27/09/2010
24/09/2010
The Cremation of Care
12:25 PM
b-brr
Une vidéo trouvée il y a bien longtemps. J'avais entendu parlé du Bohemian Club et d'une cérémonie menée par ce groupe appelée "The Cremation of Care". Cette vidéo ne présente en rien la cérémonie mais plutôt une conception de la vie sur terre.
Sérendipité, toujours.
23/09/2010
Pourquoi je n'irai pas manifester
1:16 PM
b-brr
Publié le 22 septembre 2010 par Agnès Maillard sur Nosotros Incontrolados
Essentiellement parce qu'il faut arrêter de prendre les imbéciles pour des cons.
J'y étais. Si, si, j'y étais. Avec monsieur Monolecte qui avait lâché une journée de SMIC pour l'occasion. Deux heures de route, une sourde colère et une ferme intention de voter avec nos pieds ; puisque nos voix se noient dans le brouhaha des sonos et se heurtent à l'autisme corporatiste de ceux qui prétendent nous gouverner.
J'y étais, donc, avec des milliers, des dizaines de milliers d'autres, plus de 2 millions, en tout, juste pour dire qu' on ne voulait pas payer leur crise, une fois de plus.
J'y étais pour dire non. Un non ferme et sans ambiguïté aucune. Le refus de la énième réforme scélérate, pour laquelle ils n'ont jamais été mandatés, laquelle ne résout rien, n'arrange rien, hormis les intérêts bien protégés du MEDEF.
J'y étais pour dire non. Non à l'aggravation des inégalités. Non à la désintégration lente et continue, par petits morceaux patients, de notre système de solidarité sociale, notre dissolution à notre corps défendant dans le grand et immonde « marche ou crève » global.
Donc, j'ai marché.
Donc, nous nous sommes comptés et nous avons vu que nous étions nombreux, que nous sommes le peuple et que nous ne voulons pas d'un recul de plus.
Donc, nous avons montré notre puissance et notre détermination et nous étions tous déterminés et prêts à faire ce qu'il faut pour le retrait inconditionnel de cette énième saloperie, de ce pas de plus vers la jungle capitalo-libérale que nous rejetons de toutes les fibres de notre être.
Donc, nous avons déferlé et là, on nous a invités à gentiment rentrer chez nous et à ne surtout pas faire de vagues en attendant que la loi passe dans la plus pitoyable des parodies de démocratie.
J'y étais, donc, avec des milliers, des dizaines de milliers d'autres, plus de 2 millions, en tout, juste pour dire qu' on ne voulait pas payer leur crise, une fois de plus.
J'y étais pour dire non. Un non ferme et sans ambiguïté aucune. Le refus de la énième réforme scélérate, pour laquelle ils n'ont jamais été mandatés, laquelle ne résout rien, n'arrange rien, hormis les intérêts bien protégés du MEDEF.
J'y étais pour dire non. Non à l'aggravation des inégalités. Non à la désintégration lente et continue, par petits morceaux patients, de notre système de solidarité sociale, notre dissolution à notre corps défendant dans le grand et immonde « marche ou crève » global.
Donc, j'ai marché.
Donc, nous nous sommes comptés et nous avons vu que nous étions nombreux, que nous sommes le peuple et que nous ne voulons pas d'un recul de plus.
Donc, nous avons montré notre puissance et notre détermination et nous étions tous déterminés et prêts à faire ce qu'il faut pour le retrait inconditionnel de cette énième saloperie, de ce pas de plus vers la jungle capitalo-libérale que nous rejetons de toutes les fibres de notre être.
Donc, nous avons déferlé et là, on nous a invités à gentiment rentrer chez nous et à ne surtout pas faire de vagues en attendant que la loi passe dans la plus pitoyable des parodies de démocratie.
Les syndicats nous ont trahis
Je sais, ce n'est pas nouveau, mais maintenant, au moins, nous en avons la preuve, la certitude.
Ils ne représentent plus rien que les intérêts convergents de leurs dirigeants et de la classe possédante.
Ils nous ont fait défiler comme des cons de moutons derrière leur sono de merde destinée à étouffer nos slogans, nos voix, notre colère, à mieux nous contrôler, nous canaliser, nous utiliser pour leur propre profit.
Ils amusent la galerie.
Ils ne représentent plus rien que les intérêts convergents de leurs dirigeants et de la classe possédante.
Ils nous ont fait défiler comme des cons de moutons derrière leur sono de merde destinée à étouffer nos slogans, nos voix, notre colère, à mieux nous contrôler, nous canaliser, nous utiliser pour leur propre profit.
Ils amusent la galerie.
Ils canalisent la légitime colère du peuple que l'on dépouille.
Et surtout, font tout, pour que le démantèlement de notre protection sociale commune au profit des officines privées où leurs places sont déjà assurées, se fasse tout en douceur, avec des grèvounettes qui ont cela de bien qu'elles ne dérangent plus personne, et surtout pas la bonne marche des affaires qui se négocient sur notre dos.
Demain, je n'irai pas manifester.
Parce que je n'ai pas l'intention de servir la soupe une fois de plus aux sociaux traîtres de tous bords.
Ils lancent leurs petites journées de promenade de santé, juste pour faire la démonstration de leur capacité de mobilisation, démontrer qu'eux seuls ont le monopole de la contestation, qu'ils restent les interlocuteurs uniques avec lesquels les gérants des caisses noires du MEDEF peuvent négocier.
La petite démonstration de légitimité des syndicats, de leur aptitude à nous maintenir
bien sages et bien mignons dans la contestation qui ne sert à rien, ils peuvent se la garder.
La seule chose qui marche et qui a toujours marché contre les lois injustes et les administrations qui gouvernent contre le peuple, c'est la grève générale et illimitée, c'est le moment où nous cessons enfin de nourrir l'ogre du profit avec notre peine, notre temps et le meilleur de nous-mêmes.
La seule chose qui marche et qui a toujours marché contre les lois injustes et les administrations qui gouvernent contre le peuple, c'est la grève générale et illimitée, c'est le moment où nous cessons enfin de nourrir l'ogre du profit avec notre peine, notre temps et le meilleur de nous-mêmes.
Aucune négociation !
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/article-pourquoi-je-n-irai-pas-manifester-par-agnes-maillard-le-monolecte-57559961.html
23/09/2010
1:13 PM
b-brr
Publié le 22 septembre 2010 par Fabrice Epelboin sur Read Write Web
La bataille entamée ce week end par les hordes de 4chan contre la RIAA, la MPAA et le BPI ne semble pas prête de s’arrêter.
Une nouvelle cible vient d’être désignée : ACS:Law, l’un des cabinets d’avocats les plus haïs de Grande Bretagne, qui travaille à la lutte contre les pirates. Leur site est encore hors service à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais il n’est pas évident de savoir si les lignes téléphoniques, les fax et les connections internet du cabinet d’avocat sont hors d’usage ou pas.
La dernière fois qu’une attaque avait ainsi été lancée contre un cabinet d’avocats travaillant pour les ayants droit, c’est l’ensemble de leurs moyens de communication qui avait été mis hors service durant une dizaine de jours.
TorrentFreak a pu échanger avec l’un des organisateurs de ces attaques qui lève le voile sur l’organisation mise en place par les Anonymous.
Il en ressort plusieurs détails intéressants : coordination et vote destiné à désigner les cibles ont été faits au sein d’un chatroom IRC, qui a réuni lors des dernières attaques plus de 700 participants (ce qui est énorme pour un chatroom IRC). Les instructions sont ensuite diffusées via 4chan afin de réunir des troupes en nombre.
Les installations internet de la société d’avocat ACS:Law n’ont pas fait long feu :
«Après avoir annoncé qu’ils étaient notre nouvelle cible, leur site web est tombé imédiatement» confie l’un des assaillant.
«La vaste majorité des assaillants sont recrutés sur 4chan, et toutes les cibles sont publiées sur 4chan avec un ‘poster’ pour chacune d’entre elle». «Une fois qu’une opération de cette ampleur a été mise en place, le centre de commandement n’est jamais 4chan, c’est habituellement un chatroom, dont les ordres sont ensuite relayés sur 4chan.»
«C’est le même dispositif qui avait été utilisé lors [de l’attaque contre l’église de Scientologie] et l’opération Titstorm [qui a mis hors service les sites web du gouvernement Australien].»
Plus intéressant encore, la révélation que les ayants droits ne se contentent pas de subir passivement les attaques, ils contre attaquent également, et parfois avec succès.
On apprend ainsi que durant l’attaque contre le BPI, les chat IRC utilisés pour coordonner les attaques ont été à leur tour attaqués, privant ainsi les Anonymous de leur centre de commande et faisant échouer l’attaque contre le BPI. Trois des serveurs IRC utilisés par les Anonymous ont ainsi été attaqués.
