26/07/2010

Global Politics in 30 Seconds

26/07/2010

Non vraiment, t’aimes ton quartier ?

Publié le 25 juillet 2010 sur Non-Fides.fr

Dans ce monde où tout ressemble de plus en plus à une prison (prisons, hôpitaux psychiatriques, maisons de retraites, écoles, supermarchés, temples en tout genre, centres de rétention, transports, usines, urbanisme concentrationnaire, parcs et aires de jeux, logements, administration, etc.) il y a plusieurs choix possibles : la révolte et la lutte contre cet existant qui nous étouffe, la résignation, l’indifférence et la réappropriation des rapports de domination qui régissent cette société.

Se réapproprier la merde, c’est par exemple être fier de ta taule (avec barreaux) de ton quartier (sans barreaux), de ton petit bout de trottoir, de ton boulot de merde, ton "identité" et même de choses totalement anodines ou qu’on nous a collées sur la gueule à la naissance comme la couleur de peau, le nom, les origines, le sexe ou le genre. « 9.3 en force ! » « Fleury-Merogis nique tout ! » « La France aux français ! » « Black Power ! » « Fier d’être juif ! » « Girl power ! » « Corsica nazione ! ». A chacun sa petite fierté identitaire à mettre en concurrence avec celle des autres.
Autant de mécanismes aussi petits et cons que la prétention à l’intégration pseudo-universaliste des républicains, autant de particularismes remplaçant ton individualité en te donnant l’impression de vivre par autre chose que par toi-même. Autant de choses pour nous faire oublier que nous sommes des humains, tous autant que nous sommes, et que nous vivons tous dans le même monde, ce monde de merde.

Ce qui nous différencie les uns des autres, qui nous sépare souvent, nous relie aussi, ce sont nos choix individuels que nous faisons sans l’aide de quelconques directeurs de conscience et sans être déterminés par quelques facteurs "socio-culturels" à la con. Nous entendons être bien plus que du gibier à sociologue et nous ne voulons plus fonder notre cause sur d’autres choses que sur nous-mêmes, ces choses qui nous asservissent comme les frontières, les genres, les communautés, les corporations, les religions, les ethnies, les nations, les patries...

Le 20 juin dernier, des milliers de T-shirts « J’aime Belleville » (avec au dos « Sécurité pour tous » en français et chinois) étaient distribués dans tout le quartier et portés par des habitants de façon joviale et irréfléchie dans une grande messe dominicale de la franche connerie citoyenne, sécuritaire et communautariste. Autant dire que notre sentiment face à cela fut le dégoût, et nous ne parlons même pas des lynchages racistes que nous avons déjà évoqués ailleurs et dont on a déjà discuté ici-même, si tu te souviens.

Au fait, t’aimes quoi au juste dans ton quartier ? Les flics qui jouent aux cow-boys, leurs caméras à tous les coins de rue, l’exploitation, les taudis pourris qu’on te loue la peau du derche, le vigile du ED de la rue de Belleville qui te tripote en permanence, les barres d’immeubles qui te barrent l’horizon, le gardien qui t’ordonne de bouger ton cul parce que le parc va fermer, les cafés pour riches qu’on te refourgue au prix d’un repas de pauvre à cause de l’invasion des bobos et autres artistes branchés accrédités par la mairie de Paris pour laver le quartier des pauvres comme nous, cette saleté de came qui nous endort, nous empêche de nous révolter, qui inonde les rues et fournit aux flics une bonne raison pour justifier leur immonde présence, ces tacherons de contrôleurs RATP et leurs têtes à claques, les poucaves et les indics qui te vendent aux condés à la moindre occasion de se faire bien voir ou de se racheter un casier, ces gros bâtards de politiciens et d’éducateurs qui viennent te faire croire qu’ils sont tes amis et qui t’envoient les keufs dés que t’as le dos tourné, les journaflics qui viennent te filmer comme dans un zoo pour montrer leur image du bon pauvre qui bronche pas et qu’en est fier ; ou peut-être bien que ce que t’aimes dans ton quartier, ce sont les rafles de sans-papiers dans la rue, les transports, à la CAF, à la sortie de l’école, et la chasse à l’homme permanente contre biffins et marchands ambulants ? En gros le même merdier qu’ailleurs.

Belleville comme tout autre quartier, c’est avant tout un gros tas de cibles à attaquer et à défoncer, de flics à dérouiller, de frustration sociale et de colère à exprimer et d’exploiteurs à dépouiller ; et toi tu voudrais te réapproprier tout ca ? En être fier et le revendiquer ?
Non, vraiment, respire un bon coup, réfléchis un peu avec tes tripes et ton cœur plutôt qu’avec l’idéologie du 20H et choisis ton putain de camp face à la domination.

Réapproprions nous la guerre sociale plutôt que de la subir en victimes. Battons nous pour un monde de liberté plutôt que pour un bout de trottoir occupé. Quelques anarchistes et sans-patrie du quartier. [Tract trouvé dans les rues de Belleville à Paris, Juillet 2010.]

26/07/2010

Petit détournement du dimanche

25/07/2010

La Villeneuve, c’est la technopole

Publié le 22 juillet 2010 par Pièces et main d’œuvre

Beaucoup s’étonnent des événements de ces derniers jours à La Villeneuve ; ainsi que d’autres récents faits divers, si brutaux qu’ils ont attiré une attention nationale. Les plus naïfs, ceux qui ne connaissent Grenoble qu’à travers les articles de complaisance de Libération et d’autres médias, s’ébahissent : "Vraiment, est-bien la même technopole, ce "laboratoire grenoblois", place-forte du CEA, de Minatec et des hypertechnologies où, voici un mois, Libération et le Nouvel Observateur nous conviaient à venir écouter le maire Michel Destot, et forces enflures céphaloïdes, pérorer lors des "Etats Généraux du Renouveau ?" (cf http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=265 ) Est-ce bien cette cité futuriste où le Musée Dauphinois consacre une exposition à la gloire de "l’homme augmenté" et des robots, "une espèce en voie de développement" ?

Ces "émeutes", ces rixes, ces crimes, c’est le retour du réel. Les lignes ci-jointes offrent aux amnésiques un ahurissant, écoeurant, florilège de déclarations du technogratin (sources à l’appui) ; de ses manifestations de mépris et d’oppression envers l’humanité ordinaire sommée de déguerpir, de s’écraser ou de se faire oublier dans les arrière-fonds de la technopole. Un jour, les techno-rats jaillissent à la surface et les techno-maîtres s’effarent. Lisez "La Villeneuve, c’est la technopole" (à télécharger ci-dessous), et ne soyez plus étonnés.

25/07/2010

Julian Assange: Why the world needs WikiLeaks

25/07/2010

Capitalisme productiviste : le travail et la consommation, l’émancipation et le socialisme

Publié le 24 juillet 2010 par Christian DELARUE pour Le Grand Soir

Marx comme Arendt ont sévèrement critiqué le travail. Marx critique férocement le travail aliéné celui pris dans les rapports capital-travail et Arendt approuve Marx mais sa critique va aussi contre la survalorisation du travail (et ce faisant elle va contre l’église et le mouvement ouvrier d’alors) mais elle n’annonce pas la fin du travail. Sur ce point particulier, certains décroissants soulignent qu’aujourd’hui la fin du travail est non souhaitable pour une autre raison : cela risque de déboucher sur la seule liberté de consommer (du moins si le pouvoir d’achat occidental est maintenu). Annie Coll (2) écrit "Si le travail est incontournable, l’humanité doit veiller à produire plutôt de la permanence que de l’abondance". Voilà qui va à contresens de la production à obsolescence programmée qui caractérise le capitalisme. "Pris par le tourbillon de la dévoration des marchandises, nous oublions de construire un monde stable ou la valeur d’usage l’emporte sur la valeur d’échange". dit-elle encore (p54). Voilà un changement de perspective qui partant de la sphère de la consommation débouche sur le type de production nécessaire et qui ce faisant annonce tout simplement le socialisme, bien que le terme ne figure pas dans son ouvrage.

