08/04/2019

Playlist #WEEK15/19 - 'Lukid'


Je retombe sur Lukid de temps à autre, le plus souvent quand je me trouve entre deux moments. "Please stand by." C'est une sorte de musique de chargement, avec des boucles plutôt courtes et parfois syncopées traversant des ambiances feutrées (A Smart Girl), assez chaleureuses (The Now) mais aussi mélancoliques (Laughin'). Ca sonne aussi comme les premiers pas de la lo-fi house (Spiller). Et puis il y a les deux derniers morceaux de cette playlist. C'est par là que j'ai découvert ce producer Londonien (Ninja Tune, Werkdiscs, Glum,).

C'était il y a huit ans, sur youtube déjà, et il y a une histoire. Hair Of The Dog et Chord ont bénéficié de petit montages vidéo à l'arrache, exaltant la résolution 320p / 4:3, et faisant office de clips. Le premier est un simple extrait d'un moyen métrage, Elephant (1989) réalisé par Alan Clarke et produit par Danny Boyle. C'est la mise en scène minimaliste, en plans séquences, de 18 assassinats ayant réellement eu lieu en Ireland du Nord. Vous pouvez en savoir plus ici ou le regarder . Ca vaut le coup d'oeil, ne serait-ce que pour la magie du steady cam. 

Pour Chord, on rentre dans une sous-culture de youtube qui lie le sample et le montage musical à une version vidéo. On est entre 2009 et 2011, ça glitch, ça saccade, c'est de l'art, ou une mine d'art pour être précis. Si vous voulez creuser c'est par ici, sur la chaine de Lukid lkbl, sur theuglymugly, sur jihacid et beaucoup d'autres. Mais j'ai sélectionné pour vous : Les débuts du vapor wave ILes débuts du vapor wave IILo-Fi HouseLa vidéo la plus relaxante que vous verrez cette semaineSupreme Cunnilingus (Actress)

Musique !

1. Lukid - Light Up (Onandon)
2. Lukid - The Now (Onandon)
3. Lukid - Wake Up (Onandon)
4. Lukid - Wonder Years (Onandon)
5. Lukid - A Smart Girl (Onandon)
6. Lukid - Laughin' (Foma)
7. Lukid - Spiller (Chord)
8.. Lukid - Laroche (Alone At The Top)
9. Lukid - Blind Spot (Boxing Club)
10. Lukid - Hair Of The Dog (Chord)
11. Lukid - Chord (Chord)

07/04/2019

La cosmocratie, nouvelle classe planétaire (Diplo-08/1997)


J'ai toujours un sentiment étrange quand je lis des "archives" et réalise que d'une certaine manière On sait très bien ce qui est en train de se produire. Les modalités de la chute sont loin d'être impénétrables. Le Monde Diplomatique vient de partager un article du genre daté du mois d'aout 1997. Il est signé Denis Duclos, Sociologue, directeur d’études au CNRS. Je me permets d'en copier coller l'introduction ici pour vous donner envie de lire la suite. 












Il se pourrait que l’image la plus précise de notre « modernité » nous renvoie à la chute de l’Empire romain. D’un côté, des armées de prolétaires désespérés, harcelés par des régiments de policiers. De l’autre, des fortunes géantes, dont les détenteurs se protégeaient dans des villas barricadées. Déjà, ces deux mondes-là ne se croisaient plus…
« Les empereurs du IVe siècle ne se demandèrent jamais à quoi servait de sauver l’Empire romain si c’était pour en faire une vaste prison pour des millions et des millions d’hommes (1). »
Comme si maîtriser autrui guérissait nos frustrations, aucun régime n’est indemne du goût d’opprimer, surtout quand rien ne s’y oppose plus. En cela, le libéralisme est-il loin des pouvoirs disparus qui tentèrent de saisir l’humanité dans leurs rêves ? Si rien n’est tenté pour amener un régime universel à composition, il se changera en tyrannie. Si rien n’est fait pour l’obliger à la civilité, il deviendra une machine à broyer, comme cela s’est toujours produit.

Une métamorphose du libéralisme en autoritarisme s’annonce depuis 1989. Un dispositif de contrainte et de hiérarchisation s’esquisse, analogue à celui d’anciens empires. Nous entrons dans un règne qui vise, comme jadis, à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des puissants, l’abaissement des citoyens libres et l’écrasement des indigents.

Lorsque le pouvoir semble acquis, trois tendances apparaissent : d’abord, les élites n’hésitent plus à peser sur ceux qui assurent leur richesse. Elles marquent la distance, et se retirent loin de leurs contemporains livrés à l’oppression. Enfin, elles sacrifient l’accumulation à la magie spéculative — qui, croient-elles, livrerait l’accès au paradis des valeurs virtuelles. Ainsi, au nom de la raison, réorientent-elles le grand bateau des sociétés vers le triple écueil de la souffrance, du narcissisme et de la folie.

Ces trois traits, déjà caractéristiques de l’Antiquité tardive, nous en trouvons aujourd’hui d’étranges résonances (2).

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(1) M. R., p. 393. (Les citations en exergue sont tirées des œuvres de deux grands historiens de l’Antiquité tardive : Michel Ivanovic Rostovtzeff, Histoire économique de l’Empire romain, Laffont, Paris, 1988 [indiqué M. R.], et Peter Brown, La Tiare et la Mitre, le monde de l’Antiquité tardive, Thames amp ; Hudson, Paris, 1995 [noté P. B.].)


(2) L'auteur remercie Hélène Y. Meynaud pour les conversations informées qui ont préparé cet article.

 
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