31/03/2016

VIDEO : Wanderers (Carl Sagan)



CARL FUCKING SAGAN
| Text issu de The Pale Blue Dot | 

"For all its material advantages, the sedentary life has left us edgy, unfulfilled. Even after 400 generations in villages and cities, we haven’t forgotten. The open road still softly calls, like a nearly forgotten song of childhood. We invest far-off places with a certain romance. This appeal, I suspect, has been meticulously crafted by natural selection as an essential element in our survival. Long summers, mild winters, rich harvests, plentiful game—none of them lasts forever. It is beyond our powers to predict the future. Catastrophic events have a way of sneaking up on us, of catching us unaware. Your own life, or your band’s, or even your species’ might be owed to a restless few—drawn, by a craving they can hardly articulate or understand, to undiscovered lands and new worlds.

Herman Melville, in Moby Dick, spoke for wanderers in all epochs and meridians: “I am tormented with an everlasting itch for things remote. I love to sail forbidden seas…”

Maybe it’s a little early. Maybe the time is not quite yet. But those other worlds— promising untold opportunities—beckon.

Silently, they orbit the Sun, waiting"


UN SECOND POUR LA ROUTE

  

"The spacecraft was a long way from home.

I thought it would be a good idea, just after Saturn, to have them take one last glance homeward. From Saturn, the Earth would appear too small for Voyager to make out any detail. Our planet would be just a point of light, a lonely pixel hardly distinguishable from the other points of light Voyager would see: nearby planets, far off suns. But precisely because of the obscurity of our world thus revealed, such a picture might be worth having.

It had been well understood by the scientists and philosophers of classical antiquity that the Earth was a mere point in a vast, encompassing cosmos—but no one had ever seen it as such. Here was our first chance, and perhaps also our last for decades to come.

So, here they are: a mosaic of squares laid down on top of the planets in a background smattering of more distant stars. Because of the reflection of sunlight off the spacecraft, the Earth seems to be sitting in a beam of light, as if there were some special significance to this small world; but it's just an accident of geometry and optics. There is no sign of humans in this picture: not our reworking of the Earth's surface; not our machines; not ourselves. From this vantage point, our obsession with nationalisms is nowhere in evidence. We are too small. On the scale of worlds, humans are inconsequential: a thin film of life on an obscure and solitary lump of rock and metal.

Consider again that dot. That's here. That's home. That's us. On it, everyone you love, everyone you know, everyone you've ever heard of, every human being who ever was lived out their lives. The aggregate of all our joys and sufferings; thousands of confident religions, ideologies and economic doctrines; every hunter and forager; every hero and coward; every creator and destroyer of civilizations; every king and peasant, every young couple in love; every mother and father; hopeful child; inventor and explorer; every teacher of morals; every corrupt politician; every supreme leader; every superstar; every saint and sinner in the history of our species, lived there—on a mote of dust suspended in a sunbeam.

The Earth is a very small stage in a vast cosmic arena.

Think of the endless cruelties visited by the inhabitants of one corner of this pixel on the scarcely distinguishable inhabitants of some other corner. How frequent their misunderstandings; how eager they are to kill one another; how fervent their hatreds. Think of the rivers of blood spilled by all those generals and emperors so that in glory and triumph they could become the momentary masters of a fraction of a dot. Our posturings, our imagined self-importance, the delusion that we have some privileged position in the universe, are challenged by this point of pale light.

Our planet is a lonely speck in the great enveloping cosmic dark. In our obscurity—in all this vastness—there is no hint that help will come from elsewhere to save us from ourselves. Like it or not, for the moment, the Earth is where we make our stand.

It has been said that astronomy is a humbling and character-building experience. There is perhaps no better demonstration of the folly of human conceits than this distant image of our tiny world. It underscores our responsibility to deal more kindly with one another, and to preserve and cherish the only home we've ever known.

The pale blue dot."



30/03/2016

VIDEO : Jupiter impact

Exact time of impact: 00:18:45 UT. 11" SCT / ASI120mm camera / Ir-pass 742nm filter.


|in the Universe
|She's walking around with the stars,
|And flying around the sun
|She's got drops of jupiter in her hair,
|And the glow from the moon around her smile

29/03/2016

VIDEO : Letters to a young poet




Paris, le 17 février 1903. 