Il est utile de le préciser à ce stade, cette course aux armement, provoqué par les seuls ayants droit et ce malgré des avertissements on ne peut plus clairs, est la raison du déclenchement de cette bataille dont personne aujourd’hui n’est en mesure de savoir si c’est au début d’une guerre que nous assistons ou juste à une échauffourée.
23/09/2010
Les ayants droit durement touchés par une contre attaque de hackers
1:10 PM
b-brr
Publié le 20 septembre par Fabrice Epelboin sur Read Write Web
Faire de la prospective est une chose, voir se réaliser ses pires prédictions en est une autre : trois mois à peine après que nous ayons de façon très explicite prévenu les ayants droits, lors d’une réunion à l’assemblée nationale, des dangers d’une course aux armements, voici que ces même ayants droits essuient, et ce n’est qu’un début, une attaque sans merci. Celle-ci aura le mérite de mettre les choses au clair pour ce qui est de jauger du rapport de force entre ayants droit et internautes. La ligne jaune a été franchie par AiPlex Software, une entreprise travaillant pour les ayants droits, et qui a adopté des méthodes particulièrement agressives, allant jusqu’à faire des attaques informatiques DDOS sur les sites ‘pirate’.
Lancée sur 4chan, par les célèbres Anonymous, la contre attaque s’est opérée sur le même mode que la guerre qu’avait livré 4chan à la Scientologie : distribution d’armes à la population civile (en l’occurrence un utilitaire appelé LOIC, très simple d’emploi, permettant d’attaquer un site), et parfaite coordination, afin d’attaquer un site précis à une heure donnée. Un nombre «très impressionnant» (selon nos informateurs) de personnes se sont joints à l’attaque, provocant la disparition pure et simple de la présence internet des sites web visés.
Ce n’est pas la première contre attaque de ce type, l’année dernière, l’opération Baylout avait visé le cabinet d’avocats défendant les intérêts de plusieurs studios Hollywoodiens. Téléphone, fax, internet : durant près de deux semaines, l’entreprise s’est ainsi retrouvée paralysée.
Bigger, better, stronger
Mais cette fois-ci, l’opération de ces derniers jours contre la RIAA, la MPAA et AiPlex, les équivalents américains de la SCPP, de la IFPI ou de sociétés comme TMG ou Vedicis qui préparent, en Europe, l’instauration de la surveillance généralisée des populations, sont d’une ampleur sans précédent.
Nos contacts au sein du milieu des hackers sont eux même étonnés de l’ampleur pris par la contre attaque, mais s’inquiètent particulièrement du coté intransigeant de ceux qui sont derrière ces attaques.
«Avec ce groupe, issu de ‘grey hats’, il n’y a pas de discussion possible, on est monté d’un cran». «Ces attaques sont sans précédent, rien à voir avec l’opération Baylout de l’année dernière, le nombre de personnes qui ont participé est sans précédent».
Resistance is futile
En distribuant massivement des armes à la population, la stratégie a consisté à faire entrer dans la bataille des internautes issus «d’une quarantaine de pays différents». Il ne s’agit ni plus ni moins de lever une armée, et les anonymous ont prouvé qu’ils étaient en mesure de le faire au delà de tout ce que l’on avait pu imaginer jusqu’ici.
Ce type d’action, que TorrentFreak n’hésite pas à qualifier de «manifestation du futur» est d’une efficacité redoutable. Il n’existe pas pour l’instant de parade. Seul quelques très rares sociétés de sécurité sont en mesure de proposer des hébergement susceptibles de résister à ce telles attaques, faisant exploser au passage les coûts de l’hébergement, ce qui ne résout, au final, qu’une partie du problème, la mise à mort des sites web des ayants droits n’étant que la partie visible des dégâts infligés.
All your base are belong to us
A l’origine de l’attaque, les Anonymous, ce groupe constitué d’inconnus qui se retrouve sur le célèbre 4chan. Informelle, mouvante et très disciplinée, les troupes de volontaires qui se sont joint, cette fois-ci, aux attaques, sont d’une ampleur sans précédent. Parfois comique, comme quand les attaques consistent à télécharger en masse du porno sur Youtube, parfois engagés comme dans le cas de la lutte à mort des Anonymous contre la scientologie ou les attaques qui ont fait suite à la censure de l’internet par le gouvernement Australien, la dernière bataille contre les ayants droits a recueilli dans le grand public une adhésion incroyable.
La meute de volontaires qui se sont joints a l’attaque a fait toute la différence, et a montré aux ayants droit la formidable capacité à lever une armée qu’ont désormais les adversaires des ayatollahs du copyright.
Le déroulé des attaques ne laisse aucune doute, il ne s’agit plus désormais de coup de semonces, mais bien du déclenchement d’une véritable guerre mondiale d’un nouveau genre, dans laquelle des civils prennent les armes contre des sociétés privés. Il y a toutes les chances pour que le terrain des opérations se déplace tôt ou tard dans des terres où les ayatollahs du copyright sont sur le point de prendre le pouvoir et d’imposer leur vision de l’internet : la France.
Interrogé sur les cibles potentielles dans le cas d’une francisation du conflit, les contacts que nous avons interrogés dans les milieux du hacking Français sont catégoriques : «la cible, en France, sera les industriel des contenus, tel que Vivendi et SFR, Orange, ou encore TF1». Au delà de leurs sites, ce sont les infrasctructures qui pourraient être visées, pouvant aller jusqu’à paralyser certains fournisseurs d’accès à internet.
En cas de mise en place de Deep Packet Inspection sur le réseau internet Français, nos contacts nous confirment que «il sera très aisé de viser les équipements en coeur de réseau afin de leur porter des coups très durs».
Alea Jacta Est
Reste à voir si les ayants droits vont continuer la course aux armements qu’ils ont, de leur propre chef, entamé, et si l’Etat va enfin réaliser qu’un tel conflit peut dégénérer au point de porter atteinte à la sécurité nationale à avoir des conséquences économiques sérieuses.
Il sera également intéressant de voir si le symbole de ce conflit ouvert entre ‘pirates’ et ayants droits en France, l’Hadopi, va entendre le message et se repositionner dans une attitude plus ouverte, quitte à laisser adoucir voir abandonner discrètement le volet répressif qui, face à l’armée désormais constituée contre les ayatollah du copyright, fait doucement rigoler.
Le prochain mouvement du coté des ayants droits sera vraisemblablement de requalifier les faits en terrorisme, mais à l’heure des déportations, cela pourrait être perçu, surtout si cela vient d’un parti qui se réclame encore du Gaullisme, comme un compliment.
22/09/2010
22/09/2010
22/09/2010
Germaneau : la main de l'Algérie dans le fiasco militaire français
1:16 AM
b-brr
Publié le 9 aout 2010 par Jeremy Keenan sur Rue89
Selon l'anthropologue spécialiste du Sahel, l'Algérie savait que l'opération du 22 juillet au Mali ne sauverait pas l'otage français.
Anthropologue britannique, spécialiste reconnu de la zone sahélienne, Jeremy Keenan affirme dans cet article que c'est la Sécurité militaire algérienne qui a conduit la France dans le fiasco de son opération militaire du 22 juillet au Mali, destiné à sauver l'otage Michel Germaneau.
Selon lui, l'armée algérienne a participé à l'une des deux opérations conduites ce jour-là, tout en sachant que l'otage français ne s'y trouvait pas ou plus.
Les accusations portées par Jeremy Keenan contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d'Algérie rejoignent les doutes exprimés par certains responsables français pour qui Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) « avance au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Ce qui n'a pas empêché, selon l'auteur, le gouvernement français de tomber dans un piège lourd de conséquences.
Nous avons traduit cet article, initialement diffusé par le site anglophone d'Al Jazeera, avec son autorisation, car il apporte de nombreux éléments d'information, et pose de sérieuses questions sur une opération toujours entourée de beaucoup de mystère.
Le raid français au Mali, le 22 juillet, en vue de libérer l'otage français capturé dans le nord du Niger en avril, et qui était détenu par Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), a été un désastre absolu. Il est clair, depuis cette date, que la France, la Mauritanie et l'Algérie, ont tout fait pour camoufler ce qui s'est réellement passé.
Après le silence initial de la France, une série de communiqués et d'informations de presse ont donné une version de plus en plus trompeuse de ce qui s'est réellement passé. La version officielle « aseptisée », ou « mauritanisée » des faits ressemble à une œuvre de fiction.
Elle affirme que la Mauritanie a été informée par des services de renseignement occidentaux du fait que l'Aqmi se préparait à une attaque de son territoire le 28 juillet. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait alors prévenu Paris qu'il préparait une opération au-delà de ses frontières contre l'Aqmi, et il se trouvait à l'Elysée le 13 juillet [à l'occasion d'une rencontre franco-africaine, ndlr] au lendemain d'un ultimatum de l'Aqmi à la France, jurant de tuer Germaneau le 26 juillet si ses demandes (jamais spécifiées) n'étaient pas satisfaites.
