récupérées et édulcorées par des féministes gauchistes et bourgeoises, elle ont leurs racines dans l’agitation diffuse de l’Italie de la fin des années 70s. En 1976, une fille de dix-sept ans fut violée en réunion à Rome. Une année plus tard, alors que l’affaire se retrouvait devant le tribunal, elle fut violée à nouveau par les mêmes hommes : cette fois, son corps entier fut lacéré avec des rasoirs dans une tentative de la réduire au silence. En quelques heures, quinze mille femmes se sont mobilisées, se sont uniformément habillé comme les travailleuses du sexe de leurs quartiers ; « Plus de mères, de femmes et de filles : détruisons les familles ! » Était le cri que l’on entendit dans les rues. Elles finirent à deux doigts de foutre le feu au quartier.
Quarante ans plus tard, nous avons marchés de nouveau, pour refuser la violence qui continue à nous forcer d’être des ménagères et des fuck-toys, des mères et des filles à papa. Pour refuser de comprendre l’oppression des femmes dans la sphère privée comme une simple question culturelle ou idéologique. Nous voyons le capitalisme et le patriarcat comme un seul système intrinsèquement connecté. Nous ne demandons pas de droits : nous exigeons quelque chose d’entièrement diffèrent.
Une femme dans la rue nous a stoppé, essayant de provoquer une joute : "pourquoi faites-vous cela ?" Une réponse rapide : "parce que nous ne pouvons plus supporter le viol et le maquillage." La femme répond : "contentez vous de vous bourrer la gueule et de tirer un coup." Mais cela ne convient plus du tout à nos exigences.
Nous ne demandons plus le droit de prendre la rue, nous la prenons ; nous ne demandons plus que les publicités cessent de transformer les femmes en objet, nous détruisons les mécanismes commerciaux qui objectivent les femmes ; nous n’en appelons plus au pouvoir masculin de cesser les viols, nous menaçons directement : "Si tu me touche, je t’expose la gueule."
Pour une fois, les mécanismes qui créent et maintiennent les identités de la féminité ont été refusés, et nos désirs étaient les nôtres, nos corps étaient les nôtres et notre violence était la notre.
We’ll show you crazy bitches : take back the night !
Traduit de l'anglais et publié le 30 mai 2011 par Non Fides
http://www.non-fides.fr/?Des-femmes-anarchistes-se