Cher Monsieur, 

Votre lettre vient à peine de me parvenir. Je tiens à vous en remercier pour sa précieuse et large confiance. Je ne peux guère plus. Je n’entrerai pas dans la manière de vos vers, toute préoccupation critique m’étant étrangère. D’ailleurs, pour saisir une oeuvre d’art, rien n’est pire que les mots de la critique. Ils n’aboutissent qu’à des malentendus plus ou moins heureux. Les choses ne sont pas toutes à prendre ou à dire, comme on voudrait nous le faire croire. Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les oeuvres d’art, ces êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe. 

Ceci dit, je ne puis qu’ajouter que vos vers ne témoignent pas d’une manière à vous. Ils n’en contiennent pas moins des germes de personnalité, mais timides et encore recouverts. Je l’ai senti surtout dans votre dernier poème : Mon âme. Là quelque chose de propre veut trouver issue et forme. Et tout au long du beau poème À Léopardi monte une sorte de parenté avec ce prince, ce solitaire. Néanmoins, vos poèmes n’ont pas d’existence propre, d’indépendance, pas même le dernier, pas même celui à Léopardi. Votre bonne lettre qui les accompagnait n’a pas manqué de m’expliquer mainte insuffisance, que j’avais sentie en vous lisant, sans toutefois qu’il me fût possible de lui donner un nom. 

Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez à moi. Vous l’avez déjà demandé à d’autres. Vous les envoyez aux revues. Vous les comparez à d’autres poèmes et vous vous alarmez quand certaines rédactions écartent vos essais poétiques. Désormais (puisque vous m’avez permis de vous conseiller), je vous prie de renoncer à tout cela. Votre regard est tourné vers le dehors ; c’est cela surtout que maintenant vous ne devez plus faire. Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d’une telle poussée. Alors, approchez de la nature. Essayez de dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour. Évitez d’abord ces thèmes trop courants : ce sont les plus difficiles. Là où des traditions sûres, parfois brillantes, se présentent en nombre, le poète ne peut livrer son propre moi qu’en pleine maturité de sa force. Fuyez les grand sujets pour ceux que votre quotidien vous offre. Dites vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous viennent, votre foi en une beauté. Dites tout cela avec une sincérité intime, tranquille et humble. Utilisez pour vous exprimer les choses qui vous entourent, les images de vos songes, les objets de vos souvenirs. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n’est pauvre, il n’est pas de lieux pauvres, indifférents. Même si vous étiez dans une prison, dont les murs étoufferaient tous les bruits du monde, ne vous resterait-il pas toujours votre enfance, cette précieuse, cette royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez là votre esprit. Tentez de remettre à flot de ce vaste passé les impressions coulées. Votre personnalité se fortifiera, votre solitude se peuplera et vous deviendra comme une demeure aux heures incertaines du jour, fermée aux bruits du dehors. Et si de ce retour en vous-même, de cette plongée dans votre propre monde, des vers vous viennent, alors vous ne songerez pas à demander si ces vers sont bons. Vous n’essaierez pas d’intéresser des revues à ces travaux, car vous en jouirez comme d’une possession naturelle, qui vous sera chère, comme l’un de vos modes de vie et d’expression. Une oeuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité. C’est la nature de son origine qui la juge. Aussi, cher Monsieur, n’ai-je pu vous donner d’autre conseil que celui-ci : entrez en vous-même, sondez les profondeurs où votre vie prend sa source. C’est là que vous trouverez la réponse à la question : devez-vous créer ? De cette réponse recueillez le son sans en forcer le sens. Il en sortira peut-être que l’Art vous appelle. Alors prenez ce destin, portez-le, avec son poids et sa grandeur, sans jamais exiger une récompense qui pourrait venir du dehors. Car le créateur doit être tout un univers pour lui-même, tout trouver en lui-même et dans cette part de la Nature à laquelle il s’est joint. 

Il se pourrait qu’après cette descente en vous-même, dans le « solitaire » de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète. (Il suffit, selon moi, de sentir que l’on pourrait vivre sans écrire pour qu’il soit interdit d’écrire.) Alors même, cette plongée que je vous demande n’aura pas été vaine. Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle. Que ces chemins vous soient bons, heureux et larges, je vous le souhaite plus que je ne saurais le dire. 

Que pourrais-je ajouter ? L’accent me semble mis sur tout ce qui importe. Au fond, je n’ai tenu qu’à vous conseiller de croître selon votre loi, gravement, sereinement. Vous ne pourriez plus violemment troubler votre évolution qu’en dirigeant votre regard au dehors, qu’en attendant du dehors des réponses que seul votre sentiment le plus intime, à l’heure la plus silencieuse, saura peut-être vous donner. 