Les Mauritaniens, aidés par les Français, affirment avoir découvert un campement jusque-là inconnu d'une cellule de l'Aqmi, dans le désert malien, à 150 km de la frontière mauritanienne. Des sources franco-mauritaniennes affirment que des photos indiquent que Germaneau pourrait s'y trouver. La France décide alors d'envoyer vingt ou trente de ses forces spéciales (commandement des opérations spéciales, COS), y compris des agents du renseignement, pour accompagner les groupes spéciaux d'intervention mauritaniens pendant l'attaque.
Toujours selon cette version, la force franco-mauritanienne serait partie d'une base près de la frontière entre le Mali et la Mauritanie. L'attaque a eu lieu à l'aube, et il n'y avait aucune trace de Germaneau. Six « terroristes » de l'Aqmi ont été tués et l'opération a été conclue.
La version « officielle » souligne qu'il n'y a pas eu d'opération aérienne, que cela ne concernait pas la localité de Tessalit, et qu'aucune assistance américaine en renseignement n'a été apportée comme cela a pu être dit par ailleurs.
Mais, une source mauritanienne fiable m'a indiqué par la suite que le camp attaqué n'était pas une base de l'Aqmi, mais seulement un bivouac de trafiquants.
Un « nuage de fumée » pour une opération politiquement sensible
Que s'est-il réellement passé ? Il devient de plus en plus évident que ce qui s'est passé a non seulement été embelli, mais a servi de leurre à une opération bien plus sérieuse et politiquement sensible près de Tessalit.
De fait, peu après le raid du 22 juillet, une dépêche AFP de Bamako a indiqué que l'opération contre le camp de l'Aqmi dans le nord-ouest du Mali n'était qu'un « nuage de fumée… Quelque part dans le vaste désert, une autre opération est en cours », ajoutant que des forces d'autres pays de la région y participaient.
Les premières informations que j'ai reçues de la région, de sources régionales bien placées, peu après midi le 22 juillet, m'indiquaient qu'il y avait eu une intense activité aérienne autour de Tessalit pendant la nuit et la matinée, et que les Algériens, appuyés par les COS français, avaient conduit une attaque dans les montagnes voisines de Tigharghar en vue de libérer Germaneau.
Tessalit est une ancienne base militaire française modeste de l'époque coloniale. Son aéroport est toujours opérationnel, qui a même été utilisé récemment par les forces spéciales américaines et pour des vols militaires ou privés. Mes sources m'ont indiqué qu'on avait pu entendre des tirs, que six « terroristes » avaient été tués, quatre mis en fuite ou blessés, et que Germaneau pourrait avoir été exécuté par ses ravisseurs au début de l'assaut.
Des sources fiables à Tessalit m'ont confirmé qu'en contradiction avec le récit franco-mauritanien, des avions et des hélicoptères ont bien été actifs sur l'aéroport de Tessalit, et qu'il n'y avait aucun signe de présence mauritanienne.
Le 14 mai, dernière « preuve de vie » de Michel Germaneau
Cette information peut être nuancée de deux manières. L'affirmation selon laquelle les Algériens « conduisaient » l'attaque peut simplement signifier que l'Algérie a fourni les hélicoptères de combat, leurs équipages, et tout le soutien logistique au sol, et pas nécessairement les troupes. […]
La seconde nuance concerne le moment et les circonstances de la mort de Germaneau. Il y a des raisons de croire que l'otage français pourrait ne pas avoir été exécuté comme l'a affirmé l'Aqmi, mais pourrait avoir trouvé la mort plusieurs semaines auparavant. Il avait 78 ans, était fragile et dépendant de médicaments qui ne lui étaient pas fournis. La dernière « preuve de vie » reçue par les autorités françaises date du 14 mai. Selon des sources dans la région, il pourrait avoir trouvé la mort peu de temps après.
Le seul témoignage concernant son exécution provient d'un dignitaire local qui a été impliqué dans des négociations antérieures dans des affaires d'otages, et qui est totalement discrédité. De plus, la nature très vague des demandes qui accompagnaient la menace d'exécuter Germaneau, le 26 juillet, ajoutée au fait qu'aucun négociateur n'a été mobilisé côté malien, comme pour des affaires précédentes, ont dû alerter les autorités françaises sur le doute possible à propos du sort de Germaneau.
Le renseignement algérien « au cœur d'Aqmi »
Cela me ramène à la question de savoir comment la France a eu des renseignements aussi erronés. Il est invraisemblable que les services de renseignement français n'aient pas été en contact avec la Sécurité militaire algérienne, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), à propos de l'opération projetée. Les deux services, français et algérien, ont des relations suivies, et on sait que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a rencontré le général Mohamed (Toufik) Mediène, le chef du DRS, le 20 juin à Alger.
Des informations fournies par les satellites américains ont pu aider à localiser les bases de l'Aqmi à Tigharghar. Mais les informations sur leur emplacement précis, les environs, les effectifs, ainsi que l'endroit où aurait pu se trouver Germaneau, ne pouvaient venir que du DRS.
La zone frontalière juste au nord de Tigharghar est survolée quotidiennement par les hélicoptères de l'armée algérienne, et régulièrement par deux Beechcraft 1900 de l'armée de l'air algérienne, équipés de matériel de surveillance. De plus, il existe des contacts étroits entre la cellule d'Abdelhamid Abou Zaïd d'Aqmi et le DRS, Zaïd étant lui-même considéré comme un agent du DRS.
Pour cette raison, les habitants de la région, de plus en plus remontés contre les soi-disantes activités d'Al Qaeda, se réfèrent souvent à l'Aqmi comme « Aqmi/DRS ». Ainsi, les derniers mots attribués au colonel Lamana Ould Bou, du service malien de la sécurité d'Etat, peu avant son assassinat à Tombouctou le 10 juin 2009, étaient :
« Au cœur d'Aqmi, il y a le DRS. »
Sarkozy a réuni son conseil de défense le 19 juillet au matin. La décision d'intervenir au Sahel n'a donc pas été prise à la légère, et a très certainement pris en compte une évaluation du point de vue de la Sécurité militaire algérienne.
Si Germaneau était déjà mort, comme cela a été suggéré, le DRS doit l'avoir su. S'il était vivant et détenu ailleurs, il l'aurait également su. S'il avait été vivant et détenu à Tigharghar, alors il faut demander qui a prévenu Zaïd de l'imminence de l'attaque militaire, de telle sorte que Germaneau et lui ne s'y trouvaient pas lors de l'assaut ?
L'Algérie tient la France
Quelles sont les conséquences ? Tout indique que le DRS algérien a conduit Sarkozy et la France au désastre. L'opération n'a pas seulement été un échec militaire dans la mesure où elle n'a pas permis de trouver, et encore moins de libérer, Germaneau, mais elle aura des conséquences à long terme pour la France, pour l'Algérie, et pour le Sahel.
Le silence initial, et la chape de plomb qui a suivi de la part de la France, ne sont donc pas surprenants. Les services de renseignement français sont assurément en état de choc en se demandant comment ils ont pu faire de telles erreurs de calcul, qui plus est dans leur « arrière-cour » traditionnelle.
Ce qui est encore plus dur pour la France, c'est que ses relations particulières avec l'Algérie, et leur niveau actuel particulièrement bas, sont telles qu'elle n'est pas en mesure de répondre. Si l'information devient connue, en particulier en Algérie, que les militaires français et algériens ont collaboré pour tuer des musulmans, et dans un pays tiers, les conséquences politiques pourraient être sérieuses. Pour le moment, l'Algérie et le DRS tiennent la France.
L'Aqmi peut recruter au-delà des « musulmans en colère »
La perception d'une France se comportant comme un cowboy néo-colonial endommagerait sa stature dans la région. Pour Sarkozy, dont la décision de choisir cette option à haut risque était sans doute une manière de contrer l'impact de l'affaire Bettencourt-Woerth, il y a désormais le danger que cette opération puisse être comparée à la tentative de Jimmy Carter en 1980 de libérer les otages en Iran, ou pire, au fiasco de l'opération des services français contre le Rainbow Warrior en 1985.
Pour les pays de la région, cela démontre leur incapacité à détruire Al Qaeda et à assurer leur propre sécurité, tout en démontrant que la seule puissance régionale capable d'assurer ce rôle est l'Algérie. Tout la stratégie du DRS en créant l'Aqmi dans la région sahélienne en 2006, a été de convaincre les Occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, du rôle indispensable de l'Algérie comme gendarme régional.
A côté du DRS, l'autre vainqueur est, bien sûr, son complice, l'Aqmi. L'épisode lui a offert une victoire de propagande qui relance son impact dans la région, et sa capacité à recruter au-delà du cercle initial des « musulmans en colère ».
L'insécurité dans la région s'est assurément aggravée. Plusieurs leaders d'Aqmi ont menacé de représailles les intérêts occidentaux, comme l'a clairement indiqué une mise en garde du Département d'Etat américain.
