30/12/2010

VIDEO : The Fourth World War

"La 4ème guerre mondiale" (titre original: "The Fourth World War") est un film qui retrace les luttes menées ici et là, à travers le globe. C'est des images de rebellions guidées par des peuples qui ont osé dire non à la dictacture des Puissants.
Pourquoi la 4ème guerre mondiale ? Parce-qu'on part de l'hypothèse que la Guerre Froide menée par les Etats-Unis contre l'ex-URSS était la 3ème... Mais à la différence des 3 autres, et comme expliqué au début du film, cette guerre là est "une guerre sans champs de bataille, une guerre sans ennemi, une guerre en tous lieux, mille guerres civiles, une guerre sans fin".

La 4ème Guerre Mondiale, ce sont des personnes qui refusent de se soumettre à la terreur qui prennent la parole et qui ne laissent pas que leurs rêves d’un monde juste et sans oppression soient occupés par des armées, par la peur ou le désespoir.


Un film qui décrit des mouvement sociaux contre le néoliberalisme à travers le monde par des images chargées d’inspiration et des paroles pleines de poésie.


Il nous montre un système, qui a besoin de plus en plus de violence et de soit disant « guerre contre le terrorisme » pour maintenir son ordre mondial.


Les images nous emmène en plein coeur des conflits du
Mexique, en Argentine, en Corée, en Afrique, en Europe, en Palestine... Bref sur chaque continent, et nous fais vivre les révoltes, les repressions policières, et aussi l'espoir que connaissent les opprimés de chaque coin de la planète.
Dans ce film on peut se rendre compte que chaque pays à sa manière particulière pour manifester (certainement lié à la culture de chacun), mais que le message est le même est pour tous.
TXT: http://rienvaplus.centerblog.net/1896720-La-4eme-guerre-mondiale


The Fourth Wolrd War - 78 min - 2003

30/12/2010

Omar m'a tuer. HAHA

"Selon des notes diplomatiques américaines divulguées par Wikileaks et visibles mercredi 29 décembre sur le site du quotidien espagnol El Pais, près de 30 millions d'euros auraient été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) à son profit par le défunt président gabonais Omar Bongo. Une partie de ces fonds aurait aussi profité à des partis politiques français." Voilà ce que Le Monde nous dit aujourd'hui. 

D'après un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun, "les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l'argent à des partis politiques français", "aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à Chirac mais aussi Sarkozy".

Mais comment les ricains peuvent-ils bien être au courant? Echelon?! Naaaa, c'est juste qu'un haut fonctionnaire de la BEAC (Banque des Etats d'Afrique centrale) a tout balance. Mais les ricains connaissent bien le principe de la présomption d'innocence... sauf quand du pétrole est en jeu. Donc, à l'ambassade ricaine du Cameroun on précise que "cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds" avant d'envoyer l'info à Washington, avec des pincettes donc. 

Pincettes vous avez dit pincettes? Oui, mais il semblerait que Le Monde ne se soit pas encore familiarisé avec ce terme, et au Monde, pas de pincettes pas d'article. Le quotidien était au courant des suspicions et des pincettes américaines depuis... fin novembre... Mais fabriquer des pincettes, vous savez, c'est compliquer, alors on a la flemme et on préfère fermer sa gueule. Quoi? Mais jusqu'à quand? Et bien vous avez déjà la réponse, jusqu'à ce qu'un autre quotidien en parle, avec des pincettes, et là vous l'avez dans le cul alors vous êtes obligé de sortir un papier, et de vous justifier... 

"Il avait alors [ndlr: fin novembre] été décidé par Le Monde de ne pas retenir, à ce stade, ce télégramme, en raison non pas de son manque de crédibilité mais de son absence de source authentifiée. Janet Garvey, l’ambassadrice américaine, elle-même, prenait ces informations avec des pincettes, en précisant dans son télégramme destiné à Washington : "Cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fond"."

Donc ce que Le Monde dit en substance, c'est que si les ricains prennent des pincettes, on ferme sa gueule. Le Monde semble estimer que les français n'ont pas besoin de savoir qu'il semblerait, mais qu'il n'y a rien de sur, mais qu'il y a un doute, que peut-être que l'ami Omar a arrosé tout azimute les politicards français. 

Alors trois choses. Premièrement, les pincettes au Monde ca les gonfle. Deuxièmement, oui, un article qui traiterai par exemple des verres de champagne, c'est vrai ça, Dans quel verre faut-il boire du champagne? c'est quand même un peu plus important. Troisièmement, les français s'en doutent, et pour la plupart, ils s'en foutent. Ok, ok.

On peut bien entendu tirer d'autres conclusions.

Source : 

PS: « La mafia n'est pas étrangère dans ce monde; elle y est parfaitement chez elle. Au moment du spectaculaire intégré, elle règne comme le modèle de toutes les entreprises commerciales avancées. » Guy Debord
Nous ajoutons : "... et de tous les gouvernements, cela va de soi..."

29/12/2010

VIDEO : Metal Gear c'est pour très (trop) bientôt

Petit exercice de prospective. A gauche, Crying Wolf, un personnage du jeu vidéo Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots. Pour resituer brièvement, Metal Gear Solid est une série de jeux dont l'intrigue tourne autour de deux problématiques: l'intégration de robots au cœur des future conflits armés, et la privatisation des conflits via l'utilisation croissante de milices privés. Nous nous intéressons ici à la première même s'il y aurait beaucoup à dire de la seconde. Dans le jeu, la bestiole est très rapide, sur armée, etc. etc. Pour le moment rien de tel sur les champs de bataille, mais ca ne serait tarder... Regardez plutôt, en particulier à partir de la 35ème seconde... Voici le "Big Dog":



 C'est de très loin le truc le plus flippant que j'ai vu cette année... et cette vidéo date de 2008, je vous laisse imaginer les "progrès" accomplis depuis. Ce projet est évidement financé par le DARPA, Defense Advanced Research Projects Agency (WIKI DARPA). Dans Metal Gear, tout commence également avec le DARPA et le tout fini très très mal... Comme j'ai hâte! Mais en attendant, plus de trucs super flippants dans cette magnifique vidéo, de quoi faire des cauchemars!

 
Et encore plus sur nos amis les robots ici

29/12/2010

VIDEO : WikiLeaks : la guerre contre le secret

Synopsis Arte : Après les révélations sur l’Afghanistan qui ont secoué la planète en juillet 2010, les journalistes de WikiLeaks viennent de tirer une seconde salve. Sur l’Irak, cette fois. Des dizaines de milliers de documents confidentiels établissant une cartographie précise d’une guerre sur laquelle on sait peu de choses. Des révélations qui mettent le feu à Washington.

Les journalistes-activistes du site internet WikiLeaks sont-ils en passe de devenir des cibles militaires légitimes ? Les hommes du département de la Défense américain n’ont jamais émis de menaces publiques aussi explicites concernant des hommes de plume et de clavier. Du coup, les hommes de Wikileaks vivent dans une semi-clandestinité.
WikiLeaks a publié plusieurs dizaines de milliers de documents militaires secrets, acquis par des fuites venues de l’intérieur de l’armée américaine : des rapports d’incidents, des notes confidentielles, des vidéos de bavures…
Pour ARTE Reportage, Luc Hermann et Paul Moreira de l’agence de presse Premières Lignes racontent les coulisses de cette nouvelle forme de contre-pouvoir avec ces militants de la transparence, qui secouent les règles trop établies du secret-défense. Ils ont enquêté sur les révélations, mais aussi sur leurs limites. Lorsqu’on les confronte à une solide enquête de terrain, on réalise que les documents internes de l’armée américaine acquis par Wikileaks ne disent pas forcément toute la vérité.
Ils ont suivi Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, qui vit caché, sans téléphone portable pour qu’aucune machine ne puisse identifier sa position. Charismatique, il cultive les zones d’ombre. Parfois paranoïaque, il se sent dans la ligne de mire. Peut-être pas à tort. Ainsi, en Suède est il accusé dans une étrange affaire d’attentat à la pudeur, annulée par la police, puis rétablie par un magistrat. Assange n’en est pas moins libre de ses mouvements et continue à sillonner l’Europe.
A Londres, Washington, Reykjavik et Paris, Luc Hermann et Paul Moreira ont rencontré et interrogé les discrets enquêteurs de WikiLeaks, ainsi que les journalistes d’investigation des plus grands médias qui s’emparent des documents pour poursuivre l’enquête, et ainsi pénétrer dans la matrice de l’armée américaine en guerre en Irak et en Afghanistan. Ils ont aussi retrouvé un soldat américain qui était en Irak au moment de la bavure filmée par l’hélicoptère à Bagdad qui a fait 15 morts, des civils dont deux journalistes de l’agence Reuters. Depuis, le soldat a quitté l’armée, la fuite de la vidéo par WikiLeaks a changé sa vie.