J’ai eu plaisir à trouver dans votre lettre le nom du professeur Horacek. J’ai voué à cet aimable savant un grand respect et une reconnaissance qui durent déjà depuis des années. Voulez-vous le lui dire ? Il est bien bon de penser encore à moi et je lui en sais gré. 

Je vous rends les vers que vous m’aviez aimablement confiés, et vous dis encore merci pour la cordialité et l’ampleur de votre confiance. J’ai cherché dans cette réponse sincère, écrite du mieux que j’ai su, à en être un peu plus digne que ne l’est réellement cet homme que vous ne connaissez pas. 

Dévouement et sympathie. 

Rainer Maria Rilke. 


28/03/2016

VIDEO : Confessions d'un républicain (1964)



Rien à voir avec Donald Trump. Le jeune homme qui s'apprête à voter contre son camp, à voter démocrate aux élections présidentielles de 1964, vote avant tout contre Barry Goldwater, le candidat républicain considéré par certains comme le refondateur du mouvement conservateur aux États-Unis, celui qui personnifie le début de la prise de contrôle du Parti Républicain par son aile la plus conservatrice, début d'un cycle qui s'achèvera avec l'arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche en 1981.   

Le témoignage est bidon, le mec est un acteur, cela va de soi. Il est issu d'une "attack ad" contre Goldwater diffusée par le camp de Lindon Johnson, un format classique de la "politique" américaine. Same same, but different. Donald Trump ne sera jamais que le deuxième à faire le coup, à déborder son parti par la droite, de façon toujours plus spectaculaire comme l'exige la tradition américain autant que la loi des séries. Maintenant que cette vidéo est réapparue, je parie sur une suite avec Donald dans les semaines qui viennent.

Source : Mother Jones


"When the head of the KKK, when all these weird groups come out in favor for the candidate of my party, either they're not Republicans or I'm not." (1964)



A CEUX QUI FEIGNENT ENCORE LA SURPRISE

27/03/2016

Par où (re)commencer ?

"Comment demeurer communiste dans une époque de défaite, en s’évitant la honte d’un reniement qui mène immanquablement au camp satisfait des vainqueurs ? Comment ne pas renoncer à changer le monde, quand le projet communiste et la théorie marxiste ont été enrôlés et défigurés par une entreprise d’assujettissement bureaucratique, à l’exact opposé des idéaux émancipateurs initialement portés par le mouvement ouvrier révolutionnaire ?"




"Dans la brochure Stratégie et parti, écrite en 1986, Daniel Bensaïd se proposait de faire le bilan d’un siècle d’expériences révolutionnaires, dans une période marquée par un fort recul du mouvement ouvrier et où la perspective d’une  crise révolutionnaire semblait de plus en plus lointaine. Analysant les grandes oppositions qui ont structuré la pensée stratégique des mouvements socialiste et communiste depuis la révolution de 1848, il cernait au plus près les différents moments et contextes dans lesquels les révolutionnaires ont mis leurs hypothèses à l’épreuve de la réalité. À l’heure où l’on voit réapparaître à gauche des débats sur la démocratie (représentative ou directe ?), l’organisation (la forme parti est-elle dépassée ?) et la stratégie (faut-il construire une alternative  en marge de l’État ou bien travailler à conquérir le pouvoir politique ?)." 

Pour la re parution de cet ouvrage, Ugo Palheta et Julien Salingue ont rédigé un long texte introductif, dont Contre Temps a publié un extrait et qui revient sur la place de la stratégie dans la pensée de Bensaïd, ainsi qu’une postface dans laquelle ils développent une analyse de la situation politique en France et esquissent des pistes pour la gauche radicale contemporaine.

Un texte à lire ici
et à télécharger .

Source : Contre Temps 

26/03/2016

Rent-boy

“Now I’m cleaning up and I’m moving on,
going straight and choosing life.
I’m looking forward to it already.
I’m gonna be just like you.
The job, the family,
the fucking big television.
The washing machine, the car,
the compact disc and electric tin opener,
good health, low cholesterol, dental insurance,
mortgage, starter home, leisure wear,
luggage, three piece suite, DIY,
game shows, junk food, children,
walks in the park, nine to five, good at golf,
washing the car, choice of sweaters,
family Christmas, indexed pension, tax exemption,
clearing gutters, getting by,
looking ahead,
the day you die.”