Après une critique du productivisme (première partie) en lien avec le travaillisme on passera à une critique du travaillisme comme vecteur de mal-vie individuelle (seconde partie). Deux versants différents sont abordés mais d’un côté ou de l’autre la boucle se referme sur la mal-vie.

I - Encore sur l’écosocialisme contre le productivisme.

Dans cette brève note, on ne trouvera pas une recherche sur les composantes de "l’économie plurielle" à savoir : l’économie de marché, le secteur public, l’économie sociale et solidaire et l’économie domestique car ces composantes peuvent très bien s’insérer dans une économie capitaliste ou socialiste selon la place centrale et dominante conservée ou non par l’économie des sociétés anonymes notamment de celles faisant appel public à l’épargne . L’économie sociale et solidaire - ESS - n’est pas une alternative à l’économie capitaliste ni même à l’économie marchande dans laquelle elle est insérée. (3) A la suite de Jean-Marie Harribey et Stéphanie Treillet, nous préférons distinguer simplement secteur marchand et secteur non marchand (lequel figure aussi dans le PIB). Par ailleurs comme l’indique Jacques Cossart (4), l’appropriation publique n’est que le début d’un processus qui a pour enjeux central l’intervention citoyenne dans le champ économique, dans et hors les entreprises.

A) La problématique opposition multiforme à la croissance et au productivisme.

Le productivisme reçoit comme première définition la recherche constante de croissance de la production. Le productivisme relève de l’obsession quantitativiste : il s’agit de produire pour produire et de produire toujours plus notamment grâce à la standardisation des produits. Le productivisme s’appuie sur le progrès constant de la technologie et sur une "organisation scientifique du travail" dont le stakhanovisme constituait la version stalinienne en réponse au taylorisme. En fait le productivisme s’appuie sur l’exploitation maximale de la force de travail, sur le travaillisme (travailler plus, plus vite, sans augmentation de salaire) tant dans le privé que dans le public.

En réponse à la "doxa travailliste"(5), les anti-productivistes exigeront très majoritairement une forte réduction du temps de travail. Mais en outre pour que le temps libéré ne soit pas un temps de consommation Elise LOWY (6) rappelle que "l’anti-productivisme prône une nécessaire autolimitation de la consommation pour rompre avec l’hybris et préserver la démocratie". Comme il ne suffit pas de le dire pour que ce soit effectif, la création d’un revenu mensuel maximal est préconisée pour amputer le pouvoir d’achat nuisible des riches (7). Lire ici Comment les riches détruisent la planète d’Herve Kempf (8). Autre chose encore : brider l’influence de la publicité comme appareil idéologique de production de "l’imaginaire capitaliste" et de son complément le surconsommateur avide de produits nouveaux est également nécessaire.

Dérive : On a entendu quelques "antiproductivistes de la sobriété" s’accommoder d’un travaillisme "occupationnel" (sic) afin d’empêcher que les travailleurs ne fréquentent les "temples de la consommation". De façon assez misérabiliste, ceux-là sont aussi contre les augmentations de salaire sauf pour les smicards et en-dessous. Riposte : Ici le fait de consommation est survalorisé dans l’analyse et la production oubliée. On pourrait ajouter que la "compulsion de consommation" (qui suppose de bons salaires) va de pair avec un abrutissement au travail alors qu’un travail sobre en durée et en intensité s’accommode plus aisément ensuite d’une activité "citoyenne" libre. Nous y reviendrons.

Bilan provisoire pour aller plus loin : Cette première définition large du productivisme acceptée par certains écologistes a l’avantage de permettre d’intégrer les modes de développements industriels non capitalistes du XX ème siècle ne suffit cependant pas à dire la vérité sur le productivisme. Elle oublie le rôle fondamental du profit y compris via la concurrence mondiale au XX ème siècle entre modèles de développement pour les économies ne fonctionnant pas à la logique du profit.

B) - Une distinction toujours nécessaire : Produire pour le marché et les profits ou satisfaire les besoins sociaux.

La critique du productivisme passe par celle de l’économie de marché et la critique du capitalisme. En effet, ce n’est pas n’importe quelle croissance de production de biens que le productivisme recherche. Il cherche avant tout l’accumulation marchande. Il veut produire plus de marchandises mais pas plus de biens et services non marchands, biens publics ou biens communs. Pour le dire autrement, il cherche la production de valeur d’échange pour la réalisation d’un profit ce qui montre son inscription capitaliste et non la production de valeur d’usage, ce qui le rapprocherait du socialisme.

Si le socialisme historique a pu être productiviste ce n’est pas sa seule voie. Il peut, grâce à la démocratie socialiste et à une planification repensée en vue du "développement durable" déployer un mode de développement respectueux des équilibres écologiques. Ce mode d’intervention citoyen sur les grands choix de production casse la logique de profit pour viser la satisfaction des besoins sociaux. C’est une bifurcation structurelle agissante hors tout débat sur les vrais ou faux besoins tel qu’initié par Marcuse (9) et d’autres. S’y rajoute dans la délibération la prise en compte de l’environnement pour produire des logements, des hôpitaux, des modes de transport, etc...

Si le socialisme est ouvert sur des modes variés d’allocation des ressources il n’en va pas de même du capitalisme dominant. Le mode de développement capitaliste ne saurait, lui, s’ouvrir une telle voie. L’écologie de marché présuppose, non une logique tarifaire citoyenne, mais une logique de prix (de marché) libre . Versus social-démocratie une réglementation des prix est sans doute pensable pour venir borner le camp d’action du marché . On a alors un marché certes "bridé" mais qui néanmoins laisse agir pleinement "la main invisible" du marché libre de produire, vendre et consommer dans un univers concurrentiel dont le profit est le moteur.Cela ne saurait suffir même le marché doit rester actif. Il importe de le circonscrire (10) par des services publics et une institution planificatrice nouvelle.

Un anti-productivisme socialiste mettra en avant en plus de la lutte contre le travaillisme (RTT) et du revenu mensuel maximal la construction d’une économie planifiée, non marchande par généralisation de l’intervention citoyenne et non la généralisation du marché. Là ou est le marché c’est la logique de solvabilité qui a le maître mot. On ne saurait faire comme si "l’imaginaire capitaliste" dont la publicité est le vecteur ne pesait pas avec force contre le discours de la sobriété ou de l’équilibration.

II - Contre le travaillisme pour le bien vivre.

"Si on accepte de ne parler que d’emploi, on est d’emblée situé dans une problématique, dans une grille de lecture qui sont celles de l’économie politique" écrit Bernard VASSEUR (11) qui ajoute "Si vous dites "emploi", vous acceptez, que vous le vouliez ou non, qu’il y a des "employeurs" (des gens gens qui peuvent se dire "créateurs d’emplois"...), qu’il y a des "employés"... Pour parler de la qualité du travail il faut sortir de la question de l’emploi. Car bien vivre au travail c’est bien vivre tout court.

Ce qui est développé ici se résume par "Il faut pour bien vivre se situer dans un rare entre-deux au travail, ni au chômage ni dans le travaillisme." Ajoutons avec une production utile, avec ouverture à la culture plus qu’au divertissement.

A) La critique du travaillisme et sa portée.

La question du travail, de son sens, de son utilité, de sa valeur se pose d’abord en critiquant (pour le réduire et le neutraliser) le travaillisme (5) qui n’est pas seulement la critique des excès d’un certain management tant dans le privé que dans le public.- harcèlement, contrat d’objectifs, management par le stress, humiliations hiérarchiques répétées, etc... mais aussi critique de son inscription capitaliste et donc - pour aller à l’essentiel - de sa durée (plus de 35 heures hebdomadaires), de son intensification, de sa faible rémunération.

