Wertkritik Teaser #6567 "Sur le lien logique entre théorie de la crise et théorie de la révolution."
"Alors que chez Marx coexistent la référence positive au mouvement ouvrier réel et la critique radicale du fétichisme, ses épigones dans le mouvement ouvrier résolvent, de manière résolue et unilatérale, l’insoutenable antagonisme intérieur en faveur de la vision d’une révolution prolétarienne. Sans la moindre conscience des problèmes, ils ignorent les discours obscurs et incompréhensibles sur le fétichisme, se jetant plutôt avec ferveur sur l’option d’une classe ouvrière triomphante qui arrivera finalement au pouvoir politique. La formule magique de l’« autosuppression du prolétariat », dans laquelle Marx, avec quelques acrobaties théoriques, évoque l’action prolétarienne consciente tout en la liant à la critique radicale de l’existence ouvrière, cède dans le marxisme ultérieur du mouvement ouvrier à la simple affirmation d’un point du point de vue ouvrier compris dans un sens positif. La confiance absolue dans la vocation révolutionnaire de la classe ouvrière prend des traits ontologiques. Dans la conception que le mouvement ouvrier révolutionnaire avait de lui-même, le prolétariat ne représente plus le côté négatif de la société bourgeoise, mais se transfigure en une grandeur trans-bourgeoise et révolutionnaire positive, déjà « existant en soi ». Dans cette interprétation profondément enracinée, le caractère révolutionnaire devient le trait essentiel de la classe ouvrière. Tout écart par rapport à cette détermination fondamentale attribuée ne peut donc être classé que dans les catégories ‒ qui, du point de vue actuel, semblent même pathologiques ‒ de manque de conscience, de manipulation perfide et d’infâme corruption. »"
Par Ernst Lohoff (groupe Krisis)
LA FIN DU PROLÉTARIAT COMME DÉBUT DE LA RÉVOLUTION est à paraitre en mai 2022 aux Éditions Crise & Critique
Sources :
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