21/06/2011

L'Europe réduit son aide aux plus démunis

La Commission européenne a annoncé, lundi 20 juin, une sévère réduction l'an prochain de l'allocation au programme d'aide alimentaire destiné aux plus démunis des Européens. L'enveloppe devrait être ramenée à 113 millions d'euros, soit 400 millions de moins que cette année. Selon plusieurs associations caritatives, cette baisse drastique de l'aide aux plus démunis pourrait priver au moins 2 millions de personnes de l'assistance dont elles ont besoin.
Ces dernières années, le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) était alimenté à hauteur d'environ 500 millions d'euros par an. Selon les estimations, 43 millions de personnes dans l'UE sont concernées par la pauvreté alimentaire.

"Cette réduction [des fonds] est le fait d'un arrêt rendu [par la justice européenne] en avril dernier dans lequel la juridiction européenne établit que la réglementation actuelle impose que les denrées couvertes par ce régime proviennent des stocks publics de l'UE" 

...et non de fonds issus du budget de la Politique agricole commune (PAC), a expliqué la Commission dans un communiqué. Du fait de cette décision de justice, les années où l'UE ne dégage pas de stocks, le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) voit ainsi ses moyens drastiquement réduits.

UNE PLAINTE DE L'ALLEMAGNE

La distribution gratuite de nourriture en Europe a été lancée pour la première fois, dans l'urgence, lors de l'hiver exceptionnellement froid de 1986. A cette époque, l'Europe disposait de stocks excédentaires de produits agricoles. Ils avaient été donnés à des associations caritatives qui se chargeaient de leur distribution aux plus démunis. Mais ces stocks européens avaient été supprimés lors de la réforme de la PAC, en 1990.
L'Europe avait élors remplacé les stocks par une enveloppe financière représentant 1 % du budget de la politique agricole de l'Union Européenne, soit 500 millions d'euros attribués aux Etats de l'UE, qui les répartissent entre les associations distributrices. Cet apport financier européen représente pour certaines d'entre elles jusqu'à 50 % de leurs ressources, voire 90 % en Pologne.

Mais, l'Allemagne, soutenue par la Suède, a déposé une plainte devant la Cour européenne de justice au motif que les 500 millions d'euros émanant du budget de la PAC constituaient, selon elle, une aide financière purement sociale qui "aurait perdu tout lien avec la politique agricole commune" et enfreignant les principes de l'OMC (Organisation mondiale du commerce).  La Cour a donné raison à Berlin dans un arrêt rendu en avril dernier. La Commission n'avait pas fait appel.

Publié le 20 juin 2011 par et sur LeMonde.fr avec l'AFP
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/06/20/l-europe-reduit-son-aide-aux-plus-demunis_1538513_3214.html

09/06/2011

DOCU : Jean Ziegler contre l'ordre du monde

"Ce film nous emmène à la rencontre de Jean Ziegler, intellectuel engagé, auteur d’une oeuvre radicale contre “l’ordre cannibale” du monde. Bienveillant sans être hagiographique, le film explore, met en scène la pensée en action de cet homme de 76 ans, plus que jamais en prise avec la réalité du monde. Il l’accompagne sur le terrain de ses combats : ONU, émissions de télévisions et revient sur sa trajectoire d’homme de gauche, ami de Sartre, compagnon de route des mouvements de libération d’Afrique, des guérillas d’Amérique Latine; sur les innombrables combats qu’il a menés, d’abord dans son propre pays, la Suisse. En avant-première, un magnifique portrait, revigorant ! "


http://www.festival-douarnenez.com/fr/editions_passees/regards_croises/a_quoi_revons_nous/jean_ziegler_contre_l_ordre_du_monde

D'Élisabeth Jonniaux 





09/06/2011

DOCU : Debtocracy

"Le documentaire retrace l’histoire de la dette grecque et pointe les responsabilités de la classe politique. Il s’inspire de la situation en Equateur et en Argentine pour soutenir l’idée qu’un rapport d’audit est nécessaire pour négocier l’effacement d’une partie de la dette “odieuse”. Tourné avec l’argent personnel des réalisateurs et les dons de quelques amis, il est diffusé gratuitement sur debtocracy.gr. En moins de dix jours, près de 600 000 visiteurs l’ont visionné."

http://www.festivalmillenium.org/fr/programme/debtocracy

De Katerina Kitidi & Ari Hatzistefanou
http://www.debtocracy.gr/ 



(Pour les sous-titres, cliquez sur CC dans le menu.)