La critique du travaillisme ne se limite donc pas à la critique de certains travaux et de certaines catégories de salariés. Elle est relativement globale dans la mesure ou elle est critique du travail salarié mais pas du travail en soi. Elle ne débouche pas pour autant sur une apologie du travail indépendant instrumentalisé par l’idéologie entrepreneuriale .

En fait c’est le rapport social capital-travail qui doit être transformé fortement avant de disparaître pour accéder au travail libre, au travail émancipé . Cette transformation n’est réalisable que sous le socialisme. Le capitalisme se montre incapable de généraliser RTT, bons salaires, travail à cadence modérée.

La critique du travaillisme montre qu’il ne s’agit pas d’être "fainéant", de "ne rien faire" à une époque ou N. Sarkozy pose le modèle de la "France qui se lève tôt" mais qu’il s’agit positivement de travailler sobrement et sans excès. Vive les 30 heures pour tous et toutes.

Ce faisant, il s’agit de travailler de prendre sa part (mais pas plus) dans la production de l’existence sociale, celle à laquelle nul n’est exempt, sauf les jeunes et les retraités (du moins comme salarié). La critique du travail salarié invention du capitalisme n’est pas prétexte à ignorer la nécessité du travail producteur de valeur d’usage pour la société. Ce qui incite à une critique de ce qui est produit.

B) La critique d’une certaine production.

La critique du travaillisme est essentielle pour travailler mieux mais elle ne suffit pas. La critique du travaillisme et des modalités de la production doit se compléter d’une critique de ce qui est produit. Savoir que l’on produire des biens ou des services utiles à la population est essentiel à la bonne vie au travail.

Produire des biens nuisibles ou des biens qui ne sont accessibles qu’aux riches participent de l’aliénation au travail même si l’exploitation est réduite (30 heures par semaine avec un bon salaire ie qui laisse de l’épargne en fin de mois). Ainsi, participer à une fiscalité juste peut rendre heureux au travail si le travail n’est pas trop parcellisé et sous tension. Servir une fiscalité pour les riches participe de l’aliénation au travail. La critique de ce qui est produit constitue aussi un élément de la critique anti-productiviste. Mais c’est un autre débat (voir note1).

C) Travaillisme contre cerveau disponible pour la culture, l’agir collectif, la rencontre.

Le travaillisme, forme de despotisme au travail, crée son complément la société de loisir c’est à dire la distraction facile et généralisée par la consommation immédiate soit chez soi via la télévision soit à l’extérieur dans les "temples de la consommation". A l’opposé le travail modéré réel mais serein et limité facilite ensuite grâce à l’énergie restante et le temps libre restant l’accès à la culture qui vous place dans le temps long du construit et du collectif et non dans l’obsolescence de l’immédiat et de l’individuel. L’activité citoyenne ou politique participe aussi de cette activité inscrite dans le temps long et collectif . On pourrait ajouter que le travaillisme favorise l’isolement et le repli sur soi et bride la disponibilité à la rencontre amicale ou amoureuse. Le retour néolibéral du travaillisme est donc le despotisme de la vie complète tant dans le travail que hors travail.

D) Le mal travail produit de la mal vie (hors travail), pas l’inverse !

On ne saurait travailler "en apnée" pour mieux respirer hors travail (BV 12). La vérité c’est que le travail contraint (ou le mal au travail) produit de la mal-vie hors travail. Voilà le principe qui a évidemment ses exceptions. Mais la médecine du travail aux ordres du patronat tend à inverser les causalités : vous allez mal chez vous donc vous travaillez mal. La critique syndicale remet les choses à l’endroit. C’est un travail critique constant au temps du capitalisme néolibéral que de devoir sans cesse remettre les chose à l’endroit !

Christian Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org...

1) L’invention du travail. par Michel Freyssenet

2) in Le très "possible" communisme - Lecture croisée de Marx et Arendt par Annie COLL edition MLD

L’auteur, professeur de philosophie à Dinan, enrichie une lecture de Karl Marx par celle d’Hannah Arendt sur les six thèmes suivant : l’émancipation, la fin de l’exploitation, le travail, l’histoire, la liberté d’agir, la politique pour tous.

3) Vous critiquez l’Economie sociale et solidaire mais n’osez pas vous dire écosocialiste !

4) Productivisme et socialisme de Jacques Cossart

5) Contre la doxa travailliste en Europe vive la RTT et le partage du travail. C Delarue

6) Petite histoire du productivisme par Elise LOWY

7) Sobriété pour les très riches de tous les pays. C Delarue

8) Ecologie, productivisme, et post-capitalisme Un débat entre Philippe Corcuff et Hervé Kempf

9) Herbert Marcuse, les besoins et le socialisme

10) Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue

11) in Note de la Fondation Gabriel Peri : "Le despotisme des modernes" par Bernard VASSEUR

http://www.legrandsoir.info/Capitalisme-productiviste-le-travail-et-la-consommation-l-emancipation-et-le-socialisme.html

23/07/2010

Full Metal Sarkozie

Publié le 21 juillet 2010 par JBB pour Article XI

Trop jeune, tu as raté Verdun ? Pas grave, il te reste une chance d’assister à une guerre, une vraie. Le front sécuritaire gouvernemental - Grenoble et Saint-Aignan pour ligne Maginot - te permet ainsi de plonger au cœur de la machine belliciste. Comme en 14, ses experts et officiers rêvent d’un désordre pourtant condamné à grands cris, pour mieux satisfaire leurs intérêts et ambitions.

Il y a chez ceux qui s’affichent comme les plus pieux défenseurs de l’ordre une très trouble inclination à savourer les manifestations du désordre.

Et il ne me surprendrait pas d’apprendre qu’ils les appellent de leurs vœux, tant leur empressement à les monter en neige et à en tirer les plus alarmistes discours illustre leur schizophrène position.

D’un côté, ils s’alarment, dressant le plus apocalyptique des tableaux de deux violents emballements (sans guère de perspectives politiques, si tu veux mon avis), à Grenoble et à Saint-Aignan.

De l’autre, ils s’enthousiasment, heureux de trouver dans deux explosions marginales la confirmation de leur cauchemars tout autant que la validation de leurs programmes politiques.

Ainsi de la dame-patronnesse de la réacosphère Élisabeth Levy qui, sur RTL et aux heures de grande écoute, s’est criardement lancée dans un prêche haineux et belliciste : « Enfin, on est en guerre ! On a des zones de guerre ! On a des gens qui tirent sur les flics à l’arme lourde ; ils rentrent dans la cité, ils passent une frontière et on est là à faire des chichis (…). Est-ce que vous vous rendez compte de la situation dans laquelle nous sommes ? Là, on n’a pas affaire à de pauvres gamins discréminés, si vous voulez, qui volent des mobylettes ; on a affaire à des caïds, à des malfrats, à des clients de Cour d’assise - d’accord ? - qui tirent sur les flics sans aucune hésitation - il y en a un qui meure, excusez-moi, je n’aurai pas une larme, j’en suis navrée mais c’est comme ça (…). Le deuxième disparaît dans la cité, on dirait qu’il est dans un pays étranger. (…) Non, mais là maintenant, si vous voulez, il faut y aller avec l’armée ! On est dans une situation de guerre, je suis navrée. » [1]

De tout cela, il n’est rien à retenir, hors cette certitude : Élisabeth Levy n’est pas navrée.

Mais alors : pas du tout.

Il ne saurait être question de donner de l’importance à la pétroleuse de Causeur et de conférer à ses propos un poids qu’ils ne méritent pas.

Elle n’est rien - si ce n’est un glacial coup de vent.