21/09/2010
"L'Autorité de la Concurrence fait sauter les banques... vraiment ?"
7:32 PM
b-brr
Publié le 21 septembre 2010 par Napakatbra sur Les mots ont un sens
381 millions d'euros d'amende pour cause de chèques trop chers ! Un "record", lit-on un peu partout. Sauf que dans cette affaire, les banques y gagnent tout de même près de 400 millions d'euros ! Et que l'Etat réduit petit à petit les sanctions pour ce genre de braquages organisés...
Onze banques françaises (*) se sont entendues pour fixer le tarif des commissions interbancaires prélevées pour le traitement des chèques. La petite gâterie a commencé en 2002 pour se finir en 2007, "sous la pression de l'enquête en cours", dixit l'Autorité de la concurrence, qui a vu rouge. Et d'une, l'entente illicite (un des plus graves délits économiques *) est avérée, car la mise en place de ces commissions s'est faite "de manière concertée". Et de deux, ces commissions sont tout simplement... "non justifiées".
Le cartel des banques
En gros, les banques affirmaient que l'automatisation du traitement des chèques leur faisait perdre des montagnes de kopeks : puisque les flux d'argent étaient plus rapides, elles en disposaient moins longtemps, les placements furtifs rapportaient donc moins d'intérêts. Il fallait donc y remédier et compenser le manque à gagner. Sauf que l'Autorité de la concurrence dit exactement le contraire : "Les pertes de trésorerie sur les chèques tirés étaient compensées par les gains de trésorerie sur les chèques remis et par les économies de coûts de traitement retirés de la dématérialisation des échanges". Autrement dit, les banques gagnaient déjà de l'argent avant de mettre en place leur (grosse) commission...
Un gain net de 386 millions d'euros, tout de même !
Au final, les établissements concernés ont raflé quelque 767 millions d'euros, à raison de 4,3 centimes d'euro par chèque (80% des chèques sont concernés). Montant de l'amende : 381,1 millions d'euros. Et encore celle-ci comprend-elle quelques majorations pour cause de récidives. Intéressant. Mais où sont passés les 386 millions d'euros restants ? Bien au chaud, ne vous inquiétez pas. Et les clients floués (particuliers et entreprises) ne pourront pas faire valoir leur droit... puisque les class-actions n'existent pas. Et ce n'est pas demain la veille : Dame Parisot, la patronne des patrons, estimait en 2006 que ce genre d'actions de groupe "aurait un impact économique lourd" qui ferait "perdre 16,5 milliards d'euros, soit un point de PIB par an aux entreprises". Difficile de faire plus cynique. Quoi que...
La crise adoucit les moeurs...
Question cynisme, Mâme Lagarde n'est pas en reste. Récemment, l'Autorité de la concurrence a condamné onze entreprises sidérurgiques françaises (le "cartel de la sidérurgie") à verser 575 millions d'euros pour s'être entendues sur les prix. Une sentence ridiculisée, quelques mois plus tard, par la Cour d'appel de Paris qui a divisé par huit le montant de l'amende, à 72 millions d'euros ! Soit environ sept fois moins que le préjudice réel subi par les clients (collectivités locales en premier lieu). La raison invoquée est à se tordre de rire : C'est la crise et de grosses amendes risquent de mettre en péril "les capacités d'investissement" des resquilleurs et "menacent finalement l'emploi" ! Qu'a fait notre ministre de l'Industrie, qui avait la possibilité de se pourvoir en Cassation ? Rien. Elle a simplement ordonné la formation d'une commission, qui vient de pondre son rapport, en loucedé.
Vers un allègement des sanctions pour "entente illicite" ?
Pas piqué des hannetons. Le gouvernement souhaite "clarifier le mode de fixation des amendes". Bah oui, quoi de plus stressant pour un fraudeur de ne pas pouvoir calculer sa future amende ? Mieux, le montant de base de l'amende "doit correspondre à un pourcentage de la valeur des ventes des produits ou services concernés par la pratique anticoncurrentielle (par exemple 5% à 15% de la valeur des ventes)", affirme le communiqué de presse du groupe de travail. Ce qui réduirait l'amende des onze banques cartéllisées à 115 millions, grand max. Ouah ! Un véritable manuel du petit délinquant exemplaire. Tu es entrepreneur, tu veux faire du fric, alors arrange toi avec tes concurrents : si tu gonfles frauduleusement tes tarifs de plus de 15%, t'es sûr d'y gagner. Pourquoi se gêner ?
[* : BPCE, Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale, La Banque Postale, CIC, LCL, HSBC, Crédit du Nord, Crédit Mutuel et la Banque de France]
[* : S'il est un concept fondamental de notre culture économique libérale, c'est bien celui de la concurrence libre et non faussée. A tel point que feu le TCE l'avait élevé au rang d'objectif principal de l'Union Européenne, devant même les Droits de l'Homme]
[* : S'il est un concept fondamental de notre culture économique libérale, c'est bien celui de la concurrence libre et non faussée. A tel point que feu le TCE l'avait élevé au rang d'objectif principal de l'Union Européenne, devant même les Droits de l'Homme]
21/09/2010
21/09/2010
La menace terroriste, entre réalité et outil de propagande
12:26 PM
b-brr
Publié le 17 septembre 2010 Par Marie-Christine Poncet sur LePoint.fr
http://www.lepoint.fr/debats/la-menace-terroriste-entre-realite-et-outil-de-propagande-17-09-2010-1237926_34.php
Brice Hortefeux a annoncé que "la menace terroriste s'est réellement renforcée ces derniers jours et ces dernières heures" en France. © AFP PHOTO / MARTIN BUREAU |
Mi-septembre, le gouvernement alerte : la menace d'attentats terroristes sur le sol français est renforcée. Phénomène remarquable dans les commentaires, les internautes analysent plus l'annonce elle-même que l'événement dessiné comme probable. La majorité d'entre eux voient dans les discours la mise en oeuvre d'une stratégie de la diversion et une stratégie de la peur.
Certes, nul ne le nierait, la menace d'attentats terroristes existe bel et bien.
Elle fait même "froid dans le dos" (brown). "Le risque est partout" (mimolette), "nous sommes face à un grave problème de sécurité" (soap). Il ne faut pas sombrer dans le "déni de réalité", des "abysses s'ouvrent devant nous" (Henricanan).
Certes, il apparaît rationnel et utile d'entretenir les réflexes de précaution et de vigilance de chaque citoyen.
"Si le patron de l'antiterrorisme alerte les Français d'une menace imminente d'attentats, vous n'êtes pas obligés d'avoir peur non plus, mais, comme sur la route, vous êtes priés de prendre des précautions et d'être vigilants", traduit clicoeur, une voix parmi des scripteurs lancés dans une tout autre interprétation.
"La grande menace n'est pas nouvelle" (Jean13)
Le contraste entre la quasi-permanence du plan Vigipirate depuis 1991, activé sans répit au niveau rouge depuis 2005, et le caractère ponctuel des communiqués du gouvernement conduit à se poser la question du contexte : pourquoi évoquer une menace en ce moment ? Surtout en des termes qui paraissent flous : "Faute d'argumentaire crédible, cela fait un peu chiffon rouge" de la part des "51 communicants à temps plein de la cellule de com de l'Élysée" (Tonpoulou). Aucun dispositif nouveau visible sur le territoire, "plan Vigipirate rouge renforcé, dites-vous, mais alors pourquoi restent accessibles au public la tour Eiffel, les musées, les gares, les aéroports, les grands magasins ?" (eau sauvage) ; aucune préconisation, "une politique de la peur ne sert à rien sans conseils concrets" (Luc Matteo-Donné).
"Ne s'agirait-il pas d'une annonce de circonstance ?" (vania).
Ce n'est généralement pas l'usage pour un ministre de communiquer sur des menaces d'attentats. "Vous êtes ministre de l'Intérieur, et en tant que tel, votre rôle n'est pas de prévenir, mais... d'empêcher", dit eau sauvage à l'adresse de Brice Hortefeux. Le communiqué du ministre de l'Intérieur est rapproché de l'ensemble de ses prises de parole, cette contextualisation déstabilise le propos : "Trop d'Hortefeux tue le contre-feu, quand y'en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'on commence à voir les ficelles" (Sarkolatre). Ce qui apparaît comme un détournement délibéré de l'attention choque, jusqu'à la honte. "Faisons peur aux Français, détournons leur attention, ils oublieront tout ce pitoyable, lamentable spectacle que nous offre le gouvernement actuel, empêtré qu'il est dans ces affaires méprisables, indignes. Je ne me reconnais plus citoyenne française, j'ai honte et mal, vraiment" (pasgaie42).
Une opération de sauvegarde pour le pouvoir ?