Enquête sur le nouveau contre-pouvoir de WikiLeaks, une révolution qui bouleverse le rapport des citoyens à l’information.
Les opinions exprimées dans ce reportage n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément celles de la rédaction du MecanoBlog.


NI CELLES DE BERSERK...






Trouvé sur Mecanoblog

http://mecanoblog.wordpress.com/2010/12/28/wikileaks-la-guerre-contre-le-secret-video/ 

29/12/2010

La guerre des robots aura bien lieu

Dimanche sur France Culture, Xavier de La Porte, qui anime l'excellente émission "Place de la Toile" a longuement cité un papier très fouillé de John Markoff du "New York Times" sur la robotisation en marche de l'US Army. Il se trouve que j'avais pas mal travaillé sur le sujet il y a quelques temps, lorsque j'étais reporter au service enquêtes de La Tribune. Les machines au service de la guerre me passionnent depuis tout petit, lorsque je lisais les "Histoires de Robots" de ce bon Docteur Asimov. Avec toutes les questions technologiques, éthiques et philosophiques que cela pose à l'humanité. Je publie donc ici une version actualisée, digest et largement remaniée de plusieurs papiers que j'avais consacré à ces vilains robots tueurs. Et oui, avant de virer totalement Gonzo, j'ai été un journaliste presque sérieux !

« Le drone avait surgi […]. Une libellule géante de carbone et de réfractaire noir longue de trois mètres, dotée de deux ailes ultracourtes, d’une dérive et de deux microrotors.D’une batterie de senseurs thermiques.D’un canon rotatif de 14,5 mm […]. Et du sang-froid des machines. Les senseurs étaient en action, les lumières rouges caractéristiques clignotaient sous sa tête bombée d’hydrocéphale tueur […]. II y eut simplement un éclair blanc […]. Et le bruit terrifiant du canon vrilla l’atmosphère» : dans son roman Babylon Babies (Gallimard, La Noire, 1999), l’écrivain « cyberpunk » Maurice G.Dantec décrivait de manière saisissante l’entrée en action d’un drone de combat dans un futur proche (2013), ravagé par une guerre sans fin. La réalité a largement rattrapé la science-fiction : en Irak, en Afghanistan et ailleurs, l’armée américaine emploie aujourd’hui en permanence plus de 2000 drones, dont les fameux Predator et Global Hawk, pour tenter de débusquer un ennemi insaisissable. Conçus pour l’observation et le renseignement, ces inquiétantes machines volantes servent aussi désormais à des missions léthales : la CIA et le Shin Beth israélien ont utilisé des « drones tueurs » à de nombreuses reprises pour éliminer d’un tir de missile des « terroristes » en vadrouille dans le désert...

Search and destroy ! Ils survolent 24 heures sur 24 le désert irakien ou les montagnes afghanes. Ils gardent les bases, patrouillent dans les zones d’embuscade, déminent les routes, explorent souterrains et bunkers. Ils surveillent en permanence l’avancée des programmes nucléaires iranien et nord-coréen. Dans les airs, sur terre, en mer, ces robots militarisés que l’on appelle aussi « drones » (le mot veut dire « bourdon » en anglais) mènent désormais tous les jours des missions pour le compte de la machine de guerre américaine. Avions sans pilote « Predator » de General Atomics ou «Global Hawk » de Northrop Grumman ; robots terrestres « Sword » (Foster Miller) et « Packbot» (iRobot) ; drones sous-marins MLRS (Boeing)… Observation, reconnaissance, déminage, logistique, destruction de cible : aucune tâche jusque-là dévolue aux GI en chair et en os n’échappe à ces inquiétants soldats mécaniques. À commencer par les plus dangereuses. Récemment, une compagnie de démineurs de l’US Army a ainsi rendu les honneurs à « Scooby Doo », l’un des 300 « Packbot tactical mobile robots » en service en Irak, réduit en miettes par l’engin qu’il tentait de désamorcer. Ce petit "Packbot" est l'un des héros du film "Démineur" de Kathryn Bigelow...

Désormais, pour les militaires, l’avenir appartient au robot : ce combattant idéal qui obéit toujours aux ordres, ne ressent ni la fatigue ni la douleur, n’a jamais de problème de conscience ni de famille à indemniser. On est encore loin des robots type «Terminator » à apparence humanoïde. Oubliez aussi Intelligence artificielle, le film de Spielberg où les robots ont un « QI » de 150…Mais nous n’avons encore rien vu. Car, en matière de course à l’armement, le lobby militaro-industriel américain ne fait pas les choses à moitié : 160 milliards de dollars ! C’est l’enveloppe faramineuse que le Pentagone a obtenu pour développer son programme de robots de guerre « Future Combat System » (FCS). Du jamais-vu depuis la « guerre des étoiles » du président Reagan. Objectif : équiper en véhicules robotisés 32 brigades de l’US Army et des marines d’ici à 2015 (soit 15% des effectifs) ! Cornaqué par la très secrète Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), le géant de l’armement Boeing pilote le développement de 18 robots : véhicules de reconnaissance, de transport, de déminage, d’artillerie, de combat et d’assaut… toute la panoplie sera disponible.
Bardés de capteurs, ces engins seront capables de se diriger, d’espionner ou de faire feu sur l’ennemi de manière quasi autonome. Ces « UGV » (pour « véhicules terrestres sans pilote») recevront leurs ordres des soldats via un super-intranet militaire permettant des communications à haut débit par satellite. La guerre en réseau, que les Américains appellent « Network Centric Warfare » (NCW) et les Français « bulle opérationnelle aéroterrestre » (BOA), a déjà commencé…Pour les militaires, l’utilisation de robots sur le champ de bataille présentede nombreux avantages : « Les drones de combat permettent de concentrer les efforts en soulageant les combattants, en particulier là où le danger est élevé. Ils économisent les moyens […]. Ils assurent une permanence et une disponibilité dont l’homme est incapable pour des raisons physiques », détaille un officier français enthousiaste sur le site spécialisé Checkpoint Online.

Une libellule au service du fantassin
La libellule prototype de SillMach
Transcausasie, 2025 : la guerre du pétrole fait rage. Des soldats français de la « Coalition pour le maintien de l’approvisionnement énergétique » approchent de leur objectif : les faubourgs d’une ville tenue par l’ennemi. La progression en zone hostile s’annonce périlleuse pour la petite troupe… Prudent, le chef de section sort de son treillis un étui de la taille d’un paquet de cigarettes et en extrait un cylindre ovoïde. C’est un « cocon » contenant un microdrone de reconnaissance « libellule ». Une pression du doigt suffit à libérer le petit insecte mécanique de 6 cm d’envergure qui se met aussitôt en vol stationnaire face à son « maître ». Un geste de la main en direction de l’objectif et la « libellule » s’envole pour un aller simple : pendant 20 minutes (autonomie maximum), le combattant, resté bien à l’abri, disposera d’un « oeil déporté » lui transmettant des images en direct des lignes ennemies. Une fois l’énergie de sa micropile MEMs épuisée, la « libellule » se « crashera » au sol, le sentiment du devoir accompli… « Une de perdue, 10 autres dans la poche », pensera alors le soldat, satisfait des renseignements collectés par le minuscule robot jetable. Ce scénario du futur n’est pas une vue de l’esprit. Depuis 2004, la Délégation générale pour l’armement (DGA) travaille très sérieusement sur ce projet de « nanodrone » faisant appel au dernier cri de la « microrobotique bioinspirée» : « Le défi est de mettre au point un tout petit drone capable de voler dans une pièce fermée sans se cogner aux murs. Cela suppose une très bonne aptitude au vol stationnaire et un champ de vision à 360 degrés. On s’est vite rendu compte que seule la nature était capable de telles prouesses. D’où l’idée de s’inspirer de la libellule », explique un responsable du projet à la DGA. Pour l’heure, la « libellule » ne vole pas encore, mais l’engin mis au point par la startup SilMach pour le compte de la DGA sait déjà battre des ailes comme un véritable anisoptère. « Nous avons implanté, sur chacune de ses 4 ailes, 180.000 muscles en polycristal de silicium du diamètre d’un cheveu, soit autant que sur une vraie libellule ! On arrive à plusieurs dizaines de battements par seconde », s’enthousiasme l'homme de la DGA. Comme le nanodrone ne pèse que 120 milligrammes, il ne sera pas trop difficile de le faire décoller. Lui apprendre à voir et à naviguer sera une autre histoire. Mais l’expert de la DGA y croit : sa « libellule » pourrait être opérationnelle d’ici vingt ans…
Face à une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre, les robots permettent aussi de vendre l’illusion d’un conflit « zéro mort ». On comprend pourquoi les Américains, qui ont déjà perdu plus de 5.000 hommes en Irak, s’y intéressent tant. Mais la motivation est aussi économique : un robot de type « Sword » coûte 250.000 dollars quand un GI revient à 4 millions, de la formation à la retraite ! Enfin, les robots participent à la « guerre psychologique» : au moment de la guerre Golfe, les soldats irakiens agitaient le drapeau blanc à la seule vue d’un drone survolant leur position…Après avoir fait leurs premières armes sous la bannière US ou dans les rangs de Tsahal (l’armée israélienne), les robots intègrent donc progressivement l’arsenal des grandes armées.Très en retard sur les Américains, l’Europe de la défense a prévu de dépenser 5,5 milliards d’euros dans la recherche sur les drones d’ici à 2012. 
Huile de l'artiste australien Ashley Wood
La France n’est pas en reste : entre son programme «BOA » (Thales, GIAT, Sagem) qui prévoit de « numériser » le champ de bataille et le système « Felin » (pour « fantassin à équipement et liaisons intégrés»), le ministère de la Défense a déjà injecté 1 milliard d’euros dans la « guerre du futur ». Concrètement, deux compagnies du 8e RPIMA de Castres et du régiment de marche du Tchad ont reçu en 2007 leurs premières tenues « Félin ». D'autres unités sont équipées progressivement depuis dans les limites des restrictions budgétaires qui frappent le ministère de la défense. Développé par Sagem, ce système comprend des lunettes à intensificateur de lumière intégrées au casque, un système de communication à haut débit permettant d’échanger données et images, un mini-ordinateur portable pour le calcul de coordonnées et de tir et un fusil Famas dont la lunette de visée permettra aussi de filmer la cible… « Félin », qui sera livré à 31.500 exemplaires à l’armée française, fera de nos bidasses de véritables « cybercombattants » à même de faire équipe avec toutes sortes de machines au sein de la fameuse « bulle ».