Mais elle incarne parfaitement - ce dont Élisabeth Levy est le nom, en somme - cette sorte de gens se sentant confortés à chaque fois que les principes qu’ils portent en martial (étendard) sont battus en brèche ; d’où cet amusant paradoxe : les thuriféraires de l’ordre ne prospèrent que sur son envers supposé [2].

Et la dame - avec son invite à faire donner « l’armée » - représente tout aussi justement les désolants adeptes du discours guerrier, militaires ratés seulement capables d’en rajouter dans les rodomontades bellicistes dès que l’occasion s’en présente ; « Le gouvernement mène une lutte implacable contre la criminalité. C’est une véritable guerre que nous allons livrer aux trafiquants et aux délinquants », entonne Sarkozy, « La guerre contre la délinquance se gagnera dans la rue », lui fait écho le député UMP Éric Ciotti, « Nos rues sont le théâtre de véritables scènes de guerre », braille encore Marine Le Pen.

Eux trois - parmi nombreux autres - n’ont d’autre intérêt que de gonfler les choses, de faire prospérer ce "désordre" qu’ils condamnent avec tant de vigueur : leur survie politique et électorale est à ce prix.

Taïaut ; la prochaine guerre mondiale ne sera pas, la mobilisation est désormais purement et uniquement intérieure.

[3]

Il en va de la sphère sécuritaire comme de tout éco-système : il faut des petits poissons et des gros, des sardines et des requins.

Elisabeth Levy est une sardine, donc - comme par exemple le magistrat Philippe Bilger, qui commence ainsi un billet publié sur Marianne.fr : « La guerre à Grenoble. Je n’exagère pas » [4] - , mais ses discours excités dans les médias sont nécessaires à l’existence et à la bonne santé des requins aux manettes.

Meneurs du jeu qui s’appuient tout aussi nécessairement sur une palette de moyens poissons - disons : des loups de mer - faisant l’incessante navette entre le rivage et les haut-fonds, le front médiatique et le front politique.

Eux sont présentement à la fête.

À l’image du dangereux criminologue Alain Bauer, discrètement - et il y a moins d’un mois - fait officier de la Légion d’honneur par Sarkozy himself ; bien le moins pour un multi-instrumentiste sécuritaire : conseiller spécial de l’Élysée en matière de sécurité, Bauer est aussi président de la Commission nationale de la vidéosurveillance [5], ainsi qu’en charge d’un rapport très récemment commandé par Luc Châtel sur la question des « sanctions à l’école », directeur d’une société privée de conseil en sécurité (AB Associates) et invité plus ou moins permanent des plateaux de télévision.

À l’image, aussi, de son compère de toujours, le désolant criminologue Xavier Raufer qui, il y a un an dans l’émission C dans l’air, tenait ce discours actuellement entonné avec vigueur dans les plus hautes strates - « Quand, dans un Etat de droit en paix, des individus se servent d’armes de guerre, dans le cadre d’une opération préméditée, pour tirer sur des représentants de forces de l’ordre, cela s’appelle un acte de guerre civile » - , discours qu’il avait précédemment posé sur papier, avec Alain Bauer, dans un ouvrage publié en 2002, La Guerre ne fait que commencer : « À partir de ces zones de non-droit inaccessibles aux forces de l’ordre et grouillant d’armes de guerre, assurer la logistique d’un réseau terroriste est stricto sensu un jeu d’enfant », s’enflammaient gaillardement les deux auteurs.

À l’image, encore, de l’inénarrable Frédéric Lagache, secrétaire national du syndicat de police Alliance [6], lequel multiplie les interventions médiatiques pour demander plus de fermeté contre « les criminels sans foi ni loi » et les « voyous », ainsi que pour s’effaroucher de toute critique des justes interventions de ses collègues ; face aux propos de la mère du braqueur descendu, femme digne appelant au calme tout en disant ses fermes soupçons que la police ait « assassiné » son fils, lui a exigé que le ministère de l’Intérieur la poursuive en justice : « C’est tout simplement inacceptable, dans la mesure où ce n’est pas la vérité. Le ministre de l’Intérieur doit soutenir ses policiers. Il est là pour faire respecter la loi. C’est pourquoi nous lui demandons de porter plainte, de poursuivre en justice la mère de ce jeune homme pour ses propos inacceptables » ; même pour un syndicaliste policier et pour un sarkozyste revendiqué - par ailleurs très joliment promu il y a dix jours [7] - , l’idée de poursuivre pour ses propos une mère tout juste endeuillée devrait sembler un brin obscène…

À l’image, enfin, de ces très récentes nominations, hommes promus pour leurs qualités répressives et leur fidélité au régime, qu’ils s’appellent Joël Bouchité [8], Éric Le Douaron [9] ou Christian Lambert [10] ; « Engagé dans une "véritable guerre" à la délinquance, Nicolas Sarkozy muscle sa force de frappe en nommant une nouvelle génération de préfets de choc à la tête des départements les plus symboliques », euphémise Le Figaro à propos des ces martiales affectations.

Oui : ça va chier…

[11]

"Sarkozy entre en ’guerre’ contre la violence", titre France Soir [12].

Et la formule invite à voir dans le dangereux baratineur présidentiel un courageux fantassin, prêt à prendre des risques et à donner sa vie pour l’honneur de la patrie.

Sarkozy n’est rien de tout cela, évidemment, mais ce titre a au moins un indirect mérite, celui de souligner que le locataire de l’Élysée s’appuie sur un état-major informel - officiers de l’arrière (politiques, gens des médias, experts) n’ayant d’autre spécialité que de souffler sur les braises pour y gagner immérités galons et décorations scandaleuses.

Là est la machine de guerre - le terme, pour le coup, est justifié : il s’agit de faire accroire à la réalité du combat tout autant que d’en créer les conditions.

Et cette machine, comme toutes les mécaniques guerrières, ne repose sur rien d’autre que la confluence de petits intérêts, minables calculs et médiocres ambitions.

Eux ont tout à y gagner - hors leur prétendue guerre.

Notes:

[1] Une émission qui continue ensuite dans la même eau. Sous un percutant billet de CSP, "La (vraie) guerre civile", le commentateur Ramiro revient sur la suite de la prise d’antenne :

"Dans la même émission et quelques minutes plus tard, Renaud Girard, journaliste au Figaro, ajoute « Cela ne me gênerait pas du tout que l’on rétablisse la peine de mort pour les attaques contre les forces de l’ordre » (31:45).

Elisabeth Levy surenchérit : « Je ne suis pas du tout favorable au rétablissement de la peine de mort. Par contre, je suis assez favorable à ce qu’il soit annoncé solennellement que, si vous brandissez une arme, de quelque nature qu’elle soit, contre un flic, celui-ci ait le droit de vous tirer dessus » (33:40), une phrase que ponctue Renaud Girard en lâchant « C’est la moindre des choses. »"

[2] Ne me fais pas dire que les récents événements montés en épingle sont vivante incarnation du désordre ; c’est juste ainsi qu’ils sont communément présentés dans les médias et chez les politiques.

[3] Ce billet ne serait pas ce qu’il est (quoi qu’il soit par ailleurs…) sans les excellents conseils de Lémi en matière d’illustration. Rendons à machin ce qui revient à machin, et toutes ces sortes de choses….

[4] Ben si, justement, bonhomme : tu exagères un max.

[5] Cette même vidéosurveillance censément l’un des axes de l’action gouvernementale en matière de sécurité. Invité par Le Figaro à revenir « sur les récents épisodes de violences urbaines », le ministre Hortefeux contre-attaque : « Justement, que chacun fasse son bilan. Pourquoi certaines villes socialistes refusent-elles encore la vidéoprotection ? »

[6] Syndicat marqué à droite, très à droite ; plus à droite, il n’y a pas…

[7] Frédéric Lagache vient en effet de bénéficier d’une très belle promotion, décrochant le statut envié (chez les policiers, s’entend…) de "responsable d’unité locale de police", grade le plus élevé chez les sous-officiers. À 46 ans, c’est pratiquement un record…

[8] Joël Bouchité, ancien directeur des RG, fidèle de Sarkozy et de Squarcini (qui dirige la DCRI), vient d’être nommé conseiller pour la sécurité intérieure de l’Élysée.