Le premier réflexe, dans les commentaires, est de se rebeller contre une tentative d'anesthésie des citoyens : "Et c'est reparti ! On cherche à faire peur au peuple pour le maintenir en état de léthargie, pour qu'il ne conteste rien et qu'il ne pense qu'à manger, travailler, dormir et avoir peur" (chichi). "Faire peur afin de faire taire..." (bzhatao), endormir pour mieux soumettre : "Plus on propage la peur, plus on soumet le peuple. Bien sûr que la menace existe. Et des professionnels compétents sont là pour nous protéger. Et ils font bien leur boulot. Nul n'est besoin d'en rajouter une couche. Et détourner le regard de problèmes nationaux fondamentaux vers des problèmes annexés n'est que diversion politique" (Lucce). "Anesthésier le peuple par la terreur est un principe bien connu pour en être maître" (Lavachequirit).
Une stratégie de la peur
Le sentiment que l'information politique, depuis des mois, n'est que propagande lasse et inquiète : "La peur, l'inquiétude, l'angoisse, la délinquance, les immigrés, les Roms, les jeunes, les jeunes des quartiers, les islamistes, la grippe, le tabac, l'obésité, les alertes météo, le niveau qui baisse, les otages des grèves, la drogue, les radars, et que sais-je encore... l'important, c'est que vous ayez peur, la peur qui inhibe et qui fait que l'on ne réfléchit plus à ce qui nous intéresse réellement. La lutte des classes existe, les dominants la pratiquent tous les jours" (Mank-Doxy).
Lutte des classes, l'expression renaît depuis quelque temps sur les claviers. Le pouvoir semble tirer sa force d'une communication scénarisée. Mais sa légitimité, qu'en est-il ? "Actionner le registre de la peur est souvent le moteur utilisé pour contraindre les foules à s'en remettre à ses dirigeants. Cette technique qui remonte du fond des âges, réactualisée par la CIA, est largement importée en France ; la peur y est bien orchestrée : l'emploi et le chômage, le risque d'exclusion, l'insécurité, les banlieues, les Noirs, les Arabes, les Roms, les délinquants sexuels, la grippe A, les islamistes, les terroristes... tout est bon pour capter la part de cerveau disponible du citoyen lambda" (Koszayr). Car alors, ajoute maulac, "on se recroqueville, on en appelle à un protecteur providentiel, on se tait, on laisse faire".
L'usure des discours politiques
Certes, nul ne le nierait, la menace d'attentats terroristes existe bel et bien.
Elle fait même "froid dans le dos" (brown). "Le risque est partout" (mimolette), "nous sommes face à un grave problème de sécurité" (soap). Il ne faut pas sombrer dans le "déni de réalité", des "abysses s'ouvrent devant nous" (Henricanan).
Certes, il apparaît rationnel et utile d'entretenir les réflexes de précaution et de vigilance de chaque citoyen.
"Si le patron de l'antiterrorisme alerte les Français d'une menace imminente d'attentats, vous n'êtes pas obligés d'avoir peur non plus, mais, comme sur la route, vous êtes priés de prendre des précautions et d'être vigilants", traduit clicoeur, une voix parmi des scripteurs lancés dans une tout autre interprétation.
"La grande menace n'est pas nouvelle" (Jean13)
Le contraste entre la quasi-permanence du plan Vigipirate depuis 1991, activé sans répit au niveau rouge depuis 2005, et le caractère ponctuel des communiqués du gouvernement conduit à se poser la question du contexte : pourquoi évoquer une menace en ce moment ? Surtout en des termes qui paraissent flous : "Faute d'argumentaire crédible, cela fait un peu chiffon rouge" de la part des "51 communicants à temps plein de la cellule de com de l'Élysée" (Tonpoulou). Aucun dispositif nouveau visible sur le territoire, "plan Vigipirate rouge renforcé, dites-vous, mais alors pourquoi restent accessibles au public la tour Eiffel, les musées, les gares, les aéroports, les grands magasins ?" (eau sauvage) ; aucune préconisation, "une politique de la peur ne sert à rien sans conseils concrets" (Luc Matteo-Donné).
"Ne s'agirait-il pas d'une annonce de circonstance ?" (vania).
Ce n'est généralement pas l'usage pour un ministre de communiquer sur des menaces d'attentats. "Vous êtes ministre de l'Intérieur, et en tant que tel, votre rôle n'est pas de prévenir, mais... d'empêcher", dit eau sauvage à l'adresse de Brice Hortefeux. Le communiqué du ministre de l'Intérieur est rapproché de l'ensemble de ses prises de parole, cette contextualisation déstabilise le propos : "Trop d'Hortefeux tue le contre-feu, quand y'en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'on commence à voir les ficelles" (Sarkolatre). Ce qui apparaît comme un détournement délibéré de l'attention choque, jusqu'à la honte. "Faisons peur aux Français, détournons leur attention, ils oublieront tout ce pitoyable, lamentable spectacle que nous offre le gouvernement actuel, empêtré qu'il est dans ces affaires méprisables, indignes. Je ne me reconnais plus citoyenne française, j'ai honte et mal, vraiment" (pasgaie42).
Une opération de sauvegarde pour le pouvoir ?
Le premier réflexe, dans les commentaires, est de se rebeller contre une tentative d'anesthésie des citoyens : "Et c'est reparti ! On cherche à faire peur au peuple pour le maintenir en état de léthargie, pour qu'il ne conteste rien et qu'il ne pense qu'à manger, travailler, dormir et avoir peur" (chichi). "Faire peur afin de faire taire..." (bzhatao), endormir pour mieux soumettre : "Plus on propage la peur, plus on soumet le peuple. Bien sûr que la menace existe. Et des professionnels compétents sont là pour nous protéger. Et ils font bien leur boulot. Nul n'est besoin d'en rajouter une couche. Et détourner le regard de problèmes nationaux fondamentaux vers des problèmes annexés n'est que diversion politique" (Lucce). "Anesthésier le peuple par la terreur est un principe bien connu pour en être maître" (Lavachequirit).
Une stratégie de la peur
Le sentiment que l'information politique, depuis des mois, n'est que propagande lasse et inquiète : "La peur, l'inquiétude, l'angoisse, la délinquance, les immigrés, les Roms, les jeunes, les jeunes des quartiers, les islamistes, la grippe, le tabac, l'obésité, les alertes météo, le niveau qui baisse, les otages des grèves, la drogue, les radars, et que sais-je encore... l'important, c'est que vous ayez peur, la peur qui inhibe et qui fait que l'on ne réfléchit plus à ce qui nous intéresse réellement. La lutte des classes existe, les dominants la pratiquent tous les jours" (Mank-Doxy).
Lutte des classes, l'expression renaît depuis quelque temps sur les claviers. Le pouvoir semble tirer sa force d'une communication scénarisée. Mais sa légitimité, qu'en est-il ? "Actionner le registre de la peur est souvent le moteur utilisé pour contraindre les foules à s'en remettre à ses dirigeants. Cette technique qui remonte du fond des âges, réactualisée par la CIA, est largement importée en France ; la peur y est bien orchestrée : l'emploi et le chômage, le risque d'exclusion, l'insécurité, les banlieues, les Noirs, les Arabes, les Roms, les délinquants sexuels, la grippe A, les islamistes, les terroristes... tout est bon pour capter la part de cerveau disponible du citoyen lambda" (Koszayr). Car alors, ajoute maulac, "on se recroqueville, on en appelle à un protecteur providentiel, on se tait, on laisse faire".
L'usure des discours politiques
Finalement, à l'image d'un danger terroriste évoqué dans les communiqués gouvernementaux, les commentaires opposent un danger jugé plus grand - plus constant et plus lourd de conséquences quotidiennes -, celui du "mensonge d'État" (hervé). Ce qui choque le plus, c'est l'utilisation déréglée des mots, leur emploi détourné au service des intérêts du pouvoir et non de ceux du peuple. Dans une provocation inspirée par l'exaspération, Fredus écrit même : "Les électeurs français vont peut-être enfin finir par comprendre que le terroriste qu'il faut le plus craindre n'est autre que Sarko."
Alors non, nul ne nie la présence de la menace terroriste ; oui, on a peur de la mort absurde. Mais ce n'est pas de cela, disent la majorité des commentaires, que les communiqués du gouvernement parlaient. Et on est révolté chaque fois que l'information semble être propagande. "Et ensuite on parle de cohésion sociale, quelle blague !" (Frenchy).
Alors non, nul ne nie la présence de la menace terroriste ; oui, on a peur de la mort absurde. Mais ce n'est pas de cela, disent la majorité des commentaires, que les communiqués du gouvernement parlaient. Et on est révolté chaque fois que l'information semble être propagande. "Et ensuite on parle de cohésion sociale, quelle blague !" (Frenchy).
http://www.lepoint.fr/debats/la-menace-terroriste-entre-realite-et-outil-de-propagande-17-09-2010-1237926_34.php
21/09/2010
Bruxelles avait caché l'ACTA dans une réunion sur la pêche
12:22 PM
b-brr
Publié le 20 septembre 2010 par Guillaume Champeau sur Numerama
Selon des documents en partie déclassifiés, la Commission Européenne avait commencé à discuter avec le Conseil de son mandat de négociation de l'ACTA en novembre 2007. Mais c'est à l'occasion d'une rencontre des ministres de l'agriculture et de la pêche que l'autorisation a été formalisée.