09/06/2011

DOCU : ADICKTED

"Adickted est un documentaire francophone pas trop mauvais sur Philip K Dick, le roi mondial de la science fiction. Une ribambelle de peoples, tous plus fans les uns que les autres, se succèdent pour se pignoler sur leur idole à coup d’anecdotes anecdotiques et pour nous expliquer en quoi l’oeuvre de Dick est un des portraits les plus justes de notre époque.


Ça fait toujours plaisir !!"

http://www.foxylounge.com/ADICKTED-un-doc-sur-Philip-K-Dick 

De Thomas Cazal

(Léon Mercadet (Actuel, Nova Magazine), Bernard Werber, Philippe Starck, Maurice G. Dantec, Philippe Ulrich, Richard Pinhas, La Caution, David Cronenberg, Jim O’Rourke, DJ Spooky ...)

01/06/2011

La vidéoprotection, une gabegie

Après Paris, c'est Marseille, deuxième plus grande ville de France, qui a annoncé son plan "1 000 caméras". La question est à l'ordre du jour du conseil municipal extraordinaire qui a lieu le 30 mai dans la cité phocéenne. De fait, les municipalités de toute taille, de la grande métropole jusqu'au village de zone rurale, sont de plus en plus nombreuses à s'équiper en vidéosurveillance. Elles répondent en cela à une "priorité" de la politique de sécurité depuis 2007. Et pourtant, l'efficacité de cette technologie est tout sauf démontrée du point de vue scientifique.

Rappelons d'abord que la vidéosurveillance est utile à bien des choses : pour surveiller des entrepôts, des dépôts et des parkings, afin de lutter contre le vol de matériel. Les banques l'utilisent pour filtrer les entrées et sorties et réduire les risques de braquage. Des magasins s'en servent contre le vol à l'étalage. Les casinos pour repérer les tricheurs.

La vidéosurveillance contribue aussi à la sécurité publique. On l'utilise pour surveiller le trafic autoroutier, et prévenir les accidents dans les sites industriels sensibles... Tout cela existe et fonctionne plus ou moins bien depuis longtemps. La vidéosurveillance est en effet utilisée dans des buts précis, afin de gérer des risques concrets bien identifiés.

Mais ce que l'Etat appelle désormais "vidéoprotection" et qu'il tente de généraliser à toutes les collectivités territoriales (et aux bailleurs sociaux) par une pression politique et une incitation financière, c'est autre chose. Il s'agit ici de déployer des caméras dans l'espace public, dans les rues de nos villes et de nos villages, pour y surveiller tout en général et rien en particulier, en affirmant que cela aura des effets à la fois préventifs et répressifs permettant de diminuer la délinquance.

Or, les évaluations scientifiques contredisent cette affirmation, remettant ainsi en question la bonne gestion de cet argent public. Précisons d'abord que, par définition, l'évaluation scientifique ne peut être menée que par des chercheurs indépendants du pouvoir politique et des entreprises privées commercialisant cette technologie. L'éthique scientifique ne tolère pas le conflit d'intérêts.

Ensuite, l'évaluation scientifique ne se situe pas sur le terrain philosophique mais sur celui des faits. Elle cherche en l'espèce à répondre aux questions suivantes : la vidéoprotection est-elle une technique efficace de lutte contre la délinquance ? Est-elle un investissement rationnel au regard de l'évaluation d'autres outils de prévention et de répression ? Enfin, une évaluation scientifique repose sur des études de terrain, des observations longues et répétées de fonctionnements ordinaires des dispositifs, des comptages et des calculs précis, des comparaisons rigoureuses et une connaissance de la littérature scientifique internationale.

Tout cela se distingue des arguments des promoteurs politiques et financiers du système, qui utilisent des exemples spectaculaires mais isolés, des faits divers réels mais décontextualisés, des arguments d'autorité au lieu de démonstrations vérifiables et des calculs budgétaires qui "oublient" de compter le coût salarial. Pour toutes ces raisons, beaucoup d'élus et de citoyens seront sans doute surpris d'apprendre que, premièrement, la vidéoprotection n'a qu'un impact marginal sur la délinquance ; deuxièmement, qu'augmenter cet impact supposerait des moyens policiers supplémentaires alors qu'ils se réduisent ; troisièmement, que le coût réel du système "assèche" tellement les budgets de prévention de la délinquance que l'on doit conclure à un usage très contestable de l'argent public. Développons un peu.