[9] Chargé de 2007 à 2009 de la Direction centrale de la sécurité publique, Éric Le Douaron est - depuis ce matin - le nouveau préfet de l’Isère.

[10] Prétendument "grand flic" légendaire et ancien patron du Raid, l’homme a été promu en avril dernier préfet de Seine-Saint-Denis.

[11] Le visage de la guerre, par Dali.

[12] Titre ayant à cœur de repousser toutes les limites de la dégueulasserie en matière de presse. Ce n’est pas là le sujet, mais il y aurait beaucoup à dire sur les crapuleries quotidiennes de France Soir

http://www.article11.info/spip/spip.php?article875

23/07/2010

Lettre sur la spécialisation

Publié le 21 juillet 2010 sur Non-fides.fr, auteur Massimo Passamani

[Traduit de Canenero n°44, hebdomadaire anarchiste italien, 10 janvier 1997. Extrait de Guerre au Paradis N°1, journal anarchiste, téléchargeable ici.]

Ne mettez pas votre sort en jeu si vous n’êtes pas disposés à jouer avec toutes vos possibilités

Aujourd’hui je pensais à quel point est triste l’habitude de se définir à partir d’une seule d’entre toutes les activités à travers lesquelles nous nous réalisons, comme si c’était cette seule activité qui définissait l’entièreté de notre existence. Tout cela ne me rappelle que trop clairement les séparations que l’Etat et l’économie infligent à nos vies.

Prenez le travail, par exemple. La reproduction des conditions d’existence, le fait de se dépenser pour manger, dormir, rester au chaud, et cetera, tout cela ne devrait faire qu’un avec la discussion, avec le jeu, avec la transformation continue de notre environnement, avec les rapports amoureux, avec le conflit, en bref avec les mille expressions de notre unicité. Par contre, non seulement le travail est devenu le centre de chaque préoccupation, mais, fort de son indépendance, il impose sa propre mesure aux soi-disant loisirs, aux amusements, aux rencontres, à la réflexion ; au final il se présente comme la mesure de la vie même. En effet, presque tous les individus se définissent en fonction du travail qui les occupe, et donc à partir de leur propre misère, parce que telle est leur identité sociale.

Je me réfère en particulier au reflet, dans la théorie et dans la pratique des révolutionnaires, de la séparation imposée dans la vie de chacun par le pouvoir. Prenez les armes, par exemple. Que sans armes une révolution me paraisse impossible, cela me semble assez clair, mais il est tout aussi clair que les armes ne suffisent pas. Je crois que plus révolutionnaire est un changement social, et moins la confrontation armée devient sa mesure. Plus ample, consciente et joyeuse est la transformation, et plus faibles sont les chances de retour en arrière. Si la subversion est réalisée dans tous les domaines de l’existence, la défense armée de sa capacité de destruction ne fait plus qu’un avec la création de nouveaux rapports et de nouveaux espaces. Cela si nous sommes tous armés.

Bien plus que par les défaites « militaires », le processus de reflux et par conséquent le triomphe du vieux monde, a toujours commencé avec l’extinction de l’action autonome et de l’enthousiasme, étouffés par les dures (et fausses) nécessités de la période de transition : le sacrifice avant le bonheur dans le communisme, l’obéissance au pouvoir avant la liberté dans l’anarchie. C’est vraiment dans ce reflux que se sont toujours déroulées, historiquement, les répressions les plus brutales, jamais dans le moment de l’insurrection diffuse et incontrôlable. Paradoxalement un anarchiste devrait, les armes à la main, faire en sorte que les armes servent le moins possible et qu’elles ne soient jamais séparées de l’ensemble des aspects de la révolte. Alors je me demande ce que voudra bien dire le concept de « lutte armée ». Je le comprends si c’est un léniniste qui en parle, lui qui de la révolution ne possède que l’image misérable du coup d’État et de la prise du Palais d’ Hiver. Mais un antiautoritaire ? Il s’agit peut-être, face au refus général d’attaquer l’État et le capital, de souligner le caractère inoffensif de chaque contestation partielle et l’illusion d’une libération qui voudrait seulement abolir le pouvoir « illégitime », ou qui voudrait auto-gérer l’imaginaire. Soit.


Mais s’il y a bien quelque chose de partiel, ce sont les mythologies guerrières, avec tout leur cortège de slogans, d’idéologie et de séparations hiérarchiques. Inoffensives pour le pouvoir, elles le sont également lorsqu’en acceptant de suivre des voies qui lui sont identiques en tout point, elles contribuent à empêcher toutes celles qui sont différentes. Quand à l’illusion, comment nommer autrement la thèse selon laquelle la vie quotidienne, avec ses rôles, ses obligations et sa passivité, puisse être critiquée à travers l’organisation armée ? On peut s’en souvenir autrement, de cette thèse : la tentative était de fournir une alternative anarchiste, et pas avant-gardiste, aux organisations combattantes staliniennes. Quant aux résultats, ils étaient déjà inscrits dans les méthodes. Comme si pour attaquer l’État et le capital il y eût besoin de sigles, de revendications ennuyeuses, de communiqués illisibles et tout le reste. Et on entend encore parler de « lutte armée » et d’organisations « combattantes ». Rappeler -au milieu de tant d’amnésie intéressée- que les armes font également partie de la lutte ne peut qu’être positif. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que nous ne devrions plus publier de journaux, cesser de débattre, d’inviter publiquement à l’élimination du Pape, de balancer des œufs aux juges, ou du yaourt aux journalistes, de piller pendant les manifestations, d’occuper des lieux ou de bloquer la rédaction d’un quotidien quelconque ? Ou alors cela signifie justement, comme en rêvent pas mal de magistrats, qu’on devrait laisser ce « faible niveau » à quelques-uns, pour que d’autres puissent devenir les spécialistes des « attaques » ? En outre avec l’intention d’épargner ainsi l’implication inutile de tout le mouvement pour les actions de quelques-uns, comme si depuis toujours les séparations ne préparaient pas le meilleur terrain pour la répression…

Il faudrait libérer les pratiques offensives de toute phraséologie « combattante » et de tout modèle léniniste, en faire la rencontre réelle de toutes les révoltes. Ceci est la meilleure manière d’empêcher leur disparition. D’autant plus que les exploités eux-mêmes passent parfois à l’attaque, sans attendre les indications d’une quelconque organisation. L’insatisfaction s’arme contre le spectacle terroriste du pouvoir, parfois en alimentant le spectacle. Et ce ne devrait pas être aux anarchistes de la désarmer. Pour cacher chaque signe d’insatisfaction, pour démontrer que personne -sauf les derniers « terroristes »- ne se rebelle contre la démocratie, l’État essaye d’inventer une organisation anarchiste clandestine à qui attribuer, pour les nier, les mille expressions d’une révolte qui dépasse de loin le cadre de n’importe quelle « bande », qu’elle soit armée ou non. C’est ainsi qu’on administre le silence et le consentement. C’est justement parce que les patrons voudraient enfermer nos activités dans une structure militaire, pour les diviser en différents « niveaux », qu’il nous faut les diffuser et les unir le plus possible dans un projet révolutionnaire qui dépasse toute mythologie armée. Chacun avec ses dispositions et ses désirs. Et puis, subvertir chaque pan de l’existant. L’arme qui contient toutes les armes est la volonté de vivre avec toutes ses possibilités, et tout de suite.