Peut-on contrefaire une morue ? Il faut se poser la question. Dans un billet passé totalement inaperçu, rendu possible par la déclassification partielle d'un certain nombre de documents, le blogueur allemand André Rebentisch est remonté à la source de l'accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), et fait une trouvaille surprenante.
Il a en effet découvert que le mandat donnant à la Commission européenne le droit d'ouvrir "des négociations en vue d'un accord commercial plurilatéral de lutte contre la contrefaçon" a figuré à l'agenda (.pdf) de la 2862ème session du Conseil de l'Union Européenne réunissant les ministres de l'agriculture et de la pêche, le 14 avril 2008. Il est listé parmi les "points A" qui sont adoptés sans débat.
La recommandation de la Commission au Conseil est marquée "Restreint EU", ce qui veut dire qu'elle a été classifiée pour en empêcher sa publication. Ce qui était aussi le cas de l'approbation délivrée lors de la réunion du Comité des représentants permanents (Coreper) du 2 avril 2008. Le comité de l'article 133, dédié aux questions commerciales au sein du COPERER 2, indique dans ce document daté du 26 mars 2010 (.pdf) que la Commission avait soumis dès le 20 novembre 2007 un premier texte visant à l'autoriser à ouvrir les négociations sur l'ACTA, et qu'une version révisée a été soumise le 29 février 2008.
"Elle a également fait l'objet d'un examen par le Groupe "Propriété intellectuelle". À la suite de la discussion qui a eu lieu lors de la réunion du Comité de l'article 133 (membres suppléants) du 17 mars 2008, toutes les délégations ont été en mesure d'approuver le texte sur la base d'une proposition de compromis de la présidence", indique le rapport, qui reste incomplet. Toute la partie substantielle sur le contenu du texte et notamment les directives de négociation, est toujours marquée comme "non déclassifié".
Pourquoi en avoir fait ensuite un sujet lié à l'agriculture et à la pêche ? Comme un clin d'oeil, le ministre français en charge de l'Agriculture et de la Pêche à cette époque était Michel Barnier, devenu commissaire européen en février 2010. Or dans ses nouvelles fonctions, M. Barnier nous a déjà démontré sa défense de l'ACTA, appuyée sur des études très contestées des lobbys industriels.
Une chose est sûre, cette discrétion explique comment l'ACTA est resté secret jusqu'à ce que Wikileaks, déjà lui, dévoile son existence au monde entier en mai 2008, sans pouvoir en publier le texte d'étape.
http://www.numerama.com/magazine/16832-bruxelles-avait-cache-l-acta-dans-une-reunion-sur-la-peche.html
20/09/2010
17/09/2010
Pôle emploi réveille la fibre sécuritaire qui sommeille en vous
12:05 PM
b-brr
Publié le 15 septembre 2010 par François Krug sur Eco89
« La gendarmerie, la police, les douanes, les armées, l’administration pénitentiaire recrutent », et Pôle emploi tient à ce que ça se sache. A Toulouse, des chômeurs ont donc reçu une convocation à un Forum des métiers de défense et de la sécurité publique. Pour se faire porter pâle, mieux vaut disposer d’une bonne excuse.Imprimer ce texte Imprimer ce texte
Le courrier de Pôle emploi sur le Forum des métiers de défense.Dans ce secteur d’avenir, «plus de 20 000 postes sont à pourvoir », explique le courrier de Pôle emploi. Par exemple, des jobs de surveillant, de maître-chien, d’électronicien, de frigoriste ou de comptable.
Le rendez-vous est donc fixé le 28 septembre à Balma, dans la banlieue de Toulouse :
« L’ensemble des participants (police, gendarmerie, douanes, pénitentiaire, armées) vous renseigneront sur les modalités de recrutement et vous recevront en entretiens individuels […]. Munissez-vous d’un curriculum vitae. » (Télécharger la lettre)
Ce courrier a laissé perplexe l’un de nos lecteurs, récemment diplômé en sociologie et bénéficiant actuellement du RSA :
« Mon profil Pôle emploi ne correspond pas le moins du monde à ce genre d’assemblée sécuritaire. »
Une « convocation » ou une « invitation » ?
Perplexité, mais aussi inquiétude : si on sèche, risque-t-on la radiation ? Pôle emploi semble jouer avec les mots, intitulant son courrier « convocation » puis expliquant aux destinataires qu’ils sont « conviés » au forum. Et il faudra expliquer son absence.
« Si vous ne donnez pas suite à cette proposition, vous devez nous en informer en nous communiquant votre situation actuelle », avertit Pôle emploi :
* « Je suis en formation : merci de nous faire parvenir l’attestation de formation ».
* « J’ai un emploi : merci de nous faire parvenir le contrat de travail ».
En fait, contrairement aux apparences, la présence n’est pas obligatoire : « C’est juste une invitation », nous explique l’agence locale de Pôle emploi. Une invitation un peu autoritaire, mais après tout, pour décrocher l’un de ces « métiers de la défense et de la sécurité publique», le sens de la discipline peut être utile.
17/09/2010
15/09/2010
Crise systémique globale - Printemps 2011 : Welcome to the United States of Austerity / Vers la très grande panne du système économique et financier mondial
3:58 PM
b-brr
Publié le 15 septembre 2010 par le LEAP sur Europe2020
GEAB N°47 est disponible ! Crise systémique globale - Printemps 2011 : Welcome to the United States of Austerity / Vers la très grande panne du système économique et financier mondial
Comme anticipé par LEAP/E2020 en Février dernier dans le GEAB N°42, le second semestre 2010 est bien caractérisé par une aggravation brutale de la crise marquée par la fin de l'illusion de reprise entretenue par les dirigeants occidentaux (1) et les milliers de milliards engloutis par les banques et des plans de « stimulation » économiques sans efficacité durable. Les prochains mois vont dévoiler une réalité simple mais particulièrement douloureuse : l'économie occidentale, et en particulier celle des Etats-Unis (2), n'est jamais vraiment sortie de récession (3). Les sursauts statistiques enregistrés depuis l'été 2009 n'ont été que les conséquences passagères d'une injection massive de liquidités dans un système fondamentalement devenu insolvable à l'image du consommateur américain (4). Au cœur de la crise systémique globale depuis son origine, les Etats-Unis vont donc démontrer dans les prochains mois qu'ils sont à nouveau en train d'entraîner l'économie et la finance mondiales au « cœur des ténèbres » (5) car ils ne parviennent pas à sortir de cette « Très Grande Dépression US » (6). Ainsi, à l'issue des soubresauts politiques des élections américaines de Novembre prochain, sur fond de taux de croissance redevenus négatifs, le monde va devoir affronter la « Très Grande Panne » du système économique et financier mondial fondé depuis plus de 60 ans sur l'absolue nécessité pour l'économie américaine de ne jamais se trouver durablement en récession. Or, la première moitié de 2011 va imposer à l'économie américaine une cure d'austérité sans précédent plongeant la planète dans un nouveau chaos financier, monétaire, économique et social (7).
Dans ce GEAB N°47, notre équipe anticipe donc pour les mois à venir différents aspects de cette nouvelle évolution de la crise notamment la nature du processus d'austérité imposée qui va toucher les Etats-Unis, l'évolution du couple infernal « inflation/déflation », l'évolution réelle du PNB US réel, la stratégie des banques centrales, les conséquences directes pour l'Asie et l'Euroland. Nous présentons comme chaque mois nos recommandations stratégiques et opérationnelles. Et exceptionnellement ce numéro du GEAB présente un extrait du nouveau livre de Franck Biancheri « Crise mondiale : En route pour le monde d'après – France, Europe et Monde dans la décennie 2010-2020 » dont la version française sortira le 7 Octobre prochain aux Editions Anticipolis.
Dans ce communiqué public du GEAB N°47, nous avons choisi de présenter un extrait de l'anticipation portant sur la prochaine austérité imposée aux Etats-Unis à partir du Printemps 2011 : « Welcome to the United States of Austerity ».
