17/07/2019

VIDEO : Select player : Hegel vs. Marx

Voilà en vidéo mais en anglais le meilleur résumé que j'ai pu trouvé de la relation qui unit les pensées de Hegel et Marx. Développement, contradiction, évolution, de l'idéalisme au matérialisme. Les deux sont indispensables mais avec le temps il me semble qu'on échappe pas à choisir son perso, celui avec lequel on joue le mieux, celui dont on préfère les pouvoirs ou les coups spéciaux, même si certains sont forcément redondants.
Vu le type de jeu que j'ai développé au cours des 15 dernières années, plus de doute, c'est avec Hegel et l'idéalisme que je joue m'amuse le plus et que je suis le plus efficace :D   

16/07/2019

VIDEO : Christianité politique (Zizek)

J'utilise christianité pour souligner la différence qui existe entre ce dont il est question dans l'extrait vidéo ci-dessous et le christianisme ou la chrétienté. On ne parle pas cul bénit ici, on ne pas parle dogme ou religion, on parle métaphysique et universalisme. On parle esprit et communauté, on parle communisme ou plutôt proto-communisme. Si vous êtes dogmatique, de quelque manière que ce soit, dégagez.



Vous pouvez aller plus loin en regardant un autre extrait ici

15/07/2019

TXT : Lordon sur l'extrême centre

Il faut absolument lire le dernier billet de blog de Frédéric Lordon qui est ici. Mais comme je sais que vous ne le ferez pas, je me permets d'en copier / coller un long extrait, le plus éloquent d'après moi, pour décrire la situation présente de l'extrême centre en macronie.  

"Die Welt, qui n’est pas exactement une feuille de squatteurs berlinois, titre sur la police française : « La plus brutale d’Europe ». Le moment ne devrait pas tarder où l’on lira — mais dans la presse étrangère seulement — des mises en comparaison de la pratique gouvernementale-policière française et de celle d’Erdoğan. C’est qu’à l’aveugle (sans la reconnaissance des lieux, des tenues, etc., qui identifient), on peine déjà à dire quelles images viennent d’où. Pourtant, d’ici que l’éditocratie française en vienne à lâcher sa scie du « libéralisme » de Macron et de l’« illibéralisme » de Salvini-Orbán-Erdoğan, son théâtre de Guignol préféré, son objet transitionnel, sa certitude du bon dodo, il va en falloir de l’œil crevé et de la main arrachée.

Pendant ce temps, le niveau des eaux boueuses du macronisme n’en finit pas de monter. Une mer de boue en fait, car le délire policier ne trouve ses autorisations que dans un climat d’ensemble — le macronisme, précisément. « Macronisme » est la dénomination française de ce que Tariq Ali, puis Alain Deneault, ont appelé « l’extrême centre ». Il y a quelque chose de très profond dans cette appellation, et pas seulement un effet d’oxymore, quelque chose de très profond qui dit le lieu véritable de la radicalisation dans les sociétés néolibérales. Ça n’est nullement un hasard que ce soit depuis le cœur de ces sociétés, le cœur des dominants, que soit diffusée cette catégorie de « radicalisation », comme de juste sur le mode projectif-inversé : pour en réserver l’application à tout ce qui n’est pas eux quand les véritables radicalisés, ce sont eux.

Les indices les plus accablants ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Certes nous savons que nous sommes sous la coupe d’un pouvoir de sociopathes, qui mutile sans un mouvement de conscience, et dont il n’est pas extravagant, au point où nous en sommes, d’imaginer qu’il pourrait faire tirer sur la foule si sa protection l’exigeait. Mais les mouvements collectifs de pensée et de discours de la base des convaincus dont ce gouvernement se fait une ceinture protectrice, quoique moins directement, physiquement, destructeurs, ne sont pas moins inquiétants pour autant. Le malheureux chef des Décodeurs du Monde qui devait sans doute communier dans la représentation centrale de son journal, où la violence est réservée aux extrêmes « usuels » — l’extrême droite et « l’extrême gauche », avec l’avantage indéniable de pouvoir mettre un signe « égal » entre le RN et la France Insoumise — et qui pensait probablement, sur cette base que le macronisme avait l’évidence démocratique du barrage, a découvert à ses dépens la vérité de l’extrême centre, des armées de trolls macroniens, parfois automatisées, parfois décentralisées, d’une morgue, d’une arrogance de classe et d’une violence verbale inouïes — au point de lui faire jeter l’éponge et se retirer des réseaux sociaux. Paradoxe qui, en raccourci, dit tout de l’époque : c’est la macronie qui aura eu la peau de Samuel Laurent !