Et de la thèse selon laquelle il faut, en revendiquant ses propres actions, prendre ses responsabilités dans l’affrontement avec le pouvoir ? Que les sigles tous prêts à coller sur des individus gênants fassent le bonheur de la police, ça me semble évident. La responsabilité, donc, pour ne pas être un mensonge ou un prétexte pour le contrôle, doit être individuelle. Chacun est responsable devant soi-même de ses actions. La reconnaissance réciproque des responsabilités n’est envisageable que s’il y a une réciprocité réelle. Aucune responsabilité, donc, dans l’affrontement avec celui qui, en exploitant, nie toute réciprocité. Dans la lutte contre l’autorité, aucun terrain de reconnaissance commune – que ce soit l’affrontement politique ou militaire- mais seulement l’inimitié.

Qu’est-ce que signifie, alors, prendre ses responsabilités politiques face au pouvoir ? Peut-être cela veut dire - en parfaite obédience léniniste - être reconnu par le pouvoir en tant qu’organisation ? Ici meurt la responsabilité et commence sa contrefaçon collective, le spectacle de la guerre sociale.

Le démocrate de gauche, respectueux des lois, est le premier à se laisser séduire par l’imagerie guerrière, surtout si elle est exotique, et le guérillero est le premier, une fois les armes déposées, à revenir lentement à la gauche, à la loi et à la démocratie. De ce point de vue, c’est lui qui enterre la possibilité insurrectionnelle dans toute sa portée ; qui, en adhérant plus ou moins directement au réformisme, contribue à renforcer le faux besoin de l’organisation combattante, cette projection renversée de l’impuissance politique. Les militants de gauche sont même capables d’utiliser le sous-commandant Marcos pour légitimer leur rôle contre la droite. Le sous-commandant, de son côté, n’attend rien d’autre que de pouvoir agir démocratiquement pour sa patrie.

En laissant les léninistes plus ou moins modernisés se perdre dans leur merde, revenons aux anarchistes. Ici aussi, parmi les spécialistes du débat, combien sont pleins d’enthousiasme pour le « Chiapas insurgé », pourvu qu’ici on ne parle pas d’insurrection, cette maladie infantile de l’anarchisme… Et pourvu qu’on garde les distances de circonstance avec ceux qui continuent d’en parler.

Une fois un ami m’a dit, à la fin d’une réunion sur les espaces autogérés, que dans les années soixante-dix il y avait une sorte de conviction que celui qui était armé et tirait avait de toute façon raison, alors que maintenant il semble que la grande mode soit du côté du squat et des squatters. Des spécialisations interchangeables. Occuper est, en soi, une méthode de lutte importante, qui contient la possibilité de chaque subversion : la volonté d’allonger les mains et de prendre son propre espace. Cela ne veut pas dire, évidemment, que cette méthode seule puisse être la solution pour en finir avec ce monde fait de contraintes et de marchandises. Ce sont, comme toujours, les idées et les désirs de celui qui utilise ces moyens qui fait la différence. Si quelqu’un recherche dans les espaces occupés la garantie de survivre dans des conditions acceptables, il la trouve, comme il pourra y trouver une base pour les projets les plus démesurés. La même chose vaut pour les livres, les explosifs ou les amours. Ce qui importe le plus c’est de ne mettre aucune des limites (ni dans un sens ni dans l’autre) empruntées aux critères dominants : la loi, le nombre, le bonheur de la réussite.

Personnellement, je ne connais pas les « insurrectionnalistes », je connais seulement des individus qui soutiennent, chacun avec leurs propres raisons et à leur propre manière, la nécessité de l’insurrection. Nécessité, comme disait notre ami, déterminée par le fait qu’à l’intérieur de la société présente il est seulement possible de proposer des manières différentes de répondre aux problèmes existants, tantôt avec une démocratie directe, tantôt avec des comités citadins, et cetera ; tandis qu’avec l’insurrection se sont les questions elles-mêmes que l’on change.

Et si l’on refuse toute spécialisation, pourquoi se définir comme « squatters » ? Pourquoi se définir seulement à travers une pratique ? Peut-être parce que l’on peut parler publiquement de cette pratique, parce qu’elle peut se répandre plus que d’autres et qu’elle implique une dimension collective ? Critères misérables, à mon avis. On peut aussi parler publiquement de sabotage, du moment qu’il n’y a aucune nécessité de dire « j’ai fait ceci » ou « machin a fait cela » pour discuter d’un problème. Un sabotage peut être également réalisé par plusieurs individus ensemble, mais si un seul individu le mettait en pratique, l’action n’en perdrait pas pour autant son sens. Quant à la capacité de diffusion, il semble qu’il devrait s’agir d’un sujet de réflexion, pas comme une unité de mesure, bien entendu. Si quelqu’un, parce qu’il aime briser les vitrines des banques et des centres commerciaux, venait à te dire : « salut, je suis un casseur », tu te mettrais à rire.

De la même manière il serait ridicule pour un révolutionnaire de se définir comme « écrivain » parce qu’il ne dédaigne pas de publier quelques livres ou articles. Je n’ai jamais entendu un anarchiste se présenter comme « saboteur », dans le cas contraire j’aurais pensé avoir affaire à un parfait crétin. En outre, qui n’a jamais critiqué l’occupation en tant que telle ? Qui n’a jamais déclaré que la dynamite était « plus révolutionnaire que le pied de biche » ? Lutter, sous toutes ses formes, est une totalité indivisible, voilà où je veux en venir. Je ne dirais pas cela seulement de la lutte, mais de la vie toute entière. Sans « propagande » et « armes de la critique », « lutte armée » et « critique des armes », « vie quotidienne » et « révolution », « individu » et « organisation », « autogestion » et « action directe », et ainsi de suite dans chaque petite case.

Mais, sans propositions spécifiques (lutte syndicale, occupation des bâtiments ou autre) comment créer une implication plus large ? Les propositions sont possibles, même s’il faut s’entendre sur quoi, et à qui. Mais de telles propositions sont soit des moments d’une critique théorique et pratique globale, soit des propositions acceptées à l’avance.

Cependant tout n’est pas à détruire. On ne doit pas détruire la possibilité de la destruction. Ce n’est pas un jeu de mots. La destruction doit être pensée, désirée, projetée et organisée. Pour faire cela, aucune contribution utile, théorique et pratique, ne doit être gaspillée, aucune méthode ne doit être délaissée. Ce n’est certainement pas avec de belles proclamations subversives qu’on peut partir à l’assaut du monde. On devient ainsi tout au plus des retraités de la révolte. La possibilité de la destruction est toute à inventer, et on ne peut pas dire que les efforts pour le faire soient nombreux. Souvent, avec l’alibi qu’on ne souhaite rien construire, on fini par trouver mille raisons de ne plus rien faire ; et, aussi souvent, il nous manque la volonté nécessaire pour agir de façon déterminée et avec impatience, à l’image de nos idées, pour ne pas rester à la traine des événements. La capacité, enfin, de savoir choisir l’occasion. « Au cœur de l’occasion, toute chose est une arme pour l’homme dont la volonté n’est pas désarmée. »

J’en reviens à dire : tout ensemble, ou rien. Quand on prétend subvertir le monde avec la seule discussion, ou avec les seules occupations, ou avec les seuls livres, ou avec les seules armes, on finit par vouloir diriger les assemblées, par occuper des bâtiments, par écrire mal ou par tirer moins bien. Le fait est qu’à répéter ces banalités -qui devraient être la base pour commencer à discuter vraiment- on en devient aussi ennuyeux que les spécialistes de la répétition.

C’est en bouleversant le monde que nous nous débarrasserons des vieux discours.

Massimo Passamani.

[Traduit de Canenero n°44, hebdomadaire anarchiste italien, 10 janvier 1997. Extrait de Guerre au Paradis N°1, journal anarchiste, téléchargeable ici.]

http://www.non-fides.fr/?Lettre-sur-la-specialisation

22/07/2010

D O S S I E R : Affaire Woerth / Bettencourt ?