La Délégation générale de l’armement (DGA) prépare un ambitieux programme de robots terrestres :«En 2012, nous déploierons une unité expérimentale baptisée “Tactic”. Elle comportera 40 fantassins, une douzaine de véhicules, 5 robots terrestres et 3 drones volants.“Tactic” nous permettra de tester le binôme homme-machine en situation opérationnelle », s’enthousiasme un responsable du projet à la DGA. Au menu, toute une gamme de robots montés sur roues ou chenilles allant de 2 kilos à 1 tonne. Ils assureront les missions pénibles (transport de munitions) et dangereuses (reconnaissance en zone ennemie ou contaminée, déminage)…mais ne seront pas armés pour éviter les « bavures ».
Alors verra-t-on un jour des robots attaquer l’ennemi de leur propre
initiative ? Côté américain, il est à peu près certain que les « docteurs Folamour» de la Darpa travaillent sur le sujet. Côté français, on se refuse – officiellement – à l’envisager : « Il n’est pas question pour l’armée française de transférer l’automatisme du tir à des machines. Ce serait trop dangereux et c’est aussi une question d’éthique », assure une source militaire. De toute façon, le « cerveau » des robots est encore trop limité. « Malgré la montée en puissance des systèmes d’armes automatisés, l’homme sera toujours au centre du combat.
Lui seul peut prendre les décisions qui s’imposent dans le feu de l’action et ce
sera encore vrai longtemps », estime-t-on chez un grand industriel. Aujourd’hui, le vol des drones doit ainsi être minutieusement programmé car ces engins ne savent pas « naviguer » tout seuls. Pour les missions plus délicates, les « Predator » sont même pilotés à distance par des as de l’US Air Force basée à Nellis, dans le Nevada...
Les militaires violent les lois d'Asimov
15 novembre 2001, Afghanistan, un drone « Predator » entre dans l’histoire en pulvérisant d’un tir de missile Hellfire Mohamed Atef, l’un des lieutenants de Ben Laden. Depuis cette première, Américains et Israéliens ont utilisé à maintes reprises ces robots tueurs pour éliminer des « combattant ennemis ». Les militaires ont donc violé les fameuses « lois de la robotique » d’Isaac Asimov…Ce génie de la science-fiction (Un défilé de robots, Le robot qui rêvait, Fondation…) a en effet imaginé trois lois fondamentales auxquelles les robots doivent se conformer en toutes circonstances...
Première loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, en restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. »
Deuxième loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi. »
Troisième loi : « Un robot doit protéger son existence, du moment que cela ne rentre pas en contradiction avec la première et/ou la deuxième loi. » Dans l’oeuvre d’Asimov, les robots obéissent aveuglément à ces trois lois…jusqu’au jour où ils arrivent à la conclusion qu’elles sont incomplètes. Ils formulent alors de leur propre chef la « loi zéro » : « Un robot ne peut nuire à l’humanité ni, en restant passif, permettre que l’humanité souffre d’un mal. » Les militaires ont repris à leur compte cette loi ambigüe qui donne le droit aux robots de s’attaquer à l’homme. Mais dans les Robots et l’Empire d’Asimov, l’histoire ne finit pas en « happy end »…
Une chose est sûre, les nations les plus riches feront de plus en plus la guerre par bataillons de drones interposés. Des robots tueurs bardés de capteurs optroniques, de mitrailleuses et de missiles contre des combattants kamikazes armés de kalachnikovs et d’explosifs ? En Irak, en Afghanistan et ailleurs, le choc des civilisations s’annonce de plus en plus «asymétrique »…
Jean-Christophe Féraud
 
Publié le 6 décembre 2010 par Jean-Christophe Féraud, sur Sur mon écran Radar

Trouvé sur OWNI.fr

29/12/2010

VIDEO : Olivier Razac : « Penser les nouvelles formes de violence politique basées sur la neutralisation »

Le débat n’émerge (en surface) que quand elles blessent ou tuent - comme il y a un peu plus de deux semaines à Colombes. C’est pourtant - paradoxalement - l’usage quotidien et banal des armes dites non-létales qui pose le plus problème ; lui annonce un futur (sombre) de neutralisation permanente. Illustration avec le Taser, décrypté par le philosophe Olivier Razac.

C’était il y a deux semaines - peu ou prou. Intervention policière dans les Hauts-de-Seine, après l’appel d’un homme se disant inquiet pour son colocataire - censément énervé. Résistance ; les flics font usage des gazeuses, puis du Taser. Une fois. Deux fois. Peut-être même trois [1]. L’homme - un « Malien en situation irrégulière » souligneront, détestable épitaphe, tous les articles de presse ; voir à ce sujet le billet de Pierre Tevanian sur Les mots sont importants- - ne respire plus. Gazé, tasé, asphyxié. Mort.
Trois jours de ramdam médiatique - songez donc, notre premier mort par Taser sur le territoire français ! cela vaut bien quelques dépêches... - et puis l’oubli. Fini, plus rien, terminé : on ferme. C’est qu’il ne faudrait pas prendre le risque d’ouvrir un réel débat sur la question des armes dites sublétales...
Et pourtant : « Il importe [...] de rappeler que le coupable ne se nomme ni "Pas de chance" ni "Taser", mais Police nationale, Hortefeux, Sarkozy, et surtout "Maîtrise des flux migratoires", remarque Pierre Tevanian. Que sont en cause non seulement "50000 volts" mais aussi "25000 reconduites à la frontière". Que ce n’est donc pas un "fait divers" mais une affaire d’État. » Exactement. Là est l’enjeu, que personne - parmi les politiques ou dans les médias dominants - ne se soucie d’aborder : la question des armes sublétales ne se limite pas à elle-même, usages et prétendues « dérives », mais incarne et porte un profond projet de société - contrôle et toute-puissance policière. C’est cela qu’il faudrait questionner, pointer et combattre.
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Dans la galaxie des armes à létalité prétendument réduite, le Taser occupe une place à part. Moins facile à appréhender, par exemple, que le flash-ball, dont les effets sont plus évidement directs - la balle laisse des cicatrices, quand elle ne tue pas carrément. Plus "tendance", aussi, tant le Taser se donne des allures d’arme du XXIe siècle - futuriste et coloré [2]. Plus pernicieux, enfin : tout est fait pour que les forces de l’ordre le considèrent comme une arme autant qu’un jouet.
Ludique, le Taser ? Bien évidemment : non. Sauf que... une confusion est volontairement entretenue par le pouvoir et le fabricant, qui partagent un même désir de voir l’arme largement utilisée. Le fabricant pour d’évidentes questions d’argent [3], et au prétexte que le Taser est un « pistolet électronique qui sauve des vies » (sic...). Et Nicolas Sarkozy parce qu’il est convaincu de l’efficacité de l’arme : « Avec ça, on n’a pas besoin d’être dix pour arrêter quelqu’un, s’enthousiasmait-il en juin dernier après une démonstration du Taser, c’est mieux que les effectifs. On n’a pas assez d’armes non létales. »
Tous - hommes de pouvoir et vendeurs de l’arme - se rejoignent sur le prétendu caractère anecdotique de son emploi. Un argument commercial autant qu’une étape-clé d’un processus d’acceptation visant à emporter l’adhésion de la population. Parfaite illustration, l’incessant lobbying conduit en faveur du Taser par Christian Estrosi : le député-maire de Nice est allé jusqu’à se faire cobaye pour mieux convaincre de l’intérêt d’une arme qu’il présente comme « sans conséquence sur l’intégrité physique »...