Mark “Rent-boy” Renton
Trainspotting - 1996


17/03/2016

LE MONDE OU RIEN (+com)

Je reproduis ici un tract reçu chez Lundi Matin (des gens bien que je vous invite à suivre). Il est issue du Comité d'Action (quelque chose comme ca) et traite de la loi El Khomri/travail et du "mouvement social" qui s'y oppose. Pour l'appel à la manif du jour, je m'y prends un peu tard, mais ce texte reste un document intéressant. Je ne m'attarde pas sur le fait que j'adhère à la quasi totalité. 

En trois :

1. Il est similaire en bien des points à tant d'autres et s'inscrit à mes yeux dans une certaine continuité. J'éprouve toujours beaucoup de plaisir à voir ces idées et ce ton resurgir. Ce qui est fou c'est la présence de youtube, de pétition en ligne et d'un hashtag. Celui-ci appartient à une nouvelle génération, il est diffusé par ses nouveaux outils.

2. C'est une intuition. Et c'est cela qui est beau. A voir se lever sans cesse à travers l'histoire le même espoir, j'aime à croire que ses objectifs se précisent et avec eux sa réalisation.  

3. La jeunesse, perso je l'ai perdue. En tous cas j'ai cessé d'être simpliste et pour moi c'était ça être jeune, fonctionner à la certitude, voir les choses en noir et blanc et surtout ne pas voir le temps (avec beaucoup de plaisir d'ailleurs). Je suis sans doute tenu, ou alors j'ai forgé ma propre forme de vie à l'intérieur d'une carcasse en décomposition. J'y reste peut-être parce qu'à mesure que des lambeaux de peau glissent sur les côtes du grand cadavre, la lumière y pénètre enfin. Ou alors parce que sans être un putain de réformateur, il me semble que nous voulons un processus et non un évènement. Mais ce genre de communiqué n'est pas là pour ça. En attendant...

Give'em hell,

P.   


LE MONDE OU RIEN


Cours annulés, manifs sauvages, tags, casse, lacrymos, gouvernement en stress, fac en grève. Quelque chose est en train de naître. « Nous » sommes en train de naître. Nommer ce qui est en train de naître du nom de ce qui l’a précédé, c’est tenter de le tuer. Ramener ce que nous avons vécu dans la rue mercredi dernier, ce qui bouillonne depuis des semaines, ramener la rage qui gronde partout à l’ « ombre du CPE » et tous les laïus que nous avons entendus la semaine dernière, est une opération, une opération de neutralisation. Quel rapport y a-t-il entre le discours syndical et les potes lycéens qui taguaient mercredi dernier « le monde ou rien » avant de s’attaquer méthodiquement à des banques ? Aucun. Ou juste une misérable tentative de récupération menée par des zombies. Jamais les organisations syndicales, jamais les politiques n’ont été si visiblement à la traîne d’un mouvement. S’ils sont si fébriles dans leur volonté de tout encadrer, c’est justement parce que tout pourrait bien leur échapper. Ce qui s’est passé est simple : une bande de youtubeurs ont additionné leurs like, ils ont parlé hors de tout encadrement, de toute « représentativité », ils ont appelé à descendre dans la rue ; une femme qui ne représente qu’elle-même a lancé une pétition contre la loi travail ; et parce que ce qui était dit sonnait juste, rencontrait un sentiment diffus, un écoeurement général, nous sommes descendus dans la rue, et nous étions nombreux. Les organisations ont suivi. Le risque de ne pas suivre était trop grand pour elles. Si elles ne le faisaient pas, leur mandat était caduc. Ceux qu’elles prétendent représenter auraient pris la rue sans elles, sans qu’elles puissent placer devant eux leurs banderoles de tête, sans qu’elles puissent sortir leurs gros ballons rouges, sans qu’elles puissent recouvrir nos voix de leurs mauvaises sonos, de leurs slogans grossiers, de leurs discours d’enterrement. Elles auraient été à poil. Les chefs ont donc suivi ; comme toujours.


IL N’Y A PAS UNE LOI QUI POSE PROBLÈME, MAIS TOUTE UNE SOCIÉTÉ QUI EST AU BOUT DU ROULEAU.