E R I C . W O R T H . I T ?














(Image, DNA)


... T H E Y . L I V E . W E . S L E E P ...

22/07/2010

La Mystérieuse Ile d'Arros : Et c'est comme ça pour tout!

Quand on trouve une méthode pour enculer les gens à sec, je suppose qu'on la garde et qu'on l'applique à un maximum de cas. Je suppose que Bettencourt et les enflures qui lui servent de gestionnaires ont bien compris le principe : Démonstration!



http://www.dailymotion.com/video/xe2wjq_mysterieuse-ile-d-arros_news

22/07/2010

2002-2010: best of vidéos des déclarations de "guerre" de Sarkozy

Publié le 22 juillet 2010 par La rédaction du Post sur LePost.fr

Après les violences à Grenoble et à Saint Aignan, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir lancer une "véritable guerre" contre les "trafiquants" et les "délinquants".

Ce n'est pas la première fois que le Président use de mots forts pour annoncer sa volonté de combattre l'insécurité... "Un ton martial qui lui vaut des succès politiques depuis plusieurs années", souligne France Info.

Dans un article intitulé "Nicolas Sarkozy, huit ans de "déclarations de guerre" publié ce mercredi, Le Monde.fr a recensé les déclarations du chef de l'Etat dans ce domaine, depuis 2002. Le Post vous propose un petit rappel en vidéo.


Pour commencer, voici un montage vidéo réalisé par Le Petit Journal et repéré par FullHDReady, qui compile les phrases clés du Président utilisées entre 2008 et 2010, sur le thème de la délinquance :


(Source: Canal + / FullHDReady)

juillet 2002: "La seule chose qui m'intéresse c'est d'éradiquer la délinquance. De porter à cette délinquance les coups les plus fous, les plus forts."

octobre 2005: Argenteuil. "Vous en avez assez, hein ? Vous en avez assez de cette bande de racaille ? Eh bien, on va vous en débarrasser !"

juin 2005: La Courneuve. "Dès demain, on va nettoyer au Karcher la cité, lance-t-il. On y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu'il faudra, mais ça sera nettoyé."

voir la vidéo de l'Ina


avril 2007: Meaux. "J'ai bien l'intention de continuer à appeler un voyou, un voyou, une racaille, une racaille. Ce n'est pas un mot qui est insultant, ce qui est insultant c'est de se comporter comme un voyou."


avril 2009:
"J'ai décidé d'engager une lutte sans merci contre les voyous et les délinquants".

Voir à partir de 41, 45 mn:


(Source: Public Sénat)

mai 2009: "Aucune rue, aucune cave, aucune cage d'escalier ne doit être abandonnée aux voyous. Je souhaite que se multiplient immédiatement les opérations coup de poing dans les cités."



(Source: France 2)

mai 2010: "La France s'est engagée dans une guerre sans merci contre la criminalité."



(Source: i>Télé)

juillet 2010: "Le gouvernement mène une lutte implacable contre la criminalité. C'est une véritable guerre que nous allons livrer aux trafiquants et aux délinquants."

http://www.lepost.fr/article/2010/07/22/2160407_videos-le-best-of-des-declarations-de-guerre-de-sarkozy-contre-l-insecurite.html#xtor=ADC-218

22/07/2010

Top Secret America : A Washington Post Investigation


T O P . S E C R E T . A M E R I C A




Voilà ce qu'en dit Corine Lesnes sur son blog, pour ma part, je dois admettre que je n'ai pas encore eu le temps de me plonger totalement dans ce putain de dossier qui semble pour le moins béton... mais je n'ai pas su résister à l'envie de vous le faire partager. Bon courage à tous, ça pue les nuits blanches... http://projects.washingtonpost.com/top-secret-america/

Publié le 21 juillet 2010 par Corine Lesnes pour Big Picture, Croquis D'Amérique

Parlant journalisme d’investigation, en voilà.
Il ne s’agit pas d’un scoop tiré d’un document qu’une “source” a envie de faire fuiter dans la presse, mais d’un scoop conceptuel, si on peut dire: qui révéle quelquechose qui est sous nos yeux mais trop éparpillé pour en prendre la mesure: too big to see.
Depuis trois jours, le Washington Post consacre la moitié de sa Une à une série sur les services secrets et la galaxie du monde du renseignement mise en place après les attentats de 2001: Top Secret America. C’est le nouveau journalisme de quotidien, en quelque sorte. Moins “news”, plus magazine. Les trois volets déjà parus pourraient remplir un livre.

La série a représenté deux ans de travail. Un staff d’une dizaine de personnes en plus des deux journalistes chevronnés qui ont écrit les articles (Dana Priest et William Arkin). Elle est accompagnée par un site web, une page FaceBook et un blog.

Elle montre l’essor tentaculaire du secteur de la sécurité nationale et son extension dans le privé (que font les Tea Parties ?)
Plus de 1200 agences gouvernementales et 1900 compagnies travaillent sur le contre-terrorisme, le renseignement ou la sécurité nationale sur plus de 10.000 sites dans le pays.
Quelque 854.000 personnes sont habilitées “secret défense” et rédigent 50.000 rapports par an….”dont la plupart sont complètement ignorés”. (A ne pas rater la grande roue du renseignement)

24 nouveaux organismes ont été créés entre septembre et décembre 2001 (dont le Homeland Security Department et la Foreign Terrorist Asset Tracking Task Force).
37 de plus en 2002, “pour traquer les armes de destruction massive” et collecter le renseignement. 36 en 2003, 26 en 2004 etc…

Préoccupant, le recours au privé. Sur les 854.000 “secret défense”, 31 % sont des contractuels privés. Et il n’y a pas de registre unique de tous ces personnels qui ont accès aux informations top secret …
Robert Gates le ministre de la défense a été interviewé par les auteurs.
- “Ceci est une confession terrible, leur a-t-il dit. Je ne peux pas avoir un chiffre sur le nombre de contractuels qui travaillent pour le cabinet du secrétariat à la défense“.

Le Washington Post indique que ses enquêteurs ont commencé par éplucher des centaines de milliers de documents publics. Ce travail leur a permis d’identifier 45 agences, qui ont pu être découpées en 1271 unités (par exemple le Centre de contre-terrorisme du FBI).
Pour ne pas compromettre la sécurité nationale, le quotidien a fait viser le site WEB et les cartes par des “officiels” qui n’ont objecté que sur un point -lequel a été retiré. Certains ont émis des objections sur l’ensemble du projet mais comme ils ne mettaient rien en cause en particulier, le quotidien a passé outre.

Il va être difficile d’échapper au Prix Pulitzer…

http://clesnes.blog.lemonde.fr/2010/07/21/top-secret-america/

22/07/2010

Marée noire à Dalian, Chine (Photos)

Publié le 21 juillet 2010 sur Boston.com/bigpicture

Five days ago, in the northeastern port city of Dalian, China, two oil pipelines exploded, sending flames hundreds of feet into the air and burning for over 15 hours, destroying several structures - the cause of the explosion is under investigation. The damaged pipes released thousands of gallons of oil, which flowed into the nearby harbor and the Yellow Sea. The total amount of oil spilled is still not clear, though China Central Television earlier reported an estimate of 1,500 (400,000 gallons), as compared to the estimated 94 - 184 million gallons in the BP oil spill off the Louisiana coast. The oil slick has now grown to at least 430 square kilometers (165 sq mi), forcing beaches and port facilities to close while government workers and local fishermen work to contain and clean up the spill. (29 photos total)

Workers attempt to rescue a firefighter from drowning in the oil slick during the oil spill clean-up operations at Dalian's Port on July 20, 2010. (REUTERS/Jiang He/Greenpeace) #

L E S . 2 8 . A U T R E S . P H O T O S . I C I

22/07/2010

BP, les médias et Obama mentent: impossible de colmater le volcan de pétrole

Publié le 20 juillet 2010 par François Marginean pour Les 7 du Quebec


Par définition, les corporations sont des entités sans conscience. Elles ne connaissent pas de frontières, pas plus que les désastres qu’elles engendrent régulièrement. Les nouvelles images satellites montrent que la marée noire de BP atteint maintenant les côtes du Mexique, proche du Yucatan et de Cancun en plus de se propager vers la côte ouest des États-Unis. Ceci est désormais une crise internationale.