« C’est formidable », ose t-il - mi-figure mi-raison après une décharge dont l’intensité a, pour l’occasion, été réduite au minimum [4]. Et, une fois la douleur un brin estompée et la stupeur passée, l’homme enchaîne, avec un sourire crispé : « Je pense que ça va en faire réfléchir quelques-uns. Ce n’est pas inintéressant... »
Formidable ? Il n’y a évidemment rien de tel dans l’usage du Taser [5]. Mais cette scène - Estrosi se prêtant faussement au jeu - est précisément ce que pointe le philosophe Olivier Razac [6] : tout est fait pour que ceux en ayant l’usage soient persuadés de son caractère anodin. Le même rappelle - en un entretien réalisé par mails - que trop se focaliser sur les cas les plus dramatiques peut faire oublier l’aspect le plus inquiétant des armes dites non létales : leur emploi devenu banal et quotidien.
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On reparle du Taser dans des circonstances dramatiques : un homme est mort après en avoir été victime...
Ces faits sont importants pour pointer le mensonge des fabricants et des pouvoirs publics quant à la dangerosité de ces armes, mais ils risquent aussi de focaliser l’attention sur ce qui n’est pas essentiel. C’est-à-dire : que les armes de neutralisation tuent.
L’essentiel, c’est au contraire qu’elles ne tuent pas, c’est leur capacité de neutralisation sans tuer. Et donc, les cas qui devraient attirer l’attention de la critique (mais ils sont évidemment moins visibles), ce sont les multiples utilisations qui n’ont pas blessé ET qui ont pourtant été abusives parce que des moyens moins violents étaient tout aussi indiqués, voire que l’on pouvait éviter toute violence.
Vous le remarquerez, la bataille d’opinion sur le sujet consiste à dire d’un côté "ça tue", en mettant en avant certains cas rares, et de l’autre côté "ça sauve des vies", en mettant en avant certains cas rares également où ces armes ont effectivement rendu service. Les deux sont vraies. Mais personne ou presque ne se pose la question de savoir ce que signifie le vrai problème : "ça neutralise".
De façon plus générale : en quoi les armes non létales représentent-elles une évolution de la doctrine du maintien de l’ordre ?
La dotation progressive en matériel d’usage de la force intermédiaire (matériel de protection et d’intervention, gaz incapacitants, lanceurs cinétiques, armes électriques etc.) se retrouve dans les différentes forces de sécurité dans le monde, et en France dans les différentes polices et dans l’administration pénitentiaire (à l’exception du Taser pour celle-ci et pour l’instant).
Ceci induit de considérer l’exercice de la force selon un continuum de moyens progressifs. En lieu et place du dualisme qui prévalait auparavant entre l’usage de la force physique et l’usage des armes - alors nécessairement létales et dont le cadre d’utilisation était restreint à la proportionnalité et à la légitime défense. Aujourd’hui, le problème du policier consiste plutôt à se demander ce qu’il va pouvoir utiliser du multiple matériel qu’il porte à la ceinture. Est-il capable de faire ce choix ? Rien n’est moins sûr.
Avec les armes prétendument non létales, l’usage et ses dérives semblent mettre à bas le respect des règles d’utilisation - c’est par exemple le cas du flashball, avec des policiers visant la tête et l’utilisant dans l’ordinaire du maintien de l’ordre...
Je ne parlerais pas de « dérive ». Non que ces usages soient « normaux », les textes qui encadrent l’utilisation de ce matériel les prohibent. Mais parce qu’ils sont intrinsèques à ce nouveau type d’arme. Ce ne sont pas des « dérives », mais des conséquences inévitables liées à l’introduction de ce matériel.
La banalisation de l’usage de ces armes vient précisément du fait que, normalement, elles ne tuent pas, mais provoquent des blessures qui sont - théoriquement - sans conséquences durables. Dès lors, les freins à l’utilisation des armes s’abaissent et l’on peut bien penser que cela n’est pas si grave de s’en tirer avec quelques bleus. Tout ceci était impensable avec l’arme à feu.
L’exemple le plus flagrant est le Taser, dans la mesure où, ne provoquant pas d’impact, la plupart des agents le testent sur eux-mêmes (mais fermement soutenus par des collègues pour empêcher les dégâts de la chute, qui sont les véritables dangers du Taser) ; ceci aussi était impensable avec l’arme à feu. D’où une ambiance presque « ludique » autour de ces matériels, qui sont - pour ceux censés en faire usage - des armes sans en être vraiment.
Comment ça, ludique ?
C’est tout le paradoxe. D’un côté, il faut bien que cela reste des armes - qu’elles continuent d’être dissuasives, de faire peur. Mais de l’autre, il s’agit de les banaliser. D’où justement l’association d’un rapport ludique avec des usages abusifs. Je pense ici à une émission de télévision de divertissement, lors de laquelle un animateur testait un Taser sur un comparse. Celui-là reçoit donc la décharge, s’effondre. Stupeur. Mais il se relève rapidement en riant, puis tout le monde fait de même - d’un rire de soulagement succédant à la peur, et en même temps un rire gêné où la peur reste présente.


Voilà, je pense, le secret de ces armes de neutralisation : elles font peur et elles « font rire » - cela dépend qui, bien sûr. En cela, elles sont aussi désarmantes pour la critique.
Et elles contribuent à faire pencher encore davantage le rapport de force à notre désavantage ?
La multiplication de ces armes et leur banalisation dans les forces de l’ordre vont nécessairement multiplier les usages. Mais elles vont surtout transformer l’ensemble du rapport de force : les gens s’adapteront. Il existe de multiples parades contre ces armes, et il est ainsi assez facile de contrecarrer un Taser - par exemple, avec un bouclier, avec des vêtements épais et non-conducteurs, ou simplement parce qu’il a une visée difficile et ne permet de tirer qu’un seul coup.
Au final, les promesses des fabricants ne seront pas tenues. Et la diffusion de ces armes, ainsi que des contremesures, va créer une nouvelle forme de course à l’armement qui profitera surtout à l’industrie de la sécurité.
Qu’il s’agisse du flash-ball ou du Taser, n’assiste t-on pas à un retour à une répression de contact ?
Ces armes permettent une neutralisation ciblée d’une manière inédite, mais cela représente aussi une limite de leur action.
Je ne parlerais donc pas de « retour » à une répression de contact. Les armes de neutralisation permettent précisément de neutraliser sans contact physique direct entre les protagonistes. De ce point de vue, elles sont vendues comme des armes « propres ». Elles évitent de se salir les mains, mais elles sont aussi censées éviter les brutalités par manque de contrôle dans l’intervention. C’est une illusion qui repose sur l’idée que ces armes remplacent les armes à feu et/ou sur une euphémisation de leurs effets (par exemple de la chute dans le cas du Taser). Mais, c’est une illusion qui fonctionne et qui dit quelque chose de plus profond.
Le problème politique que pose les armes de neutralisation n’est pas leur brutalité physique, c’est au contraire cette nouvelle possibilité qu’elles indiquent, et qui va se réaliser bientôt, consistant à neutraliser totalement un individu ou une foule, mais temporairement et sans conséquences néfastes durables. Nous n’avons pas les mots ou les catégories pour penser ces nouvelles formes de violence politique basées sur la neutralisation ; la preuve, nous continuons à nous focaliser sur leur brutalité alors qu’elles sont d’abord menaçantes par leur finesse, leur "douceur". Il a toujours été plus difficile de penser la capacité d’un pouvoir à empêcher qu’une action ait lieu, plutôt que sa capacité à réprimer après coup la commission de cette action. C’est pourtant, de loin, le problème le plus important dans les régimes biopolitiques avancés comme le nôtre.