Les trimestres à venir vont être particulièrement dangereux pour le système économique et financier mondial. Le patron de la Fed, Ben Bernanke, a d'ailleurs fait passer le message aussi diplomatiquement que possible lors de la récente réunion des banquiers centraux mondiaux à Jackson Hole dans le Wyoming : bien que la politique de relance de l'économie américaine ait échoué, soit le reste du monde continue à financer à perte les déficits US et espère qu'à un moment donné ce pari sera payant et aura évité un effondrement du système global, soit les Etats-Unis vont monétiser leur dette et transformer en monnaie de singes l'ensemble des Dollars et Bons du Trésor US possédés par le reste de la planète. Comme toute puissance acculée, les Etats-Unis sont désormais ainsi obligés de joindre la menace à la pression pour pouvoir obtenir ce qu'ils veulent. Il y a à peine plus d'une année, les dirigeants et responsables financiers du reste du monde s'étaient portés volontaires pour « remettre à flot le navire USA ». Aujourd'hui pourtant les choses ont bien changé car la belle assurance de Washington (celle de la Fed comme celle de l'administration Obama) s'est avérée n'être qu'une pure arrogance fondée sur la prétention d'avoir compris la nature de la crise et l'illusion de posséder les moyens de la maîtriser. Or, la croissance américaine s'évapore trimestre après trimestre (8) et redeviendra négative dès la fin 2010; le chômage n'en finit pas de croître entre la stabilité des chiffres officiels et la sortie en six mois de plus deux millions d'Américains du marché de l'emploi (pour LEAP/E2020, le chiffre réel de chômage est désormais d'au moins 20%) (9); le marché de l'immobilier américain continue à être déprimé à des niveaux historiquement bas et va reprendre sa chute dès le quatrième trimestre 2010; enfin, comme on peut aisément l'imaginer dans ces conditions, le consommateur US reste et restera durablement aux abonnés absents puisque son insolvabilité perdure voire s'aggrave (10) pour l'Américain sur cinq qui n'a pas de travail.
Derrière ces considérations statistiques se cachent deux réalités qui vont radicalement modifier le paysage politique, économique et social américain et mondial des prochains trimestres au fur et à mesure de leur émergence dans la conscience collective.
La colère populaire va paralyser Washington à partir de Novembre 2010
Tout d'abord, il y a une réalité populaire très sombre, un vrai voyage « au cœur des ténèbres », qui est celle de dizaines de millions d'Américains (près de soixante millions dépendent désormais des bons de nourriture) qui n'ont désormais plus d'emploi, plus de maison, plus d'épargne et qui se demandent comment ils vont survivre dans les années à venir (11). Jeunes (12), retraités, noirs, ouvriers, employés des services (13),... ils constituent cette masse de citoyens en colère qui va s'exprimer brutalement en Novembre prochain et plonger Washington dans une impasse politique tragique. Supporters du mouvement « Tea-Party » (14), nouveaux sécessionnistes (15),… ils veulent « casser la machine washingtonienne » (et par extension celle de Wall Street) sans pour autant avoir de propositions réalisables pour résoudre la multitude de problèmes du pays (16). Les élections de Novembre 2010 vont ainsi être la première occasion pour cette « Amérique qui souffre » de s'exprimer sur la crise et ses conséquences. Et, récupérés ou pas par les Républicains ou bien les extrêmes, ces votes vont contribuer à paralyser encore plus l'administration Obama et le Congrès (qui basculera probablement du côté Républicain), ne faisant qu'enfoncer le pays dans un immobilisme tragique au moment où tous les indicateurs passent à nouveau au rouge. Cette expression de colère populaire va par ailleurs entrer en collision dès Décembre avec la publication du rapport de la commission sur le déficit mise en place par le Président Obama, qui va automatiquement placer la question des déficits au cœur du débat public du début 2011 (17).
A titre d'exemple, on peut déjà voir une expression bien particulière de cette colère populaire contre Wall Street dans le fait que les Américains ont déserté la bourse (18). Chaque mois, ce sont toujours plus de « petits actionnaires » qui quittent Wall Street et les marchés financiers (19) laissant aujourd'hui plus de 70% des transactions aux mains des grandes institutions et autres « high frequency traders ». Si l'on garde en mémoire l'image traditionnelle que la bourse serait le temple moderne du capitalisme, alors on assiste à un phénomène de perte de foi qui pourrait être comparable à la désaffection des grandes manifestations populaires qu'a connu le système communiste avant sa chute.
La Réserve fédérale sait désormais qu'elle est impuissante
Enfin, il y a une réalité financière et monétaire tragique car ceux qui en sont les acteurs ont conscience de leur situation peu enviable : la Réserve fédérale US sait désormais qu'elle est impuissante. Malgré les actions exceptionnelles (taux d'intérêt à zéro, quantitative easing, soutien massif du marché des prêts immobiliers, soutiens massifs aux banques, multiplication par trois de son bilan,…) qu'elle a mises en œuvre à partir de Septembre 2008, l'économie US ne repart pas. Les dirigeants de la Fed découvrent qu'ils ne sont qu'une composante d'un système, même si c'est une composante centrale, et qu'ils ne peuvent donc rien contre un problème qui affecte la nature même du système, en l'occurrence, le système financier américain, conçu comme le cœur solvable du système financier mondial depuis 1945. Or, le consommateur US est maintenant insolvable (20), lui qui au cours des trente dernières années est devenu progressivement l'acteur économique central de ce cœur financier (avec plus de 70% de la croissance US dépendant de la consommation des ménages). C'est sur cette insolvabilité des ménages US (21) que se sont brisées les tentatives de la Fed. Habitués au virtualisme, et donc à la possibilité de manipuler les évènements, les processus et les dynamiques, les banquiers centraux américains ont cru qu'ils pouvaient « tromper » les ménages, leur donner à nouveau l'illusion de richesse et les pousser ainsi à relancer la consommation et derrière elle toute la machine économique et financière des Etats-Unis. Jusqu'à l'été 2010, ils n'ont pas cru à la nature systémique de la crise, ou bien ils n'ont pas compris qu'elle générait des problèmes hors de portée des instruments d'une banque centrale aussi puissante soit-elle. C'est seulement au cours des dernières semaines qu'ils ont dû constater une double évidence : leurs politiques ont échoué et ils n'ont plus ni armes ni munitions. D'où le ton particulièrement déprimé des discussions de la réunion des banques centrales à Jackson Hole, d'où l'absence de consensus sur les actions à venir, d'où les débats sans fin sur la nature des dangers à affronter dans les prochains mois (inflation ou déflation par exemple alors que les instruments internes au système utilisés pour mesure les conséquences économiques de ces tendances ne sont même plus pertinents comme nous l'analysons dans ce GEAB N°47) (22), d'où les oppositions de plus en plus violentes entre tenants d'une relance de la croissance par l'endettement et adeptes de la réduction des déficits,… et finalement d'où le discours plein de menaces voilées de Ben Bernanke à ses collègues banquiers centraux ; en termes alambiqués, il a fait passer le message suivant : « nous allons tenter tout et n'importe quoi pour éviter un effondrement économique et financier, et vous allez continuer à financer ce « tout et n'importe quoi », sinon on laisse filer l'inflation et on dévalue ainsi le Dollar tandis que les Bons du Trésor US ne vaudront plus grand chose (23) ». Quand un banquier central s'exprime comme un vulgaire extorqueur de fond, c'est qu'il y a péril en la demeure (24). La réaction des grandes banques centrales mondiales se dévoilera dans les deux trimestres à venir. Déjà la BCE a fait comprendre qu'elle pensait qu'une nouvelle politique de stimulation via une hausse des déficits US serait suicidaire pour les Etats-Unis. Déjà la Chine, tout en déclarant qu'elle ne ferait rien pour précipiter les choses, passe son temps à vendre des actifs US pour acheter des actifs japonais (le niveau historique du cours Yen/Dollar reflète ce processus). Quand au Japon, il est désormais contraint de s'aligner simultanément sur Washington et Pékin … ce qui va probablement neutraliser toute sa politique en matière financière et monétaire. La Fed, comme le gouvernement fédéral, vont découvrir dans les prochains trimestres que lorsque les Etats-Unis ne sont plus synonymes de profits juteux et/ou de puissance partagée, leur capacité à convaincre leurs partenaires décline rapidement et fortement, surtout quand ces derniers mettent en doute la pertinence des politiques retenues (25).
La conséquence de ces deux réalités qui s'imposent peu à peu dans la conscience collective américaine et mondiale va donc se concrétiser, pour l'équipe de LEAP/E2020, par l'entrée des Etats-Unis au Printemps 2011 dans une ère d'austérité sans précédent depuis que le pays est devenu le cœur du système économique et financier mondial. Blocages politiques fédéraux sur fond de ras-le-bol électoral de Washington et Wall Street, forte dépendance au financement fédéral de l'ensemble de l'économie US et impuissance de la Fed sur fond de réticences croissantes internationales à financer les déficits US vont se conjuguer pour précipiter le pays dans l'austérité. Une austérité qui a d'ailleurs déjà commencé à toucher de plein fouet au moins 20% de la population, et qui influe directement sur au moins un Américain sur deux, inquiet de rejoindre les rangs des sans-abris, des sans-travail et autres chômeurs de longue durée. Pour ces dizaines de millions d'Américains, l'austérité est bien là et elle s'appelle paupérisation durable. Ce qui va se jouer d'ici le Printemps 2011, c'est donc surtout la transposition dans le discours officiel, dans les politiques budgétaires et dans la conscience internationale que les Etats-Unis ne sont plus « the land of plenty », mais « the land of few ». Et au-delà des choix politiques internes, c'est aussi la découverte d'une limitation nouvelle pour le pays : les Etats-Unis n'ont plus les moyens d'une nouvelle relance (26). Plutôt que d'un enlisement multidécennal dans une situation à la japonaise, nombre de décideurs vont être tentés par la thérapie de choc… cette même thérapie qu'avec le FMI, les Etats-Unis ont recommandé aux pays d'Amérique latine, aux pays asiatiques et à l'Europe de l'Est.