On aurait tort de croire le phénomène strictement français : il a la même généralité que le néolibéralisme international. En mai 2018, une tribune publiée par un chercheur en sciences politiques dans un New York Times sans doute passablement déboussolé avait fait découvrir que, dans un assez large spectre de pays, les électeurs du centre étaient les plus sceptiques en les valeurs de la démocratie, et les plus enclins, s’il le fallait, à en congédier les institutions caractéristiques, notamment les élections et la presse libres, et à soutenir des régimes autoritaires, et ceci dans des proportions plus importantes que même l’extrême droite et l’extrême gauche ! Le macronisme est la parfaite émanation de cette inclination violemment antidémocratique des « démocrates », ce « centre » que la presse célèbre depuis des décennies, dont elle a épousé toutes les positions, et dont on se demande jusqu’où il faudra aller pour obtenir d’elle le premier décollement." 

Lisez la suite ici : https://blog.mondediplo.net/ou-est-steve-et-ou-va-la-police

04/07/2019

Un thread sur Orwell


Ce très bon thread a été diffusé le 29 juin dernier sur le compte twitter de l'excellente revue Ballast. Je ne demande pas l'autorisation de copier ici mais je fais de la pub ;) J'en dis pas plus, lisez plutôt :


Pendant qu’il est en Espagne pour combattre le nationalisme au sein d’une organisation marxiste, un livre d’Orwell sort, en mars 1937, avec une sorte de programme pour affronter « la mainmise fasciste sur l’Europe » : la « ligue des opprimés ». Voilà en gros à quoi ça ressemblait :

Ce qu’il reproche aux socialistes et aux communistes ? Le « jargon technique », le « credo urbain », les « chicaneries doctrinales », le culte des machines et de la « nécessité historique », la focalisation sur le seul « fait économique ». De se couper de « l'homme de la rue ».

Il appelle donc à un « front populaire » où le socialisme serait résumé en deux mots : « justice et liberté ». Ce front, ou cette ligue, se revendiquerait de la « cause commune » : aucun problème à marcher avec des gens qu’on n’apprécie pas si « l’essentiel est préservé ».

L’essentiel, c'est quoi ? Orwell met trois points en avant : unité avec ceux qui redoutent leur patron, ont du mal à payer leurs factures et refusent toutes les tyrannies.

Quid des divergences ? Il « sera toujours temps d’en discuter après », pense-t-il. « Nous sommes arrivés à un moment où il est désespérément nécessaire que tous ceux qui se réclament de la gauche fassent abstraction de leurs différences et décident de serrer les rangs. »

Il indique une « ligne » à formuler explicitement : celle qui sépare les exploiteurs et les exploités. Dans les seconds, il compte la classe ouvrière traditionnelle et la classe moyenne (car les deux subissent « le même système »).

Il liste ainsi : employé de bureau, ingénieur, voyageur de commerce, petit-bourgeois, épicier, fonctionnaire subalterne, terrassier, manœuvre d’usine, dactylo, mineur de fond, maître d’école et mécano.

Par-delà la sensibilité de chacun, Orwell précise, face au cauchemar qui vient (on est deux ans avant la guerre), que « la seule attitude possible pour un honnête homme, [...] c’est d’œuvrer pour l’avènement du socialisme ».

4 ans après ce livre (« Le Quai de Wigan »), il publie en pleine guerre « Le lion et la licorne » et se montre plus précis, avec un appel à la « révolution » bâti sur un « programme en six points ».

1) nationaliser toutes les terres, les mines, les chemins de fer, les banques et les principales industries
2) instaurer une échelle des revenus de 1 à 10
3) réformer l'éducation sur des bases démocratiques 4 ans après ce livre (« Le Quai de Wigan »), il publie en pleine guerre « Le lion et la licorne » et se montre plus précis, avec un appel à la « révolution » bâti sur un « programme en six points »
4) donner immédiatement le statut de dominion à l'Inde puis la laisser entièrement libre de prendre son indépendance la guerre achevée
5) créer un Conseil général de l'empire avec représentation des « gens de couleur »
6) s'allier avec la Chine, l’Éthiopie et tous les pays frappés par les fascistes

(Addendum : Orwell a rallié le POUM marxiste mais précise, dans un autre livre, « Hommage à la Catalogne » : « Si je n’avais tenu compte que de mes préférences personnelles, j’eusse choisi de rejoindre les anarchistes. » Mais que les anarchistes ne crient pas victoire trop vite car Orwell critique, encore ailleurs, l'anarchisme comme une foi qui, en refusant le pouvoir et les saletés propres à la politique, renforce le goût du pouvoir par prétention à détenir la vérité.)

 
CAMARADES