A lire sur le même sujet, un entretien avec l’association RAIDH : « Une victoire de Taser aurait été une catastrophe.  »

Notes

[1] Le discours officiel, par exemple dans cet article du Figaro, mentionne deux tirs de Taser. Mais un témoin, interrogé par Le Parisien, en évoque trois : « Selon Abdelmalek, un voisin, après le deuxième tir, l’homme "donnait des coups de pied par terre et au troisième tir, alors qu’il était à terre, on n’entendait plus aucun bruit". »
[2] Le modèle X26, qui équipe les forces de police française, marie ainsi le jaune et le noir. Quant au C2, à destination des particuliers, il se décline même en rose, censément pour séduire les femmes :

[3] En 2008, Antoine di Zazzo, PDG de SMP Technologies, distributeur du Taser, disait en interview parier sur un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros d’ici cinq ans.
[4] Oui : c’est dommage. Très.
[5] Pour ceux qui l’auraient oublié, cette vidéo vaudra très efficace piqûre de rappel. Enregistrée dans un commissariat australien, elle montre l’acharnement de policiers locaux contre un homme n’ayant pour seul tort que d’être drogué ou bourré. La victime est morte, après avoir enduré treize décharges successives :
D’autres vidéos de la même eau (macabre) sont visibles sur le net - par exemple, ICI. Une semblable scène s’y répète, peu ou prou : un homme reçoit une ou plusieurs décharges, hurle de façon effroyable, puis meurt. C’est formidable, dit Christian Estrosi...
[6] Par ailleurs auteur d’Une histoire politique du barbelé, d’abord parue à La Fabrique avant d’être très récemment republiée (en version enrichie) chez Flammarion, dans la collection "Champs Essais" :

Publié le 22 décembre 2010, par JBB, sur ArticleXI

29/12/2010

Encore une bourde de BHL, victime d’un nouvel accès de botulisme

Le 23 décembre 2010, dans son « bloc-notes » du Point intitulé « L’honneur des musulmans », Bernard-Henri Lévy s’inquiète et s’indigne des déclarations de Marine Le Pen sur l’« occupation de la France par les musulmans en prière, et de la tenue des Assises internationales sur l’islamisation de l’Europe, le 18 décembre 2010. Soit. Mais…

Mais BHL ne serait pas BHL-Moi-Je s’il ne s’octroyait pas – comme à son habitude – une prime de lucidité exceptionnelle. Ainsi, des « deux événements apparemment mineurs mais en réalité considérables et que nous n’avons pas d’autre choix que d’essayer de penser ensemble », BHL mentionne d’abord celui-ci : « Le premier fut le fait de Marine Le Pen dont j’annonçais, depuis quelques semaines, qu’elle était plus redoutable encore que son père : je ne croyais pas si bien dire, comme vient de le prouver sa sortie sur les musulmans dont les prières, dans les lieux publics, seraient assimilables à une “Occupation”. »

BHL ne serait pas un éternel moulin à approximations s’il ne tordait pas les faits à sa convenance. Ainsi : « Le second [événement] fut ces Assises internationales sur l’islamisation de l’Europe organisées, quelques jours plus tard, à Paris, par le groupuscule néonazi qui s’était rendu célèbre, le 14 juillet 2002, en tentant d’assassiner Jacques Chirac et qui s’est allié, pour l’occasion, à un quarteron d’anciens trotskistes rassemblés sous la bannière du site Internet Riposte laïque. » Combattre politiquement le Bloc identitaire, auquel il est fait allusion ici, n’imposait pas de lui attribuer une tentative d’assassinat… tant qu’il n’en a pas commis [1]. Quant à Riposte laïque, il ne se limite pas à des transfuges de la gauche et de l’extrême gauche, et encore moins à un « quarteron d’anciens trotskistes » dont l’identité nous est dissimulée. Mais peut-être, comme on va le voir, BHL pense-t-il ici à un dénommé Cassen [2].

Ces approximations polémiques ne mériteraient aucune mise au point, si elles ne servaient pas à accréditer cette « thèse » : il s’agit là d’un « nouveau rapprochement rouge-brun qui voit les crânes rasés du Bloc identitaire fricoter, sur le dos des musulmans de France, avec tel ancien du Monde diplo, Bernard Cassen ». Or Bernard Cassen n’est en rien concerné. Une crapulerie involontaire n’en est pas moins une crapulerie [3].

Pour avoir réduit la philosophie de Kant en poussière en s’appuyant sur l’ouvrage d’un écrivain imaginaire – Jean Baptiste Botul –, BHL était devenu pour quelques temps la risée de quelques esprits chagrins. Pour avoir confondu, dans son hostilité aveugle au Monde diplomatique (et pour les besoins de son propre rapprochement entre rouges et bruns), Bernard Cassen, directeur général de ce mensuel jusqu’en janvier 2008, et Pierre Cassen, animateur de Riposte laïque, Bernard-Henri Lévy devrait, à n’en pas douter, être salué par tous les représentants de la médiacratie. Au Café de Flore, si cela n’a pas déjà été fait.
Henri Maler – Nos remerciements au correspondant qui nous a signalé cette nouvelle tache sur la chemise blanche du philosophe pour médias.

P.-S. : Quelques heures plus tard...
- La chronique de BHL est désormais suivie de cette mise au point : « ERRATUM : Une erreur s’est glissée dans ce bloc-notes. Lorsque j’évoque les protagonistes du nouvel axe entre Riposte laïque et Bloc identitaire c’est de Pierre Cassen qu’il s’agit et non de Bernard Cassen. Cet erratum sera publié dans le prochain numéro du Point. Et la phrase a été, ici, d’ores et déjà corrigée. BHL. » BHL n’a pas commis une erreur : « une erreur s’est glissée... » tout seule, sans le concours de son auteur qui ne pourfend jamais gratuitement et sans « erreur » Le Monde diplomatique ! Quant à présenter des excuses...

- La revue de presse d’Europe 1 détaille ainsi la bourde de BHL (Michel Grossiord, 24 décembre 2010) :
– Enfin, Michel, une nouvelle méprise pour Bernard-Henri Lévy.
– Oui, erreur de nom, dans sa dernière chronique du Point, où il dénonce les Assises de l’islamisation qui se sont tenues le week-end dernier à Paris, « un rapprochement rouge-brun d’anciens trotskistes et des néo-nazis ». Mais Bernard-Henri Lévy se trompe sur un nom dans sa chronique, citant Bernard Cassen [il prononce Cassin], ancien du Monde diplomatique et d’Attac, au lieu d’un certain Pierre Cassen. Le premier, associé dans la chronique de BHL à un « crachat sur le visage de la République », porte plainte pour diffamation contre le philosophe, qui avait déjà inventé, on s’en souvient, un certain Botul, et puis accusé Frédéric Taddéi d’avoir négocié le prolongement de son contrat sur France 3 jusqu’en 2014. Autre polémique : là aussi, il y avait eu erreur de prénom. Ça n’était pas Frédéric Taddéi mais Rodrigo, joueur à l’AS Roma qui, effectivement, avait vu son contrat prolongé. Tout le monde a besoin de vacances.
Soit. Mais il ne s’agit pas d’une simple erreur de prénom.

- BHL siège désormais au conseil de surveillance du Monde. C’est pourquoi Bernard Cassen a transmis au vice-président dudit conseil de surveillance la lettre qu’il a adressée à Éric Fottorino au sujet des élucubrations de BHL qui « ne contribuent pas au prestige du conseil de surveillance et, partant, à celui du groupe. »

- Lire la réponse du Monde diplomatique : "Une nouvelle ânerie de Bernard-Henri Lévy"

Notes

[1] Ce n’est pas le Bloc identitaire en tant que tel qui a tenté d’assassiner Jacques Chirac, mais Maxime Brunerie, proche d’Unité radicale (UR) – ancêtre dissous du Bloc identitaire – et du Mouvement national républicain (MNR).
[2] Certes, le Cassen de Riposte laïque (Pierre) a été, entre autres (PCF, CGT...), membre de la LCR. Chacun avouera néanmoins que l’on est très loin du « quarteron d’anciens trotskistes »...
[3] Et ce d’autant plus que ce n’est pas la première fois que BHL calomnie le Diplo.

Publié le 24 décembre 2010 par Henri Maler sur Acrimed

http://www.acrimed.org/article3507.html

29/12/2010

Des retraités pas payés...(VIDEO)

Du jamais vu. Une petite bourgade américaine, Prichard, a stoppé net le versement des pensions de ses 150 retraités municipaux. Une décision locale qui pourrait avoir de graves conséquences à l'échelle du pays.

Prichard, Alabama, est une petite ville qui se meurt. Le New-York Times nous rappelle qu'après deux dépôts de bilan, la ville savait qu'elle devait prendre des mesures pour sauvegarder sa caisse de retraite. Pourtant, rien n'a été fait malgré moult mises en demeures judiciaires. Et depuis septembre 2009, elle n'envoie plus aucun chèque à ses retraités municipaux.


Sauve qui peut
Depuis... Nettie Banks, un policier à la retraite de 68 ans, s'est déclaré en banqueroute personnelle. Alfred Arnold, un ancien capitaine des pompiers, 66 ans, a repris le travail comme gardien de sécurité dans un centre commercial pour tenter de conserver sa maison. Eddie Ragland, 59 ans, ex-capitaine de police, a accepté l'aide de collègues après avoir grièvement blessé par un voleur. Il est désormais incapable de se rendre à son nouveau travail d'agent de sécurité à l'aéroport régional. Un ancien pompier est décédé en Juin. Comme beaucoup d'autres, il était trop jeune pour percevoir la sécurité sociale. "Quand ils l'ont trouvé, il avait ni électricité, ni eau courante dans sa maison", a déclaré un ancien de ses collègues.