Cela constitue normalement une bonne raison pour les agences de notation, toujours si prompte à voir la paille dans l'œil de la plupart des pays de la planète, pour menacer les Etats-Unis d'une forte dégradation de leur note s'ils ne mettent pas en œuvre au plus vite un vaste plan d'austérité. Mais de toute manière, pour LEAP/E2020, du fait des conditions internes et externes au pays présentées précédemment, c'est bien au printemps 2011 que les Etats-Unis ont rendez-vous avec l'austérité : un rendez-vous que leur imposera le reste du monde s'ils sont paralysés politiquement.
D'ici là, il est probable que la Fed tentera une nouvelle série de mesures « non conventionnelles » (mot technique signifiant « tentatives désespérées ») pour essayer d'éviter d'en arriver là car, à ce stade, une seule chose est certaine concernant les conséquences de l'entrée des Etats-Unis dans un vaste programme d'austérité : ce sera le chaos sur les marchés financiers et monétaires accoutumés depuis des décennies à l'exact contraire, c'est-à-dire le gaspillage américain ; et un choc économique et social interne sans équivalent depuis les années 1930 (27).
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Notes:
(1) A ce sujet, dans le GEAB N°48 d'Octobre prochain, notre équipe dressera comme chaque année sa carte des risques-pays et perspectives économiques pour 2011. Ce qui est déjà certain pour nos chercheurs c'est que la fin 2010 sera marquée par une forte révision à la baisse de toutes les prévisions actuelles (y compris les perspectives déjà réduites des Etats-Unis). Source : Reuters, 09/09/2010
(2) Sources : Bloomberg, 20/07/2010 ; Oftwominds, 15/07/2010 ; New York Times, 09/08/2010 ; CNBC, 12/08/2010;
(3) Le graphique ci-dessous illustre comment la croissance est déjà en train de s'effondrer. L'indice de croissance CMI s'est montré l'un des plus fiables indicateurs avancés pour anticiper l'évolution du PNB US. Or 92% des Américains estiment que le pays est toujours en récession. Source : GlobalEconomicAnalysisBlogspot, 09/09/2010
(4) Ainsi que le décrivait notre équipe dès le GEAB N°9 de Novembre 2006.
(5) Pour reprendre le titre évocateur de l'excellente nouvelle de Joseph Conrad qui inspira notamment Francis Ford Coppola pour son film Apocalypse Now.
(6) Comme LEAP/E2020 a appelé la crise économique américaine dès Avril 2007 dans le GEAB N°14.
(7) D'ailleurs, sans même intégrer cette anticipation dans leur analyse, même les experts de l'OCDE préviennent que la croissance mondiale va subir un coup d'arrêt d'ici la fin 2010. Source : Marketwatch, 09/09/2010
(8) L'indice Wells Fargo/Gallup des PME américaines continuent à chuter mois après mois. Source : Gallup, 02/08/2010
(9) Même Wall Street continue à programmer des licenciements massifs pour les prochains mois. Source : Bloomberg, 07/09/2010
(10) Même les hauts revenus sont maintenant affectés par le problème des saisies immobilières. Source : USAToday, 29/07/2010
(11) Pour éclairer cette situation sociale terrible, i peut être utile de lire le rapport conjoint FMI/OIT initié par le gouvernement norvégien sur « Les défis de la croissance, de l'emploi et de la cohésion sociale » dans le contexte de la crise actuelle. Source : OsloConference, 22/07/2010
(12) Un indicateur très éloquent montre le prix que les jeunes générations américaines paient à cause de la crise. Le nombre de jobs d'été, élément traditionnel central de l'autonomie des jeunes américains pour l'année qui suit, est tombé à son niveau le plus bas depuis 1948. Source : USAToday, 03/09/2010
(13) Ces images des coupes drastiques du nombre de policiers à Auckland sont emblématiques de ce qui se passe dans tout le pays en terme de services publics. Source : DailyMotion
(14) A ce sujet, USAToday du 16/08/2010 a réalisé une très intéressante galerie de portraits des supporters du movement « Tea-Party ».
(15) Voir GEAB N°45
(16) Le succès du grand rassemblement des « tea-partisans » à Washington le 28/08/2010, organisé par Glenn Beck en est un exemple flagrant. Source : Washington Post, 29/08/2010
(17) Source : New York Times, 31/08/2010
(18) Des bourses qui stagnent ou baissent depuis plusieurs trimestres malgré les tentatives ininterrompues des autorités financières pour tenter de leur redonner des couleurs… et qui s'approchent d'un nouveau choc violent, que l'on s'attache au « présage du Hindenburg » ou à l'anticipation des conditions économiques et financières mondiales. Source : Telegraph, 27/08/2010
(19) Source : New York Times, 22/08/2010
(20) Même quand ils parviennent à retrouver un emploi, c'est un emploi généralement beaucoup moins bien payé que le précédent. Source : CNBC, 01/09/2010
(21) Ainsi le processus des saisies immobilières traduit un formidable phénomène de baisse de la valeur des actifs des ménages américains. Source : Foxnews, 23/08/2010
(22) Si la perspective de la déflation est ce qui a officiellement « cassé l'ambiance » de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole fin Août 2010, c'est en fait les doutes croissants sur la capacité de la Fed à choisir et mettre en œuvre des mesures appropriées pour relancer l'économie US qui rend tout le petit monde des banquiers centraux si nerveux. Sources : CNNMoney, 31/08/2010 ; Financial Times, 10/09/2010
(23) Il faut noter à ce sujet que devant la réticence croissante du reste du monde à acheter les bons du Trésor US et des GSE, la Fed a non seulement entrepris de les acheter elle-même officiellement (ou plus discrètement via ses « primary dealers »), mais elle a aussi commencé à organiser la vente massive de la dette fédérale aux opérateurs économiques américains eux-mêmes. Il doit en effet lui paraître plus facile de gérer la spoliation de plusieurs dizaines de millions de citoyens plus ou moins ignorants des subtilités économiques et financières que celle de grands acteurs stratégiques comme la Chine, le Japon, les pays pétroliers du Golfe,… (voir graphique dans GEAB N°47)
(24) Après avoir expliqué que pratiquer une politique modérément inflationniste, quoi qu’ayant été discutée, n'était pas à l'ordre du jour, Ben Bernanke a indiqué que si les risques de déflation s'accroissaient néanmoins, alors l'utilité de certaines méthodes d'intervention pourrait être reconsidérée. En clair, si rien d'autre ne marche et si les autres acteurs globaux ne veulent plus alimenter la machine à déficits US, alors la monétisation de la dette sera mise en œuvre à grande échelle. Au moins, les choses sont maintenant claires ! Quand LEAP/E2020 avertissait que c'était l'option inévitable des Etats-Unis dans la crise qui se profilait, cela paraissait outrancier. Aujourd'hui, c'est le patron de la Fed lui-même qui annonce la couleur. Source : US Federal Reserve, 27/08/2010
(25) L'échec des gigantesques mesures de soutien au marché immobilier est bien illustré par le graphique ci-dessous.
(26) On commence même à entendre des voix recommandant de « copier l'Europe ». comme celle de Jim Rogers et de Doug Noland, qui publie le remarquable « Credit Bubble Bulletin ». Sources : CNBC, 31/08/2010; Prudent Bear, 30/07/2010
(27) Comme le rappelle l'historien Niall Ferguson dans cet article publié le 29/07/2010 par The Australian, « le soleil peut se coucher très rapidement sur un empire quand la dette surgit ». Un rappel historique que ne dément pas l'éditorialiste pourtant très patriote, Thomas Friedman, qui souligne le déclin brutal de la puissance américaine du fait de la crise économique dans le New York Times du 04/09/2010.
15/09/2010
15/09/2010
Qui a peur de l'Islam?
12:15 PM
b-brr
Un docu / reportage quand même vraiment pas mal de John Paul Lepers. Si la question de l'Islam vous intéresse, un des ponts qui n'est pas traité par le boss de LaTéléLibre.fr est la naissance de l'islam radical, et pour ça, y'a pas mieux que la première partie du docu d'Adam Curtis "The Power of Nightmare". Plus d'info dans la rubrique 32 Docus et le docu d'office sur google vidéo!