17/04/2011

VIDEO : Das Netz - Voyage en Cybernétique

Synopsis Wikipedia : « Das Netz » (La Toile ou Voyage en cybernétique ; The Net) est un film indépendant allemand réalisé par Lutz Dammbeck et sous-titré « Unabomber, le LSD et l’Internet ».

La fascination pour la vision positive d’une mise en réseau mondiale, à laquelle participeraient des citoyens du monde plutôt que des ressortissants de pays, est au centre du film de Lutz Dammbeck. Mais le réalisateur allemand la met en lumière à travers le prisme d’une vision négative. Dammbeck pratique le mélange des genres : entre road-movie réalisé sur la trame narrative d’un ordinateur portable et enquête criminelle. Il démontre comment cybernétique, théorie des systèmes, psychologie et programmes militaires engendrent des systèmes de machines en réseau, en passant en revue les arguments du « Freedom Club » (Club de la Liberté), clairement opposé à la technophilie ambiante.

Qui se cache derrière les attaques contre des scientifiques en informatique aux États-Unis entre 1978 et 1995 ? Pendant que Dammbeck rend visite à des membres de la cyber-élite, le technophobe Ted Kaczynski, ancien professeur de mathématiques à Harvard et auteur présumé des attentats, devient le protagoniste invisible, à travers un échange épistolaire suivi. Il n’apparaît jamais, mais est la mauvaise conscience de la société du progrès.

Les cyber-théoriciens comme Stuart Brand prônent la création de systèmes ouverts sur la base de la nouvelle science-clef : la cybernétique de Norbert Wiener. Malgré la tournure de toute évidence militaire des premiers réseaux, on n’est surpris qu’au premier regard par les liens avec la scène hippie californienne. Alors que pour eux le cerveau n’est plus qu’un organe de chair et que l’on étudie la transmission d’informations des machines et des êtres vivants, la drogue LSD fait le lien: elle est à la fois utilisée pour élargir le champ de la conscience, mais elle se trouve aussi au centre des recherches psychologiques qui portent sur la reprogrammation des individus. Dammbeck montre des clichés impressionnants d’essais au LSD réalisés sur des cobayes humains. Ces projets de recherche commandés par les services secrets ne dissimulent pas leurs objectifs. James Murray, commandant aux multiples décorations, parle de la « mission de l’Amérique », de l’objectif des États-Unis d’asseoir leur domination sur le monde après avoir mené à son terme la croisade du Bien contre le Mal.

Dans le film de Dammbeck, Kaczynski se pose alors en Antéchrist dans son « manifeste d’Unabomber » : il défend la « révolution contre le progrès technologique » et « contre la surveillance et le pilotage des consciences », car la technologie est selon lui opposée à la Nature. Aiguillonné par la crainte face à l’imprévisibilité des systèmes complexes, leur effondrement est son objectif affiché.

Le réalisateur ne prend jamais parti, mais Ted Kaczynski, aujourd’hui condamné à une peine de prison, accède de façon sous-jacente au statut de « Robin des Bois ». L’explication est peut-être à chercher dans la scène émouvante où Heinz von Foerster, précurseur de la cybernétique aujourd’hui disparu, reconnaît qu’il est devenu métaphysicien après avoir été physicien, en raison des nombreuses questions qui restent toujours en suspens.

Documentaire de Lutz Dammbeck (Allemagne, 2005, 121′)











 
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