L'impensable peut parfois se produire
L'exemple de Prichard est un avertissement pour des villes comme Philadelphie et des États comme l'Illinois, le New Jersey, le Colorado, le Minnesota et le Dakota du Sud, dont les fonds de pension sont mis à rude épreuve. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'affaire revient en force dans l'actualité. Les juristes, les analystes et les élus locaux de tout le pays observent l'évolution de la situation avec grand intérêt. L'enjeu est de taille : il s'agit de savoir si une ville peut couper net le versement des pensions à ses retraités. "Prichard, c'est l'avenir", a déclaré Michael Aguirre, l'ancien procureur de San Diego. "Nous sommes tous sur le même tapis roulant. Prichard a juste un peu d'avance".

Flou juridique
Dans le privé, les entreprises sont tenues par la loi de provisionner le montant des retraites promises. A défaut, le gouvernement peut leur infliger des amendes, ou même prendre le contrôle des fonds de pension. En cas de faillite, l'administration fédérale peut prendre en charge la caisse de retraite. Dans tous les cas, les retraités sont assurés de toucher leur pension, même si le montant peut être réduit. Mais cette loi ne couvre pas les travailleurs du secteur public... En mars dernier, un juge a donné raison à la municipalité : Prichard n'est pas légalement obligée de payer ses retraités. Mais les procédures continuent. A suivre.



Une vidéo qui date de mars dernier :


29/12/2010

VIDEO : WikiRebels

"La chaîne de télévision publique suédoise SVT a mis en ligne un documentaire d’une heure autour de WikiLeaks. L’occasion de prendre le temps de revenir sur la genèse, l’idéologie et l’organisation du réseau, les journalistes ayant suivi Assange pendant six mois.
Le documentaire est d’ores et déjà disponible sur YouTube (en quatre parties), mais uniquement en anglais. Si vous en avez le temps et l’envie, n’hésitez pas à faire un tour sur universal subtitles pour participer au sous-titrage de la vidéo." OWNI.fr







23/12/2010

VIDEO : Le fabuleux voyage d’un baril de pétrole

Un documentaire de Mouhcine El Ghomri. Le pétrole est la principale source d’énergie du monde moderne. Son exploitation et sa raréfaction en font un produit cher. Pour mieux comprendre l’évolution de son prix, ce documentaire suit le voyage d’un baril, du Koweït à une station service d’Allemagne… Aussi didactique que possible, ce voyage initiatique a le mérite de faire mieux comprendre les enjeux véritables du pétrole.
Burgan, deuxième gisement pétrolifère de la planète par sa taille, est le point de départ du périple qui amènera le brut jusqu’au consommateur en Europe, essentiellement sous forme de carburant. Les étapes du voyage sont le canal de Suez, le port de Rotterdam et la raffinerie de Gelsenkirchen, en Allemagne, et chacune est un point sensible dans la chaîne d’approvisionnement. En outre, l’or noir ne fait pas qu’alimenter les réservoirs des voitures, les chaudières des maisons ou des usines. Base importante de l’industrie chimique, il se retrouve dans les matières plastiques, mais aussi dans les aliments et les médicaments. L’augmentation des coûts de production participe ainsi à la hausse des prix de nombreux produits d’usage quotidien.
Source Arte. Un documentaire de Mouhcine El Ghomri, Allemagne, 2006, 44′
TROUVÉ SUR MECANOBLOG



23/12/2010

GEAB #50 : Contexte européen et catalyseur US - Explosion de la bulle des dettes publiques occidentales

Ceci est un communiqué public GEAB N°50 (15 décembre 2010)

Le second semestre 2011 marquera le moment où l'ensemble des opérateurs financiers de la planète va finalement comprendre que l'Occident ne remboursera pas une partie importante des prêts réalisés au cours des deux dernières décennies. Pour LEAP/E2020, c'est en effet vers Octobre 2011, du fait du plongeon d'un grand nombre de villes et d'états américains dans des situations financières inextricables suite à la fin du financement fédéral de leurs déficits, tandis que l'Europe fera face à un besoin très important de refinancement de ses dettes (1), que cette situation explosive se dévoilera dans toute son ampleur. L'amplification médiatique de la crise européenne en matière de dettes souveraines des pays périphériques de l'Euroland aura créé le contexte porteur pour une telle explosion dont le marché américain des « Munis » (2) vient d'ailleurs de donner un avant-goût en Novembre 2010 (comme anticipé par notre équipe dès Juin dernier dans le GEAB N°46 ) avec un mini-crash qui a vu s'envoler en fumée tous les gains de l'année en quelques jours. Cette fois-ci ce krach (y compris la faillite du réassureur monoline Ambac (3)) a pu se dérouler en toute discrétion (4) puisque la machine médiatique anglo-saxonne (5) a réussi à focaliser l'attention mondiale sur un nouvel épisode de la sitcom fantaisiste « La fin de l'Euro ou le remake monétaire de la grippe H1N1 » (6). Pourtant la simultanéité des chocs aux Etats-Unis et en Europe constitue une configuration très inquiétante, comparable selon notre équipe au choc « Bear Stearn » qui précéda de huit mois la faillite de Lehman Brothers et l'effondrement de Wall Street en Septembre 2008. Mais les lecteurs du GEAB savent bien que les chocs importants font rarement la une des médias plusieurs mois à l'avance, alors que les fausses alertes en sont coutumières (7) !

Dans ce numéro 50 du GEAB, nous anticipons donc l'évolution de ce choc terminal des dettes publiques occidentales (en particulier des dettes américaines et européennes) ainsi que les moyens pour s'en prémunir. Par ailleurs, nous analysons les conséquences structurellement très importantes des révélations de Wikileaks sur l'influence internationale des Etats-Unis ainsi que leur interaction avec les conséquences globales du Quantitative Easing II programmé par la Réserve fédérale US. Ce numéro de Décembre du GEAB est bien entendu l'occasion d'évaluer la pertinence de nos anticipations pour 2010, avec cette année un taux de succès de 78%. Nous développons également des conseils stratégiques pour l'Euroland (8) et les Etats-Unis. Et nous publions l'index GEAB-$ qui permettra désormais chaque mois de suivre synthétiquement l'évolution du Dollar US par rapport aux principales devises mondiales (9).

Dans ce communiqué public du GEAB N°50, nous avons choisi de présenter un extrait de l'anticipation sur l'explosion de la bulle des dettes publiques occidentales.

Ainsi, la crise de l'endettement public occidental s'accentue très rapidement sous la pression de quatre contraintes de plus en plus fortes :

. l'absence de reprise économique aux Etats-Unis qui étrangle l'ensemble des collectivités publiques (y compris l'état fédéral (10)) habituées ces dernières décennies à un endettement aisé et à des recettes fiscales importantes (11)

. l'affaiblissement structurel accéléré des Etats-Unis tant en matière monétaire, financière que diplomatique (12) qui réduit leur aptitude à attirer l'épargne mondiale (13)

. le tarissement mondial des sources de financement à bon marché qui précipite la crise de surendettement des pays périphériques européens (de l'Euroland comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal l'Espagne, … et aussi du Royaume-Uni (14)) et commence à toucher les pays-clés (USA, Allemagne, Japon (15)) dans un contexte de refinancement très important des dettes européennes en 2011

. la transformation de l'Euroland comme nouveau « souverain » qui élabore progressivement de nouvelles règles du jeu pour les dettes publiques du continent.

Ces quatre contraintes génèrent des phénomènes et des réactions variables selon les régions/pays.
Evolution des sorties nettes des SICAV (mutual funds) investies dans les « Munis » (2007-11/2010) (en milliards USD) - Ces sorties ont été supérieures à celles d'Octobre 2008 - Source : New York Times, 11/2010
Evolution des sorties nettes des SICAV (mutual funds) investies dans les « Munis » (2007-11/2010) (en milliards USD) - Ces sorties ont été supérieures à celles d'Octobre 2008 - Source : New York Times, 11/2010

Le contexte européen : le chemin du laxisme à la rigueur sera en partie payé par les investisseurs

Comparaison des rendements sur les obligations d'état à 10 ans dans l'Euroland - Source : Thomson Reuters Datastream, 16/11/2010
Comparaison des rendements sur les obligations d'état à 10 ans dans l'Euroland - Source : Thomson Reuters Datastream, 16/11/2010
Du coté européen, on assiste ainsi à la transformation laborieuse, mais finalement incroyablement rapide, de la zone Euro en une sorte d'entité semi-étatique, l'Euroland. Le côté laborieux du processus ne tient pas uniquement à la faible qualité du personnel politique concerné (16) comme le martèlent à longueur d'interviews les « ancêtres » comme Helmut Schmidt, Valéry Giscard d'Estaing ou Jacques Delors. Eux-mêmes n'ayant jamais eu à faire face à une crise historique de cette ampleur, un peu de modestie leur ferait du bien.