1. La vidéoprotection ne surveille par définition que l'espace public et elle est installée dans les centres-villes. Elle n'a donc aucun impact sur les violences physiques et sexuelles les plus graves et les plus répétées qui surviennent dans la sphère privée. Elle n'en a pas davantage sur les atteintes aux personnes, moins sérieuses, survenant sur la voie publique et qui relèvent le plus souvent d'actes impulsifs (bagarres, rixes entre automobilistes, querelles de sortie de bar, etc.).

Elle n'a ensuite qu'un impact dissuasif marginal sur des infractions fréquentes comme les vols de voiture, les cambriolages de résidences principales ou secondaires, et même sur toute la petite délinquance de voie publique des centres-villes où elle est installée. En réalité, la vidéo permet surtout de repérer et d'identifier a posteriori les auteurs de rixes et d'attroupements sur la voie publique, de dégradations de biens publics ou privés sur la voie publique, enfin, et plus rarement, de vols avec violence, de vols à l'étalage, de braquages de commerces ou encore de petits trafics de stupéfiants.

Tout cela à condition que les caméras soient positionnées sur les lieux de ces délits au bon moment, ce qui est loin d'être le cas, puisque la plupart des caméras effectuent des "parcours" prédéfinis laissant des zones sans surveillance pendant plusieurs minutes.

En définitive, l'impact en termes de détection d'infractions autres que routières se situe entre 1 % et 2 % du total des infractions sur la voie publique traitées en une année par les services de police ou de gendarmerie sur le territoire de la municipalité concernée.

Enfin, l'aspect judiciaire n'est guère plus probant. Les réquisitions d'images à des fins d'enquête après des infractions sont du même niveau statistique, sans que l'on sache si ces images ont été exploitables et exploitées dans la suite des procédures judiciaires. On est donc loin, très loin, d'un système efficace de prévention de la délinquance. Ce bilan plus que médiocre conduit nombre de villes déjà équipées à mobiliser la vidéosurveillance à d'autres usages qui permettent d'en légitimer l'utilité : le contrôle de la circulation et du stationnement, la sécurisation de l'intervention des policiers, des pompiers ou des ambulanciers.

2. Il existe de nombreuses évaluations étrangères (Angleterre, Australie, Canada, Etats-Unis...), qui montrent que, dans de rares cas, l'impact de la vidéosurveillance peut être plus important. Quel est le facteur-clé ? Contrairement au discours dominant en France, ce n'est pas l'augmentation du nombre de caméras. L'expérience londonienne (au moins 60 000 caméras, soit autant que ce qui est prévu pour la France entière) le montre. Il ne sert à rien de chercher à "saturer" l'espace et de s'émerveiller devant des murs d'écrans donnant le sentiment de voir et de contrôler toute une ville au même moment.

La clé réside dans le couplage étroit de la vidéosurveillance avec les forces de police présentes dans la rue, afin d'accroître le niveau d'information des policiers, mais aussi de diminuer leur temps d'intervention.

En d'autres termes, il ne sert pas à grand-chose de repérer plus vite un problème si la police n'intervient pas plus vite. Dès lors, la situation française apparaît dans tout son paradoxe, pour ne pas dire dans son absurdité puisque la vidéoprotection est promue par les pouvoirs publics comme un substitut et une contrepartie à la réduction des effectifs policiers.

3. Il est sans doute inévitable que des entreprises à but lucratif cherchent à vendre leurs produits à tout prix, en les présentant comme dotés de facultés qu'ils n'ont qu'en partie et en dissimulant les coûts réels pour l'utilisateur. Cela se constate dans tous les domaines, et le marché privé de la sécurité n'échappe pas à la règle.

Il est en revanche plus étonnant que l'Etat participe à ce marketing par l'intermédiaire des préfets, ainsi que de fonctionnaires de police et de gendarmerie chargés de relayer sur le terrain le "plan de vente" des entreprises privées. En effet, les caméras perdent toute efficacité préventive lorsqu'elles ne sont reliées à aucun système de visionnage en temps réel et qu'une municipalité ou un bailleur ne peut donc qu'espérer, par exemple, récupérer le matin une image exploitable d'une infraction commise la veille.