Nous sommes la jeunesse. Mais la jeunesse n’est pas la jeunesse, elle est plus qu’elle-même. Dans toute société, la jeunesse est l’image de l’élément disponible. La jeunesse est le symbole de la disponibilité générale. Les jeunes, ce n’est rien. Ce sont seulement ceux qui ne sont pas encore tenus. Tenus par un patron, tenus par des crédits, tenus par un CV. Tenus, et donc enchaînés, du moins tant que la machine sociale continue de fonctionner. Les discours médiatiques sur la menace d’un « mouvement de la jeunesse » visent à conjurer la menace réelle, et la menace réelle, c’est que l’ensemble de ce qui est disponible dans cette société, l’ensemble de ceux qui n’en peuvent plus de la vie qu’on leur fait vivre, l’ensemble de ceux qui voient bien que ce n’est pas juste cette loi qui pose problème, mais toute cette société qui est au bout du rouleau, s’agrège. S’agrège et prenne en masse. Car elle est innombrable, de nos jours, la masse des incrédules. Le mensonge social, la farce politique ne prennent plus. C’est cela, le gros problème qu’a ce gouvernement. Et pas juste lui : qui peut bien être assez con pour encore vouloir voter à gauche, à gauche de la gauche, à gauche de la gauche de la gauche, quand on voit ce que cela a donné en Grèce l’été dernier ? Un gouvernement de gauche radical surtout dans l’application de l’austérité.


EH LES VIEUX ! VOUS N’AVEZ PAS ÉTÉ TRAHIS, VOUS VOUS ÊTES JUSTE LAISSÉS TROMPER.


Eh, les vieux ! Eh, nos vieux. Vous dites que vous vous sentez trahis. Que vous avez voté pour un parti de gauche, et que la politique menée ne correspond pas à vos attentes. Vous parlez de « reniement ». Mais vous étiez où en 1983 ? Les années 80, les années fric, Tapie au gouvernement, Libé qui titre « Vive la crise ! », ça ne vous dit rien ? Nous, on n’était pas là, mais entre-temps, vos défaites sont devenues nos cours d’histoire. Et quand on les écoute, ces cours, on se dit que Macron ne fait que terminer le boulot commencé en 1983. C’est le même programme depuis lors. Il n’a pas changé. Vous n’avez pas été trahis. Vous vous êtes juste laissés tromper. Vous avez préféré cultiver vos illusions. Ce ne sont pas les actes des socialistes qui ont trahi leurs discours. Ce sont juste ces discours qui ont servi, à chaque élection, à vous enfumer pour pouvoir continuer à mettre en œuvre le même programme, pour poursuivre la même offensive. Une offensive de 35 ans, menée avec constance, sur tous les plans en même temps – économique, sécuritaire, social, culturel, existentiel, etc.

CETTE LOI, ON N’EN DISCUTERA PAS.


Ce qui est en train de naître, a peu à voir avec la loi travail. La loi travail, c’est juste le point de renversement. L’attaque de trop. Trop arrogante, trop flag, trop humiliante. La loi renseignement, la loi Macron, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité, les lois antiterroristes, le projet de réforme pénale, la loi travail, tout cela fait système. C’est une seule entreprise de mise au pas de la population. La loi El Khomri, c’est juste la cerise sur le gâteau. C’est pour ça que ça réagit maintenant, et que ça n’a pas réagi sur la loi Macron. À la limite, si on descend dans la rue contre la loi travail, c’est pas parce qu’elle concerne le travail. C’est parce que la question du travail, c’est la question de l’emploi de la vie ; et que le travail, tel que nous le voyons autour de nous, c’est juste la négation de la vie, la vie en version merde. On n’est plus dans les années 1960, vos Trentes Glorieuses, remettez-vous en, on ne les a jamais connues. Personne d’entre nous ne croit qu’il va se « réaliser » dans le taf. Ce dont on se défend maintenant, c’est que le peu de vie qui nous est laissé après le taf, en dehors du taf, ne soit réduit à néant. Le petit jeu des organisations syndicales et des partis pour limiter le terrain du conflit à la question de la loi travail, à la négociation avec le gouvernement, c’est seulement une façon de contenir notre désir de vivre, d’enfermer tout ce qui les excède dans la sphère étouffante de leurs petites intrigues. Syndicats et partis, pas besoin d’être devin pour voir, d’ores et déjà, qu’ils nous lâcheront en rase campagne au moment décisif. On leur en veut pas. C’est leur fonction. Par contre, ne nous demandez pas de leur faire confiance. C’est pas parce qu’on est jeune qu’on est né de la dernière pluie. Et puis arrêtez de nous bassiner avec vos vieux trucs qui marchent pas : la « massification », la « convergence des luttes » qui n’existent pas, les tours de paroles et le pseudo-féminisme qui vous servent juste à contrôler les AG, à monopoliser la parole, à répéter toujours le même discours. Franchement, c’est trop gros. La question, c’est pas celle de la massification, c’est celle de la justesse et de la détermination. Chacun sait que ce qui fait reculer un gouvernement, ce n’est pas le nombre de gens dans la rue, mais leur détermination. La seule chose qui fasse reculer un gouvernement, c’est le spectre du soulèvement, la possibilité d’une perte de contrôle totale. Même si on ne voulait que le retrait de la loi travail, il faudrait quand même viser l’insurrection : taper fort, se donner les moyens de tenir en respect la police, bloquer le fonctionnement normal de cette société, attaquer des cibles qui font trembler le gouvernement. La question de la « violence » est une fausse question. Ce qui est décrit dans les médias comme « violence » est vécu dans la rue comme détermination, comme rage, comme sérieux et comme jeu. Nous, c’est ça qu’on a éprouvé mercredi dernier, et qui a quelques raisons de faire flipper les gouvernants : il y avait du courage parmi nous, la peur s’était dissipée, on était sûrs de nous. Sûrs de vouloir marcher sur la tête de ceux qui nous gouvernent. Sur la tête de ceux qui, toute l’année, nous marchent sur la gueule.