Ce côté laborieux vient également du fait que les évolutions en cours dans la zone Euro sont d'une ampleur politique gigantesque (17) et qu'elles sont effectuées sans aucun mandat politique démocratique : cette situation tétanise les dirigeants européens qui du coup passent leur temps à nier qu'ils sont bien en train de faire ce qu'ils font, à savoir, bâtir une sorte d'entité politique qui va se doter de composantes économiques, sociales, fiscales, … (18) Elus avant que la crise n'éclate, ils ne savent pas que leurs électeurs (et du même coup les acteurs économiques et financiers) se satisferaient dans leur majorité d'une explication sur le cours des décisions prévues (19). Car la plupart des grandes décisions à venir sont déjà identifiables, comme nous l'analysons dans ce numéro du GEAB.

Enfin, il tient au fait que les actions de ces mêmes dirigeants sont disséquées et manipulées par les principaux médias spécialisés dans les questions économiques et financières, dont aucun n'appartient à la zone Euro, et qui tous au contraire sont ancrées dans la zone $/£ où le renforcement de l'Euro est considéré comme une catastrophe. Ces mêmes médias contribuent très directement à brouiller encore plus le processus en cours dans l'Euroland (20).

Cependant, on peut constater que cette influence néfaste diminue puisque, entre la « crise grecque » et la « crise irlandaise », la volatilité induite sur la valeur de l'Euro s'est affaiblie. Pour notre équipe, au printemps 2011 elle deviendra un phénomène négligeable. Il ne restera donc plus que la question de la qualité du personnel politique de l'Euroland qui sera profondément renouvelé à partir de 2012 (21) ; et, plus fondamental, le problème considérable de la légitimité démocratique des formidables avancées en matière d'intégration européenne (22). Mais d'une certaine manière, on peut dire que d'ici 2012/2013, l'Euroland aura bien mis en place les mécanismes qui lui auront permis de résister au choc de la crise, même s'il lui faudra légitimer a posteriori leur existence (23).
Comparaison des risques de défaut sur dette souveraine et du risque de contagion (en bleu : risque de défaut ou de renflouement / en rouge : risque de contagion) - Source : MarketOracle, 11/2010
Comparaison des risques de défaut sur dette souveraine et du risque de contagion (en bleu : risque de défaut ou de renflouement / en rouge : risque de contagion) - Source : MarketOracle, 11/2010
En la matière, ce qui va contribuer à accélérer l'explosion de la bulle des dettes publiques occidentales, et qui interviendra de manière concomitante pour son catalyseur US, est la compréhension par les opérateurs financiers de ce qui se cache derrière le débat des « Eurobligations » (ou E-Bonds) (24) dont on commence à parler depuis quelques semaines (25). C'est à partir de la fin 2011 (au plus tard) que le fond de ce débat va commencer à être dévoilé dans le cadre de la préparation de la pérennisation du Fonds Européen de Stabilisation Financière (26). Or, ce qui apparaîtra brusquement pour la majorité des investisseurs qui spéculent actuellement sur les taux exorbitants des dettes grecques, irlandaises, etc …, c'est que la solidarité de l'Euroland ne s'étendra pas jusqu'à eux, notamment quand se poseront les cas de l'Espagne, de l'Italie ou de la Belgique, quoiqu'en disent les dirigeants européens aujourd'hui (27).

En bref, selon LEAP/E2020 il faut s'attendre à une immense opération d'échanges de dettes souveraines (sur fond de crise globale en matière de dettes publiques) qui verra offrir des Eurobligations garanties par l'Euroland à des taux très bas contre des titres nationaux à taux élevés avec une décote de 30% à 50% puisque, entre temps, la situation de l'ensemble du marché des dettes publiques occidentales se sera dégradée. Les dirigeants de l'Euroland nouvellement élus (28) (après 2012) seront démocratiquement très légitimes à réaliser une telle opération dont les grandes banques (y compris européennes (29)) seront les premières victimes. Il est fort probable que quelques créanciers souverains privilégiés comme la Chine, la Russie, les pays pétroliers, … se verront proposer des traitements préférentiels. Ils ne s'en plaindront pas puisque l'opération aura notamment pour conséquence de garantir leurs importants avoirs en Euros.
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IMPORTANT : Les versions anglaise et allemande du livre de Franck Biancheri « Crise mondiale : En route pour le monde d'après – Europe et monde dans la décennie 2010-2020 » sont désormais disponibles. Vous pouvez les commander directement sur le site des éditions Anticipolis (www.anticipolis.eu).
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Notes
:

(1) Plus de 1.500 milliards € par an en 2011 et 2012, en incluant bien entendu le Royaume-Uni.


(2) C'est le marché des bons municipaux US (les «
Munis ») qui sert à financer les infrastructures locales de transport, de santé, d'éducation, d'assainissement, … Il pèse près de 2.800 milliards USD.

(3) Source :
Reuters, 08/11/2010

(4) Dans un article du 20/11/2010,
SafeHaven s'étonne d'ailleurs ouvertement de l' « omerta » des grands médias financiers sur le sujet.

(5) Le Financial Times a par exemple recommencé depuis un mois à consacrer deux ou trois articles par jour en une de son site à la soi-disant « crise de l'Euro » ainsi qu'à manipuler les informations comme les déclarations des dirigeants allemands, afin de créer artificiellement des sentiments d'inquiétude. Enfin, même certains médias français commencent à se rendre compte de la formidable machine d'Agitprop qu'est devenue le Financial Times comme le prouve ce récent article de
Jean Quatremer du journal Libération.

(6) A titre de comparaison, aucun investisseur n'a perdu d'argent dans les « épisodes grecs et irlandais » de la « crise de l'Euro », alors qu'ils sont des dizaines de milliers à avoir perdu des sommes très importantes dans le récent crash des Munis US … pourtant les médias parlent du premier et pas du second.


(7) Comme déjà analysé dans les GEAB précédents, LEAP/E2020 tient à rappeler que le discours sur la « crise de l'Euro » est du même ordre que celui sur l'épidémie de grippe H1N1 il y a un an, à savoir une vaste opération de manipulation d'opinions publiques destinée à servir deux objectifs : d'une part, détourner l'attention des opinions publiques de problèmes plus graves (avec H1N1, c'était la crise elle-même et ses conséquences socio-économiques ; avec l'Euro, c'est tout simplement pour détourner l'attention de la situation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni) ; d'autre part, servir les buts d'opérateurs très intéressés à créer cette situation de crainte (pour H1N1 c'était les laboratoires pharmaceutiques et autres prestataires connexes ; pour l'Euro, ce sont les opérateurs financiers qui gagnent des fortunes en spéculant sur les dettes publiques des pays concernés (Grèce, Irlande, …). Mais tout comme la crise de la grippe H1N1 s'est terminée en mascarade avec des gouvernements empêtrés dans des stocks monstrueux de vaccins et de masques sans plus de valeur, la soi-disant crise de l'Euro va se finir avec des opérateurs qui devront convertir à vil prix leurs bons si « rentables » tandis que ce sont leurs Dollars qui continueront à se dévaluer. L'été 2010 a pourtant déjà montré la direction des évènements. Source :
Bloomberg, 18/11/2010

(8) Conformément à la
méthodologie d'anticipation politique, notre équipe a bien entendu examiné depuis plusieurs années la possibilité que l'Euro disparaisse ou s'effondre. Sa conclusion est sans appel car nous n'avons identifié qu'une seule configuration où une telle évolution serait réalisable : il faudrait qu'au moins deux Etats importants de la zone Euro soient dirigés par des forces politiques souhaitant renouer avec les conflits intra-européens. Cette option a, selon notre équipe, une probabilité égale à zéro pour les deux prochaines décennies (notre durée maximale d'anticipation en matière politique). Donc, exit ce scénario, même si cela rend triste certains nostalgiques du Deutsche Mark, du Franc … , certains économistes qui croient que la réalité prête la moindre attention aux théories économiques, et certains Anglo-Saxons qui ne peuvent imaginer sans douleur un continent européen qui trace son chemin économique et financier sans eux. Même Mervyn King, le patron de la Banque d'Angleterre, croit à une intégration accélérée de la zone Euro sous l'effet de la crise, d'après Wikileaks qui relate ses conversations avec des diplomates américains (source : Telegraph, 06/12/2010). Notre travail, pour ce qui est de l'Euro, se concentre donc sur l'anticipation du laborieux parcours d'adaptation de la zone Euro à son nouveau statut d'Euroland, dans le contexte de la crise systémique globale. Au passage, il est utile de noter que cette débauche de critiques et analyses que prodiguent pour l'essentiel les médias américains et surtout britanniques a une utilité indéniable pour les responsables de l'Euroland : elle éclaire tous les recoins du chemin de la zone Euro, condition sine qua non pour éviter les écueils. C'est paradoxal, mais c'est un avantage dont ne bénéficient ni les dirigeants britanniques, ni les dirigeants américains … sauf quand ils lisent GEAB.