Tel que vu dans la série d’article concernant cette catastrophe pétrolière (réf.: 1,2,3,4), il est clair que BP et le gouvernement américain tentent de dissimuler l’ampleur réelle de la situation dans le golfe du Mexique. L’administration Obama fait face à des élections de mi-mandat en novembre et doit faire oublier cette crise environnementale ainsi que leur incapacité à faire le ménage dans le département qui gère les licences d’exploitation de pétrole, le Minerals Management Service, qui au lieu d’inspecter les plateformes de pétrole, préférait voir ses employés s’échanger des liens de sites pornographiques sur Internet, consommer de la drogue et faire la fête sur le bras des compagnies pétrolière. Selon le rapport remis par l’inspecteur général du Département de l’intérieur, les enquêtes ont révélé une culture où l’acceptation des cadeaux de la part des compagnies pétrolières était répandue.

La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) amasse une grande quantité de données brutes qui pourraient aider le public et les scientifiques à mieux comprendre l’étendue des dommages causés par la fuite massive de pétrole dans le golfe du Mexique, mais ne les partage pas facilement. Ces données pourraient être explosives spécialement durant cette année électorale aux États-Unis.

De son côté, British Petroleum (BP) a tout intérêt à limiter l’étendue des dégâts ainsi que la perception du public dans la perspective de limiter les poursuites judiciaires en dommages et intérêts à venir. Il est grandement question de perception, car il y semble y avoir toute une différence entre ce qu’on pense qui se déroule dans le golfe du Mexique et la situation réelle. BP va jusqu’à payer des universités et des scientifiques dans la région du golfe pour acheter leur silence. Cette semaine, BP, le gouvernement américain et les médias voudraient bien croire que leur dernière tentative de colmater le geyser de pétrole avec un nouveau couvercle ait réussi et de faire avaler au public leur propagande selon laquelle l’énorme fuite serait définitivement une chose du passé.

En réalité, le couvercle du puits du Deepwater Horizon a pour fonction de faire paraitre le problème comme étant réglé, mais ce n’est pas le cas. La fuite n’a pas été arrêtée, elle n’a simplement qu’été déplacée. Ce stratagème sert Obama dans cette période pré-électorale qui risque de couter cher aux Démocrates et BP peut limiter les poursuites judiciaires qui pourraient aller jusqu’à $4300 par baril de pétrole déversé dans le golfe sous le Clean Water Act. Selon Cavnar, un expert dans le domaine, » alors qu’ils ont tout intérêt à boucher le puits de pétrole, BP a aussi tout intérêt à ne pas capturer 100% de ce pétrole jusqu’à ce que cela soit fait. Aussitôt qu’ils captureront la totalité de la fuite, alors un réel, mesurable chiffre sera devant le public et c’est la dernière chose que BP veut, puisque ce chiffre sera ensuite utilisé pour extrapoler les dommages environnementaux et par conséquent, le montant d’amendes par baril de pétrole qui leur seront imposés, ce qui va sûrement se monter à des milliards de dollars « .

Les deux experts gouvernementaux de la Commission nationale sur BP ont révélé qu’entre 1,6 et 3,2 milliards litres de pétrole ont été déversés dans le golfe depuis la fin avril, l’équivalent de 10 et 20 millions de barils de pétrole. Et selon certains géologues, il n’est pas certain que le réservoir du Macondo puisse se vider rapidement. La quantité de pétrole qu’il renferme pourrait être de beaucoup supérieure aux premières estimations et d’autres ont comparé la taille du réservoir au Mont Everest. C’est une des raisons principales pour laquelle BP utilise le dispersant chimique et toxique Corexit – cacher le pétrole sous la surface pour qu’il ne soit pas possible de calculer ces quantités astronomiques. Peut importe que ces dispersants soient toxiques pour les humains et la vie sauvage. L’équivalent d’un million de barils de dispersants ont été utilisés par BP jusqu’à maintenant, un record historique. En fait, il y a tellement de dispersants chimiques que même le super collecteur de pétrole qui avait été récemment mis en service en est rendu inutilisable puisque ce pétrole est dispersé et trop difficile à collecter.

Alors pourquoi est-ce que le problème n’a t-il pas été réglé par le nouveau couvercle de BP, tel que paradé partout dans les médias? Parce que nous savons déjà depuis le mois de mai et juin que le puits est endommagé à plusieurs endroits sous le niveau du fond de l’océan et que le pétrole et le méthane s’échappent même d’un peu partout du fond de l’océan et non pas seulement que de l’embouchure supérieure du puits du Deepwater. Cela fut révélé par le sénateur Bill Nelson sur MSNBC le 7 juin 2010, par le Congressiste Markey le 23 juin 2010 qui lui, discutait de l’intégrité remise en question du puits ainsi que le silence que BP et le gouvernement impose au Congrès à ce sujet, interdisant de rendre public ces informations.

Le puits est loin d’avoir été colmaté et les opérations de nettoyage et de récupération du pétrole vont s’étendre pendant tout l’automne. Des ingénieurs suivant la situation du puits endommagé ont détecté des fuites de pétrole et de méthane à travers les strates du fond de l’océan, rendant ainsi impossible la mission de fermer définitivement le puits avec un couvercle seulement. Les tests de pression et d’intégrité du puits ne sont pas concluants et le drillage des deux puits de secours a été interrompu parce que les choses ne vont pas comme prévu, évidemment.

C’est que le puits présente des points faibles à 3000 et 6000 mètres de fond et une autre fuite à une certaine distance du puits existe depuis quelques temps déjà.

Il est donc finalement impossible de colmater ce volcan de pétrole. Pire, en y ajoutant un couvercle sur le dessus du puits, le risque est grand que le méthane et le pétrole commencent à s’accumuler sous pression dans une poche à quelques centaines de mètres sous le fond de l’océan, formant ainsi une géante bulle qui pourrait éventuellement exploser, causant un massif déversement instantané dans le golfe. Cela s’était en quelque sorte produit lors de la première tentative de colmater le sommet du puits, alors que les boues de drillage s’étaient ramassées dans la formation géologique entourant le puits. Cette nouvelle tentative de colmater le puits à l’aide d’un couvercle ne fait donc aucun sens et ne constitue en aucune sorte une solution permanente.

Et ce méthane qui s’échappe tout autour du puits risque de poser de sérieux problèmes. Un expert de l’industrie du pétrole, Rob Cavner, qui a déjà expliqué qu’il y a des dommages dans le puits de pétrole sous le fond océanique et que BP doit laisser le déversement de pétrole continuent à jaillir pour éviter que d’autres dommages dans le puits soient causés jusqu’à ce que la pression puisse amoindrie par les deux puits de secours, a déclaré qu’il craint que le test d’intégrité pourrait endommager davantage et même faire exploser le puits en entier. Des scientifiques sont inquiets des niveaux de méthane qui atteignent de dangereux sommets pouvant tuer des millions de personnes. Ce ne serait pas une première, puisque qu’il est possible qu’une des pires extinctions que la Terre a vécu il y a 251 millions d’années ait été causé par une énorme explosion de méthane provenant d’éruptions provenant des profondeurs des océans, selon des géologues américains.

À suivre…

François Marginean

http://les7duquebec.wordpress.com/2010/07/20/bp-les-medias-et-obama-mentent-impossible-de-colmater-le-volcan-de-petrole/

 
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