Et que l'on ne dise pas que le raccordement des caméras aux postes de police ou de gendarmerie résoudra le problème puisque, encore une fois, cela s'effectue conjointement à la réduction du nombre de ces fonctionnaires et donc de leur disponibilité pour des missions nouvelles. En réalité, pour avoir des chances de donner des résultats, le système de caméras doit être relié à un centre de supervision dans lequel des opérateurs visionnent les images 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365.

De plus, ces opérateurs doivent être assez nombreux pour limiter le nombre d'écrans à visionner faute de quoi, au bout de quelques minutes, les observations montrent qu'ils ne voient plus rien. Ainsi, l'on est en train de rompre l'égalité de traitement du service public et de compromettre toute politique globale et intégrée de prévention de la délinquance, au profit d'un mirage technologique que seules les communes les plus riches pourront s'offrir pour des profits qui s'estimeront davantage en termes de visibilité politique et de sentiment d'insécurité que de lutte efficace contre la délinquance. S'agit-il en tout cela d'une politique rationnelle, efficace et bonne gestionnaire des deniers publics ? Il est permis d'en douter.

Publié le 30 mai 2011 par Eric Heilmann, Tanguy Le Goff et Laurent Mucchielli sur LeMonde.fr
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/30/la-videoprotection-une-gabegie_1529441_3232.html 

Eric Heilmann est professeur à l'université de Bourgogne ;
Tanguy Le Goff est chercheur à l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Ile-de-France ;
Laurent Mucchielli est directeur de recherches au CNRS.

01/06/2011

Des femmes anarchistes se réapproprient la nuit avec style

Parées de jupes noires et de masques, des douzaines de femmes se sont réunies samedi soir à Brooklyn (New-York, USA) pour une marche de Nuit contre le Capitalisme, bloquant la circulation sur Bedford Avenue, renversant du mobilier urbain et brisant des vitrines. Fatiguées de chanter docilement des slogans sur les trottoirs des campus, nous avons repris la nuit en nous en saisissant, refusant les mécanismes structurels qui créent les violeurs et leurs "victimes".

Bien que ces dernières années les marches de nuit ont été récupérées et édulcorées par des féministes gauchistes et bourgeoises, elle ont leurs racines dans l’agitation diffuse de l’Italie de la fin des années 70s. En 1976, une fille de dix-sept ans fut violée en réunion à Rome. Une année plus tard, alors que l’affaire se retrouvait devant le tribunal, elle fut violée à nouveau par les mêmes hommes : cette fois, son corps entier fut lacéré avec des rasoirs dans une tentative de la réduire au silence. En quelques heures, quinze mille femmes se sont mobilisées, se sont uniformément habillé comme les travailleuses du sexe de leurs quartiers ; « Plus de mères, de femmes et de filles : détruisons les familles ! » Était le cri que l’on entendit dans les rues. Elles finirent à deux doigts de foutre le feu au quartier.

Quarante ans plus tard, nous avons marchés de nouveau, pour refuser la violence qui continue à nous forcer d’être des ménagères et des fuck-toys, des mères et des filles à papa. Pour refuser de comprendre l’oppression des femmes dans la sphère privée comme une simple question culturelle ou idéologique. Nous voyons le capitalisme et le patriarcat comme un seul système intrinsèquement connecté. Nous ne demandons pas de droits : nous exigeons quelque chose d’entièrement diffèrent.

Une femme dans la rue nous a stoppé, essayant de provoquer une joute : "pourquoi faites-vous cela ?" Une réponse rapide : "parce que nous ne pouvons plus supporter le viol et le maquillage." La femme répond : "contentez vous de vous bourrer la gueule et de tirer un coup." Mais cela ne convient plus du tout à nos exigences.

Nous ne demandons plus le droit de prendre la rue, nous la prenons ; nous ne demandons plus que les publicités cessent de transformer les femmes en objet, nous détruisons les mécanismes commerciaux qui objectivent les femmes ; nous n’en appelons plus au pouvoir masculin de cesser les viols, nous menaçons directement : "Si tu me touche, je t’expose la gueule."

Pour une fois, les mécanismes qui créent et maintiennent les identités de la féminité ont été refusés, et nos désirs étaient les nôtres, nos corps étaient les nôtres et notre violence était la notre.

We’ll show you crazy bitches : take back the night !

Traduit de l'anglais et publié le 30 mai 2011 par Non Fides
http://www.non-fides.fr/?Des-femmes-anarchistes-se

 
CAMARADES