(9) Et non pas par rapport à des devises « sur mesure » comme c'est le cas pour le
Dollar Index.

(10) Le New York Times a mis en ligne un jeu très instructif intitulé « Vous réglez le problème budgétaire » qui permet à chaque internaute de tenter de rétablir l'état des finances publiques fédérales en fonction de ses priorités socio-économiques et politiques. N'hésitez pas à vous placer dans la peau d'un décideur de Washington et vous constaterez que seule la volonté politique manque pour régler le problème. Source :
New York Times, 11/2010

(11) Sources :
CNBC, 26/11/2010 ; Le Temps, 10/12/2010 ; USAToday, 30/11/2010 ; New York Times, 04/12/2010

(12) Les Etats-Unis finançant leurs déficits par une ponction quotidienne énorme de l'épargne mondiale disponible, la crédibilité et l'efficacité diplomatique du pays sont donc deux paramètres essentiels pour sa survie financière. Or les récentes révélations de Wikileaks sont très dommageables à la crédibilité du Département d'Etat, tandis que le récent échec complet des nouvelles négociations Israël-Palestine illustre une inefficacité croissante de la diplomatie américaine, déjà bien sensible lors du dernier G20 de Séoul. Voir analyse plus détaillée dans ce GEAB N°50. Sources :
Spiegel, 08/12/2010 ; YahooNews, 07/12/2010 ; YahooNews, 08/12/2010

(13) Même les responsables chinois estiment que la situation fiscale américaine est nettement pire que celle de l'Euroland. Source :
Reuters, 08/12/2010

(14) Islande, Irlande … Royaume-Uni, Etats-Unis, c'était la suite infernale de l'insolvabilité souveraine qu'avait anticipée LEAP/E2020 il y a plus de deux ans. Le processus suit son cours à une vitesse plus lente que nous l'avions prévue mais l’année 2011 risque de s'avérer une année de « rattrapage ». Le Royaume-Uni tente actuellement de se sauver au prix d'une formidable amputation socio-économique dont les violences étudiantes, y compris contre la famille royale (phénomène rarissime), témoignent de l'impopularité. Mais l'ampleur de son endettement, son isolement financier et le sauvetage par l'Etat de ses bombes bancaires (comme l'a fait l'Irlande) rendent cette fuite en avant très périlleuse, socialement, économiquement et financièrement. Quant aux Etats-Unis, leurs dirigeants semblent tout faire (en « ne faisant rien ») pour s'assurer que 2011 soit vraiment l'année de la «
Chute du Mur Dollar » comme l'avait anticipé LEAP/E2020 en Janvier 2006.

(15) Comme le souligne Liam Halligan dans le
Telegraph du 11/12/2010, cette évolution des taux ne présage rien de bon pour la dette US et traduit ce que l'équipe de LEAP/E2020 a anticipé il y a plus de deux ans déjà : nous atteignons le moment de vérité où l'épargne mondiale disponible ne suffit plus à satisfaire les besoins de l'Occident, et en particulier le besoin gargantuesque des Etats-Unis.

(16) Elément souligné depuis plus de quatre ans par l'équipe du GEAB.


(17) Fonds Européen de Stabilisation Financière, réglementation des hedge funds, limitation drastique des bonus bancaires, réglementation stricte des agences de notation, surveillance budgétaire, prochain renforcement de l'ensemble de la régulation financière du marché intérieur européen, première agence de notation de l'Euroland, … Sources :
European Voice, 26/10/2010 ; Deutsche Welle, 05/11/2010 ; Reuters, 13/07/2010 ; ABBL, 08/12/2010 ; BaFin, 16/11/2010

(18)
Wolfgang Schauble, le ministre des Finances allemand est pour l'instant le seul homme politique à oser clairement annoncer la couleur dans sa récente interview au magazine populaire Bild, dans laquelle il indique que, d'ici dix ans, les pays de l'Euroland auront réalisé une véritable intégration politique. Karl Lamers, son collègue en charge des affaires européennes au sein de la CDU identifie quant à lui la crise à une chance pour l'Europe et pour l'Allemagne, tout comme d'ailleurs la trop rare voix américaine de Rex Nutting dans le Wall Street Journal du 08/12/2010. Côté technocrate, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, appelle lui à une « fédération budgétaire » de l'Euroland. Sources : EUObserver, 13/12/2010 ; DeutschlandFunk, 09/12/2010 ; EUObserver, 01/12/2010

(19) Depuis plus d'une décennie, les opinions publiques des pays de l'Euroland sont en effet beaucoup plus « intégrationnistes » que leurs élites. Ainsi, le rejet du projet de Constitution européenne en 2005 en France et aux Pays-Bas n'aurait jamais eu lieu sans la participation d'une partie des « pro-Européens » au vote « Non ». Ils rejetaient ainsi ce qu'ils estimaient être un projet trop timide en matière politique, démocratique et sociale.


(20) Les dirigeants européens sont un peu comme la tortue de la fable de Jean de La Fontaine «
Le lièvre et la tortue » … mais dont la course serait commentée par des lièvres !

(21) A ce propos, ces futurs dirigeants politiques de l'Euroland seraient bien inspirés de s'entraîner à apprendre au plus vite à gérer l'Euroland grâce aux deux jeux interactifs,
Economia et Inflation Island, que la Banque Centrale Européenne vient de mettre à disposition du public.

(22) Comme le répète LEAP/E2020 depuis près de deux ans, l'austérité européenne n'est politiquement viable que si elle s'accompagne d'une indéniable équité fiscale et sociale et de la mise en place de grands projets démocratiques et sociaux à l'échelle de l'Euroland. C'est là que se trouve à moyen/long terme la vraie faiblesse de l'Euroland ; pas dans les dettes souveraines des pays périphériques. En guise d'illustration de cet aspect, il est utile de regarder la très intéressante série de reportages vidéos que le
New York Times a réalisée au cours de l'été 2010, intitulée « The Austerity Zone: Life in the New Europe ».

(23) Au vu de l'évidente difficulté des élites américaines à comprendre les processus en cours en Europe, LEAP/E2020 souhaite apporter sa contribution au débat qui fait actuellement rage sur les campus universitaires US où l'austérité budgétaire entraîne des coupes sombres dans les enseignements linguistiques. Un exemple parfait des deux tendances semble être
Richard N. Haas, ancien responsable clé de l'US State Department de l'administration de GW Bush, et maintenant le président de l'influent Council of Foreign Relations, qui préconise fortement de bouter les langues française, allemande et russe hors des campus américains. Avec de tels conseillers "éclairés et honnêtes", (définis comme ayant « un déficit intellectuel » pour comprendre le monde au 21e siècle lors des séminaires GlobalEurope de La Haye et Washington en 2004/2005), les étudiants américains sont condamnés à être de moins en moins en mesure de comprendre le monde de demain. Par conséquent, LEAP/E2020 estime opportun de diffuser à nouveau son anticipation de 2007 intitulée 'Quelles langues parleront les Européens en 2025?'.

(24) Ce seront des obligations qui seront empruntées par l’ensemble des pays de l'Euroland et par d'autres états-membres de l'UE qui souhaiteront s'y associer comme l'ont fait en Mai 2010 les autres pays, sauf le Royaume-Uni, pour le Fonds Européen de Stabilisation Financière.


(25) Malgré les dénégations des officiels français et allemands, ces Eurobligations sont au menu de toutes les discussions informelles des dirigeants de l'Euroland. Source :
Euroinvestor, 10/12/2010

(26) Il est probable d'ailleurs que la montée en puissance des renouvellements politiques prévus en France dès le Printemps 2012, et peut-être à cette date aussi en Allemagne, feront de ces sujets de vrais thèmes de campagne dès la fin de l'été 2011.


(27) Liam Halligan, décidément l'un des meilleurs observateurs britanniques de la crise globale, a ainsi tout-à-fait raison de souligner dans le
Telegraph du 27/11/2010 qu'Angela Merkel (et bien d'autres responsables de l'Euroland) a bien l'intention de faire payer aux investisseurs une part significative de leurs paris irlandais, grecs, … Mais cela se fera de manière organisée, selon une stratégie efficace et brutale dont les Etats forts ont l'habitude ; pas dans la panique, à l'occasion d'une mini-crise.

(28) Et dont nous répétons que, selon nos anticipations, ils seront probablement les dirigeants politiques les plus indépendants du lobby bancaire depuis les années 1990.


(29) Ce sera aussi un moyen organisé de réduire « manu militari » le bilan dégradé des grandes banques européennes.

 
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