TAPER FORT ! TAPER JUSTE ! #BATAILLEDESOLFERINO


Contrairement à ce que nous disent les apprentis bureaucrates de l’UNEF ou du NPA, taper fort n’est pas ce qui va nous « isoler des masses », si les cibles sont justes. C’est au contraire cela qui va faire que tous ceux qui sont à bout vont nous rejoindre ; et ça fait du monde. La question que pose la loi travail, c’est la question de la politique menée par le PS depuis 35 ans, c’est de savoir si oui ou non ils vont pouvoir mener à terme leur campagne de plusieurs décennies. C’est aussi la question de la politique en général. Qu’un mouvement se lève à un an d’une campagne présidentielle, qui généralement impose le silence et l’attente à tous, en dit long sur la profonde indifférence, voire l’hostilité, qu’elle suscite déjà. Nous savons tous que les prochaines élections ne sont pas la solution, mais font partie du problème. Ce n’est pas par hasard que spontanément, mercredi dernier, les lycéens de Lyon ont cherché à atteindre le siège du PS, et se sont affrontés à la police pour frapper cet objectif. Et ce n’est pas par hasard que des sièges du PS à Paris et à Rouen a été défigurés. C’est cela que, de lui-même, le mouvement vise. Plutôt que de s’enferrer dans des négocations-piège à con, ce qu’il faut attaquer, partout en France, à partir de jeudi prochain, ce sont donc les sièges du PS. À Paris, il faut que ce soit la bataille de Solférino. Pour la suite, eh bien, on verra. Va falloir la jouer fine. Mais l’enjeu est colossal.


ILS RECULENT, ATTAQUONS !


Comité d’Action le 16 mars 2016

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03/03/2016

UNCLASSIFIED U.S. Department of State Case No. F-2014-20439

Parmi les derniers e-mails déclassifiés d’Hillary Clinton se trouvait une lettre datée du 13 septembre 2010, envoyée par l’ancien ambassadeur Joseph C. Wilson après un voyage diplomatique en Irak. Wilson est depuis le départ un critique de l’intervention américaine débutée en 2003. L'analyse qu'il fait de la situation sur place à son retour est poignante. 

Extraits.


"My trip to Baghdad (September 6-11) has left me slack jawed. I have struggled to find the correct historical analogy to describe a vibrant, historically important Middle Eastern city being slowly bled to death. Berlin and Dresden in World War II were devastated but they and their populations were not subjected to seven years of occupation that included ethnic cleansing, segregation of people by religious identity, and untold violence perpetrated upon them by both military and private security services. I have not been to Gaza but suspect that the dehumanizing effects are somewhat similar. … The occupation and especially the walling off of neighborhoods have destroyed the very fabric of the urban society."

"The soldiers I saw on the base are not infused with the commitment to help Iraqis help themselves. I scoured the PX for t-shirts for my kids to memorialize my trip but was hard put to find any that were not horribly bellicose or racist in nature. Shirts with mushroom clouds conveyed the Baghdad weather as 32,000 degrees and partly cloudy. Others referred to Arabs as camel jockeys and those were the least offensive. Were I the commander those shirts would not be on the shelves as they convey adolescent macho Pastor Terry Jones attitudes. The service people don’t see themselves there to bring peace, light, joy or even democracy to Iraq. They are there to kill the “camel jockeys.”"

Source : The Intercept
Document : U.S. Department